FDSEA et JA de Saône-et-Loire
Une censure aux graves conséquences
FRSEA et JA de Bourgogne-Franche-Comté avaient prévenu toutes et tous les députés de la région. Les députés qui voteront en faveur de la censure du gouvernement Barnier recevront « la visite des agriculteurs pour avoir des explications sur leur position », avaient-ils annoncé dans un courrier daté du 4 décembre.
Les deux syndicats avaient prévenu qu’ils seraient « extrêmement vigilants envers les élus qui, par leur vote, empêcheraient la mise en œuvre de mesures urgentes pour le secteur agricole » prévues dans le budget 2025. S’adressant aux représentants de la Nation, ils espéraient compter « sur (leur) engagement pour défendre le secteur agricole » et « sur (leur) responsabilité pour ne pas ajouter de la crise à la crise ». La FNSEA avait, elle aussi, adressé un message appelant à la stabilité gouvernementale.
Néanmoins, la motion de censure déposée par LFI a été votée à la majorité, grâce aux votes des élus principalement issus des rangs des partis GDR, LFI-Nupes, PS, Liot, Écologistes, RN, UDR. Les chefs des autres partis – Attal, Philippe, Bayrou, Fesneau, Wauquiez – n’ayant guère défendu le premier Ministre, Michel Barnier et son gouvernement.
Une « catastrophe pour le monde agricole »
Réagissant à la censure du gouvernement Barnier le 4 décembre, Chambres d’agriculture France a estimé, le 5 décembre, qu’il s’agit d'« une véritable catastrophe pour le monde agricole et un revers significatif dans le processus d’examen des projets de loi de finances et de financement de la Sécurité sociale, pourtant cruciaux pour répondre aux besoins d’accompagnement des agriculteurs ». Et de citer les mesures inscrites dans les textes budgétaires (TO-DE, retraites, GNR…), et le retard que vont prendre les examens de plusieurs textes (lois d’orientation agricole, sur les « entraves », sur la « démocratie agricole »…). Peu avant la censure, le président de la Coopération agricole, Dominique Chargé, avait indiqué qu'« une censure serait le pire message à envoyer au monde agricole et aux coopératives ». Et d’appeler les députés à ne pas « sacrifier nos entreprises sur l’autel des ambitions politiques. Ce n’est pas ce qu’on attend des élus de la Nation ».
Loi spéciale et temporaire
Au lendemain du renversement du gouvernement Barnier, le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé, dans son allocution aux Français, qu’il nommera un nouveau Premier ministre « dans les prochains jours ». Il appelle le futur locataire de Matignon à nommer un gouvernement « resserré » et « d’intérêt général », dont la « priorité sera le budget ». À ce sujet, le chef de l’État a appelé à un travail en deux temps. D’abord, une « loi spéciale » et « temporaire » serait déposée mi-décembre au Parlement et qui « appliquera pour 2025 les choix de 2024 ». « Cette loi temporaire permettra, comme c’est prévu par notre Constitution, la continuité des services publics et de la vie du pays. Elle appliquera pour 2025 les choix de 2024 », a indiqué le président. Puis, « en début d’année, ce gouvernement préparera un nouveau budget », notamment « pour aider nos agriculteurs en difficulté, ils attendaient ce budget ».
Pas de contrôle en fermes
Pas suffisant pour la FNSEA qui a réagi en appelant au boycott des contrôles en fermes. « Pas d’État pour répondre à nos questions, pas d’État qui contrôle dans nos fermes ». Le président de la FNSEA a appelé au boycott des contrôles dans les fermes « tant que les promesses ne sont pas honorées ». « À compter de ce soir, aucun contrôleur ne pourra franchir le seuil de nos fermes tant que les promesses ne sont pas honorées », écrit Arnaud Rousseau, qui estime que, « en votant la censure, les députés ont accepté de sacrifier l’agriculture ». Car, « sans budget, ce sont les promesses qui nous ont été faites qui sont envolées : aides de crise, retraite, simplification », rappelle le syndicaliste.
Sans attendre, le 6 décembre, FDSEA et JA de Saône-et-Loire ont interpellé par courrier les députés censeurs de Saône-et-Loire pour leur demander « avec une certaine gravité, (à) vous rencontrer au plus vite afin de vous entendre sur votre vision des travaux parlementaires à engager ou poursuivre pour permettre de respecter les promesses faites aux agriculteurs », notamment aux trois députés ayant voté la motion de censure, Aurélien Dutremble (3e circonscription), Éric Michoux (4e) et Arnaud Sanvert (5e). De premiers rendez-vous sont d’ores et déjà fixés.