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Alain Mazille à Vérosvres

100 % pâturage tournant 

Désireux de faire progresser son exploitation dans sa valorisation de l’herbe, Alain Mazille a converti tout son troupeau au pâturage tournant. Au bout de quatre ans de pratique, la technique semble tout à fait accessible en termes d’organisation et les résultats sont ores et déjà prometteurs.
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Sur son exploitation de 95 hectares à Vérosvres, Alain Mazille en est à sa quatrième année de pâturage tournant. Tout a commencé en 2009 lorsqu’avec son USC de Saint-Bonnet-de-Joux, Alain faisait partie d’un groupe d’éleveurs désireux « de progresser dans la gestion de l’herbe. Le but, c’est d’optimiser quand ça pousse, de sorte à maximiser les stocks et éviter le gaspillage tout en diminuant la consommation d’engrais », résume l’éleveur. Animé par Eric Braconnier, le groupe a passé en revue tous les fondamentaux de la gestion de l’herbe, à commencer par la fertilisation. « Sur des terrains granitiques comme les miens, le chaulage est très important. Ca ne sert à rien de mettre de l’engrais si le PH est trop bas. J’ai pour habitude de mettre du carbonate de chaux sur mes prairies tous les trois ans, à la dose de 1,4 tonne par hectare. En faisant remonter le Ph, on améliore la vie bactérienne, l’efficacité des engrais, la matière organique et même la qualité de l’herbe avec davantage de légumineuses », détaille Alain.
Le fumier pailleux de ses 70 charolaises remplace de l’engrais. « Ce sont les fumiers décomposés qu’on apporte en automne qui font le plus d’effet », note l’éleveur.

Redécoupage en 3 à 5 sous-parcelles


Le pâturage tournant est venu comme une suite logique au travail entamé sur l’herbe. Le but était « d’obtenir une herbe de qualité quand çà pousse », commente Alain. Jusqu’alors, l’éleveur pratiquait un pâturage « alternatif » sur des ilots de deux parcelles. En deux ans de temps, la totalité des pâturages a été convertie au pâturage tournant. « Les lots et les ilots sont restés les mêmes, mais les parcelles ont été redécoupées de 3 à 5 sous-parcelles. En été, le nombre de sous parcelles pâturées monte à 7 avec l’adjonction d’une parcelle de fauche recoupée en deux », détaille Alain.
Le redécoupage des parcelles a été réalisé à l’aide de clôtures électriques. Alain a du s’équiper de trois électrificateurs solaires supplémentaires ainsi que de piquets et de fils. Un investissement conséquent. L’autre difficulté aura été l’aménagement de points d’eau supplémentaires. Une contrainte qui peut s’avérer limitante suivant la configuration de la parcelle.

Refaire du stock


Au pâturage, le cheptel se répartit en cinq lots principaux ; quatre lots de vaches à veaux et génisses de 30 mois plus un lot de génisses de 18 mois. « Quand il y a une pousse conséquente, j’essaie d’augmenter la surface à faucher pour faire du stock », confie Alain. Sur ses trois premières années de pâturage tournant, l’éleveur de Vérosvres n’a connu que des printemps tardifs. Mais en 2011, alors qu’il n’avait pu faire que très peu de foin du fait de la sécheresse printanière, Alain a pu refaire du stock en automne grâce au pâturage tournant.
Au printemps, l’éleveur surveille de prêt ses hauteurs d’herbe : « j’ai utilisé l’herbomètre la première année – le temps de m’habituer - et maintenant j’arrive à piloter à l’œil. Si je n’ai pas suffisamment de jours d’avance dans ma parcelle, alors je fertilise et si j’ai trop d’herbe, alors je retire une parcelle pour la fauche. Je le fais beaucoup plus précisément que je ne le faisais avant le pâturage tournant », confie Alain.

Moins de concentrés consommés


Le passage au pâturage tournant a des effets bénéfiques sur la consommation de concentrés des broutards. « On obtient les mêmes croissances avec moins d’aliment. Les broutards ont le concentré à disposition, mais ils préfèrent l’herbe et le lait de leurs mères », fait remarquer l’éleveur.
Le fait de gérer la totalité de son exploitation en pâturage tournant ne semble pas soulever de trop grosses contraintes en termes de travail. « C’est surtout à la mise en place que ça prend du temps. Mais une fois les clôtures et les points d’eau opérationnels, les bêtes prennent très vite l’habitude d’être changées de parcelle », indique Alain. L’exploitation a l’avantage d’être assez bien groupée et le fait qu’elle soit d’une taille raisonnable, rend sans doute les choses plus aisées. « Je préfère essayer de faire de la marge par vêlage et par hectare », conclut Alain Mazille.