Acsel Conseil Élevage
Malgré la conjoncture, l’élevage local tient bon

Après une année compliquée sous le signe de la Covid-19, Acsel Conseil Élevage, Bovi-Coop et Ain Génétique Service se sont donné rendez-vous le 3 décembre à la salle des fêtes de Ceyzériat pour y organiser leur assemblée générale respective.

Malgré la conjoncture, l’élevage local tient bon

Après une année difficile conduisant à annuler les rencontres en présentiel en raison du Covid-19, ce rendez-vous était une véritable bouffée d’oxygène et l’occasion de revenir sur les grands maux qui atteignent l’activité d’élevage. Baisse du nombre d’actifs, mais aussi du cheptel bovin, hausse des charges, baisse des exportations dans une mondialisation bouleversée par la crise de Covid-19, variation rapide des cours, durcissement de la réglementation sur le bien-être animal et la prise en compte du réchauffement climatique dans le fonctionnement des exploitations… : le tableau et les prévisions d’avenir pour l’élevage sont a priori bien sombres. Le rapport d’activité respectif des trois coopératives dresse pourtant un bilan contraire. Malgré des difficultés conjoncturelles, parfois aussi structurelles, le secteur de l’élevage cherche à se réinventer, et certains veulent encore regarder l’avenir avec optimisme.
Ce rendez-vous était également l’occasion de rappeler le rôle primordial joué par l’agriculture de proximité en temps de crise et la nécessité pour les agriculteurs d’être rémunérés au juste prix. « Avec l’évolution des charges que nous subissons désormais, les difficultés de faire vivre l’élevage seront sans doute encore accentuées par le récent élargissement des zones vulnérables ! À l’aube de grandes échéances, tant au niveau national qu’européen, il faudra donc donner de réelles perspectives pour assurer la rentabilité de nos élevages », soulignait Michel Pivard, président d’Acsel Conseil Élevage en préambule. Et Régis Favier, son homologue à Bovi-Coop de renchérir : « La prise en compte des coûts de production dans la construction d’une valeur unitaire d’un produit agricole est indispensable », citant la loi ÉGAlim2. « Le redressement rapide des cours de la viande au cours des six derniers mois et de l’ensemble des denrées agricoles était primordial mais la hausse toute aussi rapide des coûts de production est venue gommer une progression des marges tant attendue », déplorait-il.

Margaux Legras-Maillet

Développer les connaissances et les synergies pour s’adapter

Spécialisée dans le conseil et la réalisation de contrôles de performance, la société a vu son AG marquée par un bilan contrasté et l’annonce du départ de son président Michel Pivard.

« L’évolution de la démographie des élevages laitiers constitue un enjeu majeur pour l’avenir. Même si au travers de nos différents territoires de l’Ain et de Saône-et-Loire, grâce notamment aux valorisations des produits AOP, le contexte économique laitier est un peu moins dégradé, et même si tout le monde n’est pas logé à la même enseigne, le maintien de prix réellement rémunérateurs est plus que nécessaire. » Michel Pivard, président d’Acsel, ne mâche pas ses mots lorsqu’il parle de la survie de l’élevage français. Avec des difficultés conjoncturelles qui s’ajoutent aux évolutions structurelles, c’est un bilan contrasté qu’affiche Acsel. La société a vu le nombre de ses élevages adhérents baisser, toutefois la quantité moyenne de lait produite est en hausse. Acsel a également réalisé moins de contrôles de performance sur élevages bovins (706 élevages, - 22 par rapport à l’année précédente pour 51.000 vaches contrôlées), mais plus en caprins (80 élevages, + 12 par rapport à l’année précédente pour 6.700 chèvres contrôlées). Côté conseil, plus d’élevages ont fait appel au conseil d’Acsel (+ 13) pour 10.800 heures contractualisées. De quoi conclure avec un exercice positif de près de 60.000 € pour la société et un chiffre d’affaires en baisse d’à peine 1 % malgré les difficultés conjoncturelles. L’année 2020-2021 s’est aussi soldée par l’échec de la mise en place d’une gouvernance partagée entre Loire Conseil Élevage et Acsel, une démarche engagée en 2019 qui a atteint ses limites après un an de collaboration renforcée. Et Michel Pivard, président d’Acsel, de préciser : « nous avons fait le constat que malgré des valeurs et des ambitions communes, même si des collaborations entre les deux Ecel restent actives, notamment au travers de personnels partagés, la mise en place du rapprochement des entreprises ne pouvait être envisagée plus profondément. »
En revanche, le fonctionnement régional au sein de la Fidocl (Fédération interdépartementale des entreprises de conseil élevage) annoncé a été conforté par le recrutement d’un chargé de projets et la création d’un organisme de formation.
D’autres réussites ont marqué l’année écoulée, entre autres la réalisation de tests bêche sur exploitation dans le but d’augmenter les connaissances sur fourrages et l’agronomie des sols et de les appliquer sur les prochains plans de fertilisation.

