ÉLEVAGE
L’Espagne détient désormais le deuxième cheptel européen

Les effectifs de vaches allaitantes en Espagne ont progressé de près de 300 000 têtes en dix ans et les abattages de viande bovine de 24 %. Exportatrice nette, l’Espagne vend 35 % de sa production à l'étranger.

L’Espagne détient désormais le deuxième cheptel européen
L’Espagne détient le deuxième troupeau de bovins après la France. ©iStock

L'Espagne prend pour modèle sa filière porcine pour développer sa filière viande bovine : elle importe des jeunes bovins, des veaux et des fourrages qu’elle ne produit pas en quantités suffisantes pour élever toujours plus d’animaux. En cumul sur neuf mois de 2023, les exportations françaises de broutards vers l’Espagne ont crû de 22 % par rapport à l’an passé à 77 250 têtes, selon l’Idèle. Elles reposent en particulier sur une demande espagnole pour des animaux lourds (32 250 mâles de plus de 300 kg exportés, soit + 94 %/2022). En fait, l’Espagne s’inscrit à contre-courant de ses voisins européens. Ses effectifs atteignent 2,08 millions de têtes après avoir progressé de 300 000 têtes depuis dix ans alors que les cheptels des pays voisins déclinent. L’Espagne détient le deuxième troupeau après la France. Chaque année, le royaume ibérique élève aussi toujours plus de jeunes bovins viande. Depuis 2014, il est même devenu exportateur net de viande bovine. En effet, le nombre de jeunes bovins mâles élevés a plus que doublé pour atteindre 360 000 têtes. Mais comme le pays ne produit pas suffisamment de