EXCLU WEB : Ruralité : un enjeu pour 2022, les Bourguignons fiers de l'être !

Cédric MICHELIN
-

Le groupe TF1 a présenté dans ses locaux mi-décembre une enquête très fouillée sur les rapports que les Français entretiennent avec leurs régions. Par bien des aspects, ce vaste sondage vient corroborer les récents rapports parlementaires sur la ruralité, ainsi que la démarche entreprise par 36 organisations pour un « manifeste pour les ruralités vivantes ».

EXCLU WEB : Ruralité : un enjeu pour 2022, les Bourguignons fiers de l'être !

Les régions françaises sont très attractives, plus encore depuis la crise du Covid qui continue de vider les métropoles, notamment celles d’Île-de-France, au profit des villes et de village « à taille humaine », a affirmé Rémy Oudghiri sociologue et directeur général adjoint de Sociovision. Rien que dans la capitale, ce sont 6 000 écoliers qui manquent cette année à l’appel, soit une baisse inédite de 5 %, occasionnant la fermeture de plusieurs dizaines de classes !

 

Paysages et gastronomie

 

Bien plus qu’une affaire administrative, la région est d’abord un rapport affectif avec un sentiment d’attachement très élevé. Pas moins des ¾ des Français déclarent être attachés à la région dans laquelle ils vivent aujourd’hui, avec un réel sentiment de bien-être (87 %) et même de fierté (83 %). Ce sont d’ailleurs les Bretons qui cultivent le plus ce sentiment de fierté (97 %) devant la région Auvergne-Rhône-Alpes (90 %) et la Bourgogne-Franche-Comté (89 %). Une immense majorité des Français (88 %) tient aussi aux paysages qui caractérisent ces lieux. Les 5 fiertés des Français par rapport à leurs régions sont d’ailleurs ses paysages (44 %), sa gastronomie (35 %), sa qualité de vie (35 %), son patrimoine architectural (27 %)

Il n’est par conséquent pas étonnant que les Français plébiscitent des évènements conviviaux et festifs comme le marché de Strasbourg (52 %), la Grande braderie de Lille (32 %), le Salon international de l’agriculture (25 %) ou encore les fêtes de Bayonne (18 %). Pour Rémy Oudghiri, « la gastronomie joue un rôle clé dans la vitalité des traditions régionales ». Pas moins de 81 % des personnes interrogées [1] ont déclaré être attachées aux traditions et au patrimoine gastronomique de sa région mais aussi à leur culture viti-vinicole et au savoir-faire des vignerons (68 %).

 

Accès à la santé

 

Cependant, les régions françaises sont confrontées à de nombreux défis liés à leurs carences actuelles. Nombreux sont les Français interrogés à regretter la désindustrialisation du pays (34 %) et tout autant le sentiment d’abandon qu’ils nourrissent vis-à-vis de l’État au sujet de la disparition des services publics. En tête de la préoccupation des populations régionales et rurales : les déserts médicaux qui se multiplient et les déficits en termes de mobilité et de transport. Ainsi 35 % des sondés déclarent que l’accès aux médecins spécialistes est important mais pour eux difficile d’accès. Il en est de même pour l’accès aux médecins généralistes (22 %) aux crèches (16 %), avec, là encore de très nombreuses disparités selon les régions. L’accès à la santé (39 %), l’emploi et la formation (33 %), le prix de l’immobilier (32 %) et le réseau de transport en commun (31 %) font partie des quatre domaines dans lesquels la région devrait, selon eux, investir en priorité

 

Revitaliser les zones rurales

 

Malgré ces écueils, la grande majorité des personnes sondées (67 %) estiment que la vie en province procure une excellente qualité de vie. Seules l’Île-de-France (41 %), les Hauts-de-France (54 %) et le Centre-Val-de-Loire (59 %) sont en dessous de la moyenne nationale. S’ils donnent quitus à leur région de bien préserver la nature et les écosystèmes, ils sont aussi 75 % à estimer que l’urbanisation constitue une menace pour les paysages. Certes le dynamisme économique et culturel de la région Île-de-France et des grands centres urbains reste important à leurs yeux. Mais les sondés sont une immense majorité à vouloir vivre dans une ville à taille humaine (32 %), une petite ville (33 %) et même un village (29 %). Ils sont presque autant à vouloir habiter dans une grande ville (10 %) que dans un lieu isolé à la campagne (11 %). Les Français interrogés souhaiteraient également voir quelques ministères être délocalisés : en particulier celui de l’agriculture pour 66 % des personnes interrogées, celui de la Mer (64 %), de la cohésion des territoires (47 %) et celui de la Transition écologique (43 %). Les Français aiment en grande majorité leur région et ce sondage ne le dément pas. Cependant, les préoccupations qu’ils expriment rejoignent en grande partie celles exprimées par le collectif de près de 40 organisations emmenées par la FNSEA. Ce dernier a présenté le 7 décembre une plateforme de dix propositions demandant notamment de revitaliser le tissu industriel, agricole, libéral, commercial et artisanal des zones rurales (lire nos éditions précédentes).


[1] Le sondage a été réalisé du 8 au 22 novembre sur un échantillon de 3500 personnes représentatif de la population française âgée de 18 à 74 ans.