Plan France Relance
Sur le terrain de la biodiversité

Françoise Thomas
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Le plan France relance lancé en 2020 à la suite de la crise sanitaire a fléché plusieurs enveloppes budgétaires dans différents secteurs. En plus de l’industrie et du commerce, des actions en faveur de la biodiversité ont ainsi pu prétendre, à partir du printemps dernier, à un coup de pouce financier. Plusieurs mois après leur mise en place, il convient d’en connaître leur avancement. Jeudi 4 novembre, un point sur trois projets biodiversité a ainsi été réalisé par le sous-préfet de Louhans et par le secrétaire général pour les affaires régionales.

Sur le terrain de la biodiversité
Éric Pierrat de la préfecture régionale (le premier en partant de la droite) et Philippe Laborde, le sous-préfet de Louhans (à ses côtés) ont procédé à la visite de trois sites inclus dans les enveloppes du Plan France relance dans le cadre des actions en faveur de la biodiversité. Ici sur l’exploitation de Maxime Lacroix (au centre).

« Glasgow c’est ici ! » à l’heure des discussions de la Cop 26 autour de l’avenir de la biodiversité mondiale, ils sont nombreux à vouloir rappeler que ce sont les actions de terrain qui permettent d’agir concrètement pour la préservation de l’environnement. Sur ce bord de route, au nord de Tournus, Thierry Peyrton chargé de mission à la fédération de chasse 71 présente, avec les différents partenaires impliqués, le projet de mise en place de 3,7 km de haie sur cette exploitation céréalière située à cheval entre Boyer et Sennecey-le-Grand, au sous-préfet de Louhans Philippe Laborde et au secrétaire général pour les affaires régionales Éric Pierrat.

État d’avancement

Dans le cadre du plan France Relance, ce sont en tout 50 projets en Bourgogne Franche-Comté qui ont pu bénéficier d’un soutien financier de l’État pour un total de 5 millions d’euros.

Ce volet du plan national France Relance relatif à la préservation de la biodiversité est mis en œuvre sur le terrain par la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement, la Dreal, l’Office français de la biodiversité, l’OFB, et les agences de l’eau.

Sur la totalité des dossiers reçus, ceux qui ont retenu l’attention portaient tout autant « sur leur valeur ajoutée pour la biodiversité, le caractère durable des aménagements dans les aires protégées », que « sur la maturité des projets permettant leur engagement rapide », apprend-on du côté des services de l’état.

Plusieurs mois après le lancement de ces projets biodiversité, le sous-préfet et le secrétaire général pour les affaires régionales ont procédé jeudi 4 novembre à la visite de trois des sites concernés en Saône-et-Loire.

Milieux humides restaurés

Pour la première étape effectuée à l’étang Rimbaud et aux prés de Ménetreuil, le porteur de projet est le Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne (CEN Bourgogne). Le projet global porte sur « la restauration des prairies humides et le maintien des milieux ouverts en limitant la dynamique de la végétation ». Pour le site près de Ménetreuil, l’action consiste d’une part à pratiquer des opérations de broyage (avec export de la matière mais stockage sur un site dédié sur place pour limiter le risque de dissémination des plantes invasives présentes) puis entretien des prairies par fauche tardive via un partenariat signé avec un agriculteur local.

La délégation s’est ensuite rendue à la réserve naturelle nationale de la Truchère, laquelle va voir financer la restauration de ses ouvrages hydrauliques ainsi que la remise en état des équipements signalétiques et pédagogiques présents le long de l’étang Fouget. La Fondation du patrimoine va elle aussi participer financièrement à ces travaux, lesquels ne commenceront pas avant août prochain, hors période de nidification pour ce site accueillant de nombreuses espèces d’oiseaux.

Des haies utiles avant tout

Enfin, les deux représentants de l’État se sont donc rendus entre Sennecey-le-Grand et Boyer, sur l’exploitation de Maxime Lacroix pour son projet d’implantation de haies (voir encadré), intégré dans le programme "Plantons des haies". Cette fois, c’est l’agence Alterre qui est porteur de projet, et qui est secondée pour toute la partie conseil et accompagnement technique des agriculteurs, selon les projets, par la fédération départementale des chasseurs, la chambre d’agriculture 71, la communauté de communes du Clunisois ou la structure Desbrosse 71.

Il a été rappelé qu’il n’y a « rien de naturel » dans une haie, puisque les essences doivent y être choisies en fonction des bénéfices agroécologiques que l’on souhaite en retirer, et que son entretien régulier et sa coupe au bout d’un certain nombres d’années font partie de sa raison d’être. Pour autant, conscient des charges économiques et en temps de travail que cela implique, Thierry Peyrton de la fédération des chasseurs a souligné l’importance de faciliter au maximum la gestion mécanique de ces haies et de leur trouver un débouché économique permettant de limiter voire, annuler les charges. En effet, le coût d’entretien est estimé à 300 € par km chaque année, et les mètres linéaires se cumulent rapidement sur une exploitation agricole. « Les haies ne sont pas là pour faire joli ou pour simplement contribuer à la compensation carbone, il leur faut un objectif agronomique précis », a-t-il indiqué. Gestion des auxiliaires, production de bois déchiqueté, brise-vent, régulation thermique de la parcelle, etc., ont été cités en exemple.

La future Pac devrait notamment contribuer à la revalorisation des haies, en incitant à leur maintien, même si les montants des bonus accordés semblent pour certains encore peu attractifs au regard des "contraintes" liées à l’entretien de ces espaces.

Sans aide, pas de haies
La haie présente le long de cette route va être retravaillée et prolongée. En tout 3,7 nouveaux km de haie vont être implantés sur cette exploitation céréalière.

Sans aide, pas de haies

Installé depuis trois ans, Maxime Lacroix cultive 250 ha de céréales, colza, blé, orge, sorgho, soja, maïs, sur des parcelles louées à cheval sur Boyer et Sennecey-le-Grand. Pour les premières d’entre elles, la mise en place de haies vient d’une exigence des propriétaires, pour les autres parcelles, ces haies sont aussi devenues nécessaires pour contrer des problématiques d’érosion et d’insectes. Cependant le céréalier l’avoue, « sans ce plan de relance, impossible pour mois d’investir les 50.000 € nécessaires pour cette implantation ». Il faut dire que sur une exploitation comme la sienne, ce ne sont pas moins de 3,7 km de haies qui vont être implantés. Pour limiter les coûts et garantir un maximum de reprise des végétaux, « ce sont des plants jeunes et plantés un peu plus denses qui ont été privilégiés », précise Thierry Peyrton. Deux kilomètres vont être mis en place par des classes du lycée horticole de Tournus, à Maxime Lacroix la préparation du sol et l’arrosage. Les travaux vont débuter d’ici quelques semaines et seront répartis sur deux ans. Les espèces (une dizaine différente dont prunellier, érable, charmille, aubépine) vont être choisies en fonction des objectifs recherchés. « J’ai une problématique insecte, pucerons, cécidomyies, cicadelles, mais aussi limaces et petits rongeurs. Je vois bien la différence sur mes parcelles entre les cultures proches des haies et des bandes enherbées existantes et ce qui se passe au milieu de ces mêmes parcelles, hors d’atteinte pour les auxiliaires de culture ». Dans ce même objectif, il prévoit à terme la mise en place de bandes enherbées tous les 60 mètres environ.