Dans le cadre du Plan national dépérissement du vignoble (le PNDV), un nouveau cycle de webinaires est proposé. Jeudi 25 novembre, "les clés d’une taille durable" étaient l’objet de l’un de ces rendez-vous en ligne. Les intervenants, François Dal du Sicavac, l’organisme d’appui technique des vignobles du Centre-Loire, Adeline Mallet de la chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire, et Guillaume Paire de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire, ont procédé à un rappel des grands principes à respecter pour une taille non mutilante. Toute nécrose du bois étant une porte d’entrée pour les maladies du bois, ont-ils rappelé.
Plusieurs études menées ces dernières années soulignent « le rôle de la taille dans la prévention des maladies du bois », rapporte Adeline Mallet, conseillère viticole à la chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire.
En sachant qu’en parallèle, il est également avéré la corrélation entre taille de la vigne, stress climatique et rendement. D’où le triptyque à ne jamais oublier au moment des opérations de taille dans la vigne : « respecter l’équilibre de la taille, minimiser les nécroses, respecter le sens du flux de sève », détaille Guillaume Paire. L’idée est vraiment de préserver un maximum de bois vivant, donc de réserve d’amidon, pour permettre à la vigne de mieux faire face au stress hydrique. Toute taille mutilante entrainant un gaspillage de cette réserve d’amidon.
L’équilibre de la taille, consistera à respecter l’axe de la vigne, en tenant compte des flux de sèves, et d’éviter au maximum les phénomènes d’abandon. « Un flux de sève qui n’alimente plus de baguette va se nécroser et il n’y a pas de rémission possible », insiste Guillaume Paire.
Ni trop, ni trop peu
Sur cépage "résistant", la règle pour éliminer un rameau de deux ans et plus est de laisser un chicot de la taille du diamètre du bois coupé. « Sur cépage "sensible", on conservera un peu plus de longueur », a-t-il été précisé.
Un jeune rameau ou un gourmand seront quant à eux coupés sur la couronne « ni trop court sous l’empattement car cela crée une nécrose, ni trop longue pour éviter que des bourgeons repartent ».
Dans le cadre d’un renouvellement de cep, le cône de dessiccation devra cette fois être équivalent au double du diamètre de la coupe.
Dans le bon sens
Ensuite, il convient de toujours respecter le flux de sève, en se rappelant que celui-ci est toujours à l’extérieur, sous le dessous du rameau, « il faut donc aligner les plaies de taille sur le dessus du cep », a rappelé Adeline Mallet. Ainsi, ne pas toujours se fier à l’aspect plus régulier et plus droit d’un rameau et privilégier ceux en extérieur.
On choisira donc les coursons à conserver en fonction du flux de sève ; de même que l’on coupera en fonction des yeux présents : « on regarde les yeux pour anticiper la taille de l’année suivante ». Ainsi, il faut toujours tailler un œil au-dessus de celui que l’on veut voir démarrer comme futur courson « et on choisit ensuite le bois fructifère », insiste Adeline Mallet. « Cela change un peu le logiciel », souligne encore la conseillère viticole.
Parmi les autres règles rappelées : utiliser un sécateur parfaitement bien aiguisé, et veiller à ne pas surcharger les jeunes ceps pour « adapter la charge à la vigueur ».
Le PNDV, saison 2
Lancé en 2016, le Plan national dépérissement du vignoble (PNDV) fédère tous les organismes et professionnels concernés par la vigne et le vin, depuis la production du plant jusqu’à la vente du vin. Après le bilan dressé de la première phase, le deuxième volet du PNDV vient d’être lancé en novembre, avec un focus plus précis sur le matériel végétal. Il s’agit ainsi de préserver un matériel végétal sain, proposant à la fois une réponse satisfaisante à l’évolution du climat, une résistance suffisante aux parasites et maladies tout en permettant de réduire le recours aux intrants. Le deuxième axe du PNDV2 est la recherche et le troisième et dernier objectif de ce PNDV2 tourne autour des notions de transfert, d’innovation et de formation.
En quatre ans, le PNDV a mobilisé plus de 14 millions d’euros en co-financement avec l’État et entraîné la mise en place de 36 réseaux de viticulteurs expérimentant des nouvelles techniques en vue de lutter contre le dépérissement. Échanges, formations, projets divers constituent la raison d’être de ce plan national.
En cette fin d’année et début 2022, se déroule le PNDV Tour, soit une quinzaine de rendez-vous programmés de Saumur à Bordeaux, d’Épernay à Narbonne, en passant par Mâcon, Beaune, Arbois et Chablis. Ces journées consistent en des ateliers participatifs et des démonstrations autour des questions de dépérissement, de problématiques de rendement et de longévité.
Les carnets du plan
L’ensemble des données et fiches pratiques sont regroupées dans Les carnets du plan, dont la deuxième édition vient de paraître en ce mois de novembre. Il peut être commandé ou consulté en ligne depuis le site dédié au PNDV : www.plan-deperissement-vigne.fr