Bourgogne du sud
Des résultats tout en contraste

Françoise Thomas
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L’assemblée générale de Bourgogne du Sud a pu se tenir vendredi 3 décembre à Chalon-sur-Saône. Une AG emmenée par Lionel Borey, le président de la coopérative et Bertrand Combemorel, le directeur adjoint. L’occasion de présenter des résultats, forcément impactés par le déroulement climatique de la campagne 2020-2021 mais surtout d’annoncer les perspectives aux coopérateurs avec le programme BDS2025.

Des résultats tout en contraste

Les activités d’une coopérative comme Bourgogne du Sud ont été marquées tous ces derniers mois à plusieurs niveaux. Au-delà de l’impact sanitaire de la crise Covid, les coopérateurs ont dû faire face à des aléas climatiques intenses entre sécheresse qui se ressent sur les résultats de la campagne abordée par l’AG, et gel de printemps pour les viticulteurs et inondations estivales pour les éleveurs et les céréaliers qui marqueront fatalement les résultats de l’exercice en cours. « Ces nuits et ces jours où tout bascule », a ainsi commenté Lionel Borey lors du rapport moral en évoquant ces événements. Et de rappeler que dès juillet dernier, devant les champs et prairies inondés, la coopérative s’est tout de suite « impliquée dans les démarches pour alerter les pouvoirs publics sur la nécessité de l’élaboration d’un plan de gestion de l’eau », avec le reste de la profession à ses côtés.

2020, première année de crise sanitaire, avait aussi été celle du départ de trois figures historiques et marquantes de la coopérative. À savoir son directeur général Michel Duvernois, son président Didier Laurency et Gilles Guillaume, son directeur des approvisionnements. Un véritable hommage avec applaudissements et remises de cadeau a enfin pu leur être fait "en présentiel" à l’occasion de cette AG.

Trois personnes qui auront largement contribué dans leurs actions passées à la mise en place du plan BDS2025, les perspectives d’avenir de la coopérative détaillées dans notre prochaine édition.

Des résultats qui marquent le pas

En attendant, les chiffres présentés lors de l’AG du 3 décembre faisaient référence à la période 1er juillet 2020-30 juin 2021. Les trois grands pôles d’activité de la coopérative, à savoir les grandes cultures, la viticulture et l’élevage, comptent respectivement 1.300 adhérents livreurs, autant de viticulteurs, et 900 adhérents éleveurs.

Le chiffre d’affaires, conclu en juin 2020 à un peu moins de 196 millions d’euros, affiche une diminution de 5,8 % par rapport à l’exercice précédent de 208 millions d’euros.

Le chiffre d’affaires approvisionnement, à plus de 88 millions d’euros, est lui stable et se répartit pour plus de la moitié dans les grandes cultures, un quart en viticulture (et emballage), le reste en élevage.

À noter une baisse importante, nouvelles contraintes réglementaires oblige, du chiffre d’affaires produit phytosanitaire : « il était de 24 millions d’euros en juin 2015, contre 16 millions d’euros aujourd’hui, rappelle Bertrand Combemorel. Vous avez réussi à faire baisser cette consommation de phyto, sans attendre les contraintes ». Un manque à gagner de toute façon compensé « par le dynamisme des autres familles à savoir les semences, les aliments, le matériel », précise notamment le directeur adjoint.

Le résultat de la campagne est de 2,264 millions d’euros contre 2,535 millions d’euros en 2019/2020, soit un recul de 1,2 %.

Du côté des ristournes accordées aux coopérateurs, plus de 1 million d’euros sera redistribué pour la partie approvisionnement, et plus de 300.000 pour la partie céréales. Ce qui fait 65 % du résultat distribué, 35 % conservé.

Les prix du marché pour compenser

Du côté de la récolte, la campagne 2020-2021 s’est conclue sur un tonnage de 411.500 tonnes, soit la plus basse depuis 2018 et à -24 % par rapport à l’année précédente… En cause la canicule et la sécheresse qui auront fortement impacté les cultures d’automne alors en plein développement. Les insectes auront, eux, joué les troubles fêtes sur les orges au printemps.

Dans le détail, les blés sont conformes au prévisionnel avec plus de 210.000 tonnes (légèrement au-dessus de la récolte précédente) et une qualité au rendez-vous entre des « PS exceptionnels, de bons taux de protéines et une qualité boulangère excellente », indique la coopérative. Les maïs, avec moins de 89.000 tonnes (soit 40.000 tonnes de moins qu’en 2019) paient les conditions climatiques.

Mais en parallèle, cette campagne au calendrier de moissons et récoltes très précoces s’est également caractérisée par des prix de marchés exponentiels, « ce qui a permis aux adhérents un atterrissage moins pénible que prévu », tempère Bertrand Combemorel. Ainsi pour le blé par exemple, les cotations Matif débutées à 180 €/tonnes en mars 2020 ont atteint plus de 240 €/tonne un an plus tard.

Le cours du maïs est lui passé de 170 €/t avant moisson à plus de 300 €/t « au moment de la soudure », situation amplifiée cette année par une récolte inversement tardive. Quant au colza, il est passé de 350 € à près de 600 € la tonne entre le début et la fin de la campagne !

Dans ce contexte, « la diversification et la complémentarité des filiales de la coopérative ont montré tout leur sens », a souligné Lionel Borey. Ainsi Hormanat (le réseau grand public GammVert) ou Extrusel (l’outil de trituration basé à Chalon) ont réalisé leur plus gros chiffre d’affaires sur cet exercice. De quoi continuer à poser les jalons pour BDS2025…