Le projet Symbiose à venir

Acsel Conseil Élevage est également engagé dans un autre projet, et pas des moindres ; nommé projet Symbiose, il a été initié par la fédération France conseil élevage (FCEL) et Allice, la fédération des entreprises de mise en place (EMP) dans le but de constituer une unique fédération. Un véritable challenge pour Michel Pivard, impliqué dans ce vaste chantier en tant qu’administrateur de FCEL : « Force est de constater aujourd’hui que tous les adhérents de notre fédération n’y trouvent pas le même intérêt, que les obstacles juridiques, fiscaux et autres ne manquent pas. »
Michel Pivard a finalement tiré le rideau de l’AG en annonçant officiellement quitter Acsel Conseil Élevage après 30 ans à sa tête. Il cède également son exploitation et ses fonctions d’élu à la Fidocl et FCEL. Son départ à la retraite se fera toutefois de manière progressive en conservant quelques responsabilités, notamment informatiques, au sein d’Okteo jusqu’à fin 2024. Les membres très mobilisés du bureau devraient prochainement nommer quelqu’un pour reprendre le flambeau.

M.L.M.

Michel Pivard tire sa révérence 

Après trente ans de bons et loyaux services à la tête d’Acsel Conseil élevage, Michel Pivard tire sa révérence et quittera son poste à la présidence d’ici la fin de l’année. Il est revenu sur ses meilleurs souvenirs, ceux qu’il partage avec les membres de son équipe, ses directeurs et administrateurs successifs. Des grandes mutations il en a connu, comme le passage au tout numérique, les défis face aux évolutions qui auguraient une baisse de l’activité de l’élevage mais il est toujours resté avant tout un fervent optimiste qui croit toujours et encore à l’avenir.
« Lorsque j’ai commencé mon parcours professionnel, on démarrait la restructuration de l’agriculture, dans les années 1980. C’était la fin de la période où la société était dans sa globalité rurale avec beaucoup d’agriculteurs, avec une baisse continue du nombre d’agriculteurs et d’actifs agricoles. Je pense que l’on n’est pas loin d’arriver à un seuil où il va falloir infléchir la courbe, au moins pour stabiliser le nombre d’agriculteurs. Pour deux raisons, d’une part, l’occupation de l’espace – on se rend compte que même là où aujourd’hui il y a des agriculteurs, il y a des difficultés pour la reprise d’exploitation – et d’autre part, pour la souveraineté alimentaire. Pour ces deux raisons, je pense qu’il y a un bel avenir pour l’agriculture. Moi, j’ai connu la fermeture de petites unités de transformation locales – Michel Pivard cite entre autres celui aux portes d’Oyonnax qui produisaient jusqu’à 15 Ml de lait par an, c’était il y a une génération à peine – et aujourd’hui, on remarque une inflexion du besoin à produire de manière industrielle, on recrée des petits ateliers de transformation, la fruitière à Comté d’Arvière-en-Valromey en est un bel exemple », concluait Michel Pivard.