Loup
Les éleveurs ovins de Saône-et-Loire partent en Aveyron

Françoise Thomas
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Après les attaques récurrentes sur le département, la FDSEA, les JA, la chambre d’agriculture et l’OS Mouton charollais sont en réflexion sur la notion de Zone difficilement protégeable (ZDP). La ZDP permet aux éleveurs de la zone définie dans l’arrêté, et qui en font la demande, d’obtenir un tir de défense simple, un TDS, sans mettre en place les moyens de protection comme définis dans le Plan national loup, ni même sans être attaqués au préalable.

Les éleveurs ovins de Saône-et-Loire partent en Aveyron

L’Aveyron, premier département ovin de France, a réussi à obtenir cette dérogation. C’est pourquoi, une délégation d’éleveurs, dont certains prédatés plusieurs fois par le loup, est allée à la rencontre des acteurs à l’origine de cette démarche : la FDSEA/JA de l’Aveyron et le Cercle 12, afin d’étudier toutes les possibilités d’actions et pouvoir répondre à problématique du loup.

L’Aveyron : 1er département ovin de France

La région Occitanie est la première région ovine de France avec près de 6.000 exploitations professionnelles, pour un cheptel de 1.440.000 brebis. Elle présente la particularité de compter une filière allaitante et une filière laitière. Près de 1.500.000 agneaux sont commercialisés chaque année, issus pour moitié de chacune des filières.

Avec près de 21 % du cheptel national soit plus de 700.000 brebis nourrices, l’Occitanie est la première région de production ovine allaitante de France. Elle produit presque 30 % de la viande ovine française (troupeaux viande et lait confondus).

La production laitière est, quant à elle, largement concentrée dans la zone AOP Roquefort, en Aveyron, dans le Tarn et en Lozère. Ces trois départements détiennent 95 % des brebis laitières et produisent 96 % de la production totale de la région. Le département de l’Aveyron représente autour de 70 % de la production régionale laitière avec près de 1.400 exploitations et 630.000 brebis laitières.

Le loup en Aveyron : les éleveurs unifiés

Depuis le début des attaques, une solidarité entre éleveurs s’est mise en place pour défendre la même idée : l’impossibilité de protéger des troupeaux. Cette unité entre éleveurs s’est aussi retrouvée chez tous les syndicats (FDSEA/JA, CR, Confédération paysanne, etc.) et les associations non affiliées (Cercle 12). Cela a permis d’avoir du poids auprès des élus et de l’administration qui ont soutenu le projet de ZDP, et tout particulièrement le préfet.

En 2017-2018, un pic d’attaques est atteint. Le nombre de constats « loup non écarté » (LNE) a déjà triplé au 30 août 2017 par rapport au total de l’année 2016. Quant au nombre de victimes LNE, il est également en forte augmentation, avec 45 victimes LNE de plus qu’en 2016.

Les OPA ont alors lancé des études de vulnérabilité des troupeaux pour défendre cette notion de non protégeabilité. Sur l’exploitation de Nicolas Fabre, qui compte 520 hectares de SAU (dont 400 ha de parcours) pour 550 brebis laitières, l’étude a révélé qu’il faudrait débourser 117.000 € pour tout protéger. Ce calcul prend en compte le matériel et la main-d’œuvre pour la réalisation des clôtures.

Forte de ces résultats, la profession a trouvé le soutien du préfet, qui a réussi à mobiliser des financements pour une étude Inra/Montpellier SupAgro, répondant à la question : L’adoption des moyens de protection des troupeaux sur le territoire des Grands Causses permettrait-elle aux systèmes d’élevage ovins de rester viable face à l’arrivée du loup ?

Celle-ci a abouti aux mêmes conclusions. Si l’on veut protéger toute la zone du Larzac, il faudrait plus de 30 M€ pour 300 éleveurs (hors main-d’œuvre et coûts de fonctionnement). Cela revient à tripler le budget annuel actuellement dépensé par la collectivité publique.

Cette recherche en Aveyron montre que la mise en œuvre de la protection contre la prédation par les loups aurait des conséquences importantes dans les territoires où la densité d’élevage ovin est forte et où les enjeux zootechniques de production impliquent des durées longues de pâturage et nécessitent plusieurs lots d’animaux conduits simultanément dans des parcs de pâturage distincts.

La Saône-et-Loire : objectif zéro attaque !

Ce voyage d’étude permet d’ouvrir de nouvelles réflexions quant aux futures actions à entreprendre en Saône-et-Loire. L’objectif reste le même depuis le début : les éleveurs ne veulent pas d’attaques sur leurs troupeaux !

La FDSEA poursuit aussi son travail sur la révision du plan national Loup. Elle dénonce toujours les comptages de l’OFB qui sont sous-estimés par rapport à la réalité et lutte pour une juste indemnisation des pertes indirectes. De plus, le travail continue pour que le statut juridique des chiens de protection soit revu.

Enfin, la FDSEA a décidé d’investir dans l’achat de 10 pièges photos pour détecter la présence du loup plus rapidement à la suite d’une attaque. En effet, après les attaques dans le Clunisois, l’OFB a mis un mois avant de conclure ce que tout le monde savait déjà : le loup était revenu. Pour éviter ce temps d’attente interminable pour les éleveurs et pouvoir mettre en place les tirs de défense simple le plus rapidement possible, il est nécessaire de confirmer la présence du loup. La coordination terrain sera faite par les présidents de syndicats.

La section ovine de la FDSEA et les JA ont donc engagé tout un travail de réflexions et d’actions sur le court terme et le long terme, pour pouvoir résoudre ce problème récurrent, invivable pour les éleveurs ovins de Saône-et-Loire.