Ferm’Inov
Ferm’Inov présente des outils pour optimiser la reproduction

Marc Labille
-

Les troisièmes rencontres Ferm’Inov de l’année étaient consacrées à la reproduction des bovins allaitants. Les responsables de la ferme expérimentale de Jalogny ont invité les partenaires de Ferm’Inov pour présenter les dernières innovations technologiques développées pour optimiser la reproduction.

Ferm’Inov présente des outils pour optimiser la reproduction
Les participants ont assisté à une démonstration de l’outil Eyebreed destiné aux éleveurs qui inséminent leurs vaches eux-mêmes.

Vigivel est un nouvel outil de détection et de suivi des vêlages proposé par Elexinn, une filiale des coopératives Connexyon (Cecna-Elva Novia), Gènes Diffusion, XR Repro. Vigivel permet à l’éleveur d’être informé « en temps réel, avant, pendant et après le vêlage », introduisait Agathe Decherf d’Elexinn.
L’outil fait appel à un petit capteur innovant qui s’attache sous la queue de la vache. Il relève en continu les mouvements de la queue et la température de l’animal pour calculer un index de vêlage compris entre 0 et 100. L’alerte sur le smartphone de l’éleveur est déclenchée dès que cet index dépasse 75, indiquait l’intervenante. Le système s’appuie sur un réseau local grâce à une petite box installée dans l’exploitation. L’installation se fait au moyen d’une application simple et intuitive, faisait valoir Agathe Decherf. Sur l’écran du smartphone, l’éleveur dispose du numéro d’identification de la vache en alerte, de sa température et de son index de vêlage. Une courbe visualise l’évolution de cet index dans le temps. Un premier pic déclencheur d’alerte correspond à l’annonce du vêlage. Une seconde alerte (déclenchée par une autre augmentation de l’index), correspond à la délivrance.


Les chaleurs n’ont plus de secret


MSD Santé animale présentait pour sa part une nouvelle génération de détecteur de chaleurs avec le SenseHub. Le dispositif repose au choix sur des boucles auriculaires ou des colliers, présentait Laurent Monin. Les deux ont la même efficacité et s’appuient sur la rumination et l’activité de l’animal. La technologie fait appel à un « accélère-relai pour mesurer les micro-mouvements. Grâce à un algorithme qui déclenche 150 questions par minute, on connaît tout de l’emploi du temps de la vache », faisait valoir l’intervenant. Le système repose sur une connexion Internet et fonctionne pour des vaches en bâtiment ou au pâturage, indique Laurent Monin. Il fait appel à une appli sur smartphone, tablette ou logiciel PC. Performant et très complet, l’outil permet de suivre la qualité des chaleurs et leur cyclicité. Cela permet de cibler le meilleur moment pour inséminer. SenseHub permet aussi de détecter les femelles en anoestrus, de mieux gérer les chaleurs irrégulières, de mieux détecter les chaleurs nocturnes ou discrètes… « Une alerte, une chaleur, une IA : le système est très précis ; pas de fausses alertes », conclut Laurent Monin.


L’insémination à la portée de tous


Cette rencontre Ferm’Inov a donné lieu à une démonstration de l’outil Eyebreed qui permet d’inséminer une femelle sans fouille rectale. Développé par Elexinn, cet outil répond à la montée en puissance de l’insémination artificielle (IA) par l’éleveur. La part des IA effectuées par l’éleveur est passée de 5 à 15 % en douze ans, indiquait Agathe Decherf. À la tête de 90 charolaises à Chenay-le-Châtel Bruno Sabot a fait ce choix. « Je voulais inséminer moi-même par goût », confie-t-il. L’éleveur s’est formé pour inséminer de manière conventionnelle, mais les résultats n’ont pas été à la hauteur des attentes. « Je n’y arrivais pas. Il faut beaucoup de formations pour un geste très technique et on n’insémine que trois mois dans l’année », confie Bruno. L’outil Eyebreed a été conçu pour répondre à cette difficulté. Bruno s’en sert depuis 2019 et il a même contribué à la mise au point de la version 2 de l’outil.


75 % de réussite en première IA


« L’Eyebreed sécurise le geste de l’insémination », résumait Agathe Decherf. Il se présente sous la forme d’un pistolet muni d’une caméra connectée. Cet outil permet le franchissement du col de l’utérus sans fouille rectale. Un système d’aspiration remplace cette dernière. La caméra permet de visualiser l’intérieur de la cavité vaginale sur un écran de smartphone. La prise en main de l’Eyebreed est simple et intuitive. Une demi-journée de formation suffit pour maîtriser la technique avec des résultats proches de ceux d’un inséminateur expérimenté. Ce que confirme Bruno Sabot qui a atteint 75 % de réussite en première IA dès la première année. Le coût de l’outil lui est revenu à environ 4.000 €, formation incluse, mais « je n’ai plus à payer de frais de mise en place des semences », précise-t-il. Les vaches de Bruno étant équipées de collier détecteur de chaleurs, il est en mesure d’ajuster au mieux le moment de l’insémination.
Pour clore ce tour d’horizon, Lauréna Jeannot du Herd-Book Charolais a présenté Ecow. Il s’agit d’un outil d’analyse des performances génétiques au service des éleveurs. Il permet, entre autres, le classement des carrières des vaches en production ; la comparaison aux cheptels des adhérents du HBC ; une synthèse des taureaux marquants ou encore une synthèse des lignées femelles. Enfin, Sébastien Reveret, d’Elva Novia a effectué un exposé sur la transplantation embryonnaire. Nous y reviendrons dans un prochain article.

Plus de photos sur Agri71.fr

 

Croissance, génétique et soins pour une reproduction réussie

Léa Lapostolle d’Alsoni Conseil Élevage a livré les éléments clés pour une vache fertile et productive. D’abord, il est indispensable d’assurer la bonne croissance des génisses. Plusieurs périodes sensibles sont à soigner : de 0 à 4 mois, au sevrage et à la préparation au vêlage (au moins un mois avant le vêlage). À tous les âges, la croissance doit être régulière avec des poids objectifs à atteindre. À 1 an, la génisse doit avoir 50 % de son poids adulte. À la mise à la reproduction, elle doit peser 77 % de son poids définitif. Des critères génétiques déterminent la reproduction. L’index croissance au sevrage d’une génisse donne une idée de son potentiel de croissance. Très impactantes sur les IVV (Intervalle vêlage vêlage), les conditions de naissances dépendent de la taille du veau à la naissance, ce qu’indique l’index IFNaiss ou facilité de naissance. L’index Avel prédit quant à lui l’aptitude au vêlage d’une génisse. Ces critères génétiques sont à prendre en compte au moment de réaliser les plans d’accouplements, recommande la technicienne. Il faut aussi en tenir compte au moment du tri des femelles : « il n’y a pas que la morphologie qui compte ! ». Et Léa Lapostolle d’ajouter, chiffres à l’appui, que « meilleurs sont les index des génisses (IFNaiss > 100), meilleurs seront les IVV » (plus proches de 365 jours). L’alimentation compte aussi pour beaucoup dans la réussite de la reproduction. Les femelles gestantes ont besoin de fibres, de sel et d’eau propre, rappelle Léa Lapostolle. L’alimentation des femelles dépend de leur stade physiologique, de leurs besoins et de leur capacité d’ingestion. Aussi est-il vivement recommandé d’alloter ces femelles selon leur stade : avant, après vêlage, primipares… La préparation au vêlage doit commencer un mois et demi avant, avec une ration un peu plus concentrée et une bonne couverture minérale. Il faut également être vigilant pour les transitions alimentaires et le sanitaire (parasitisme, immunité…), complétait la technicienne d’Alsoni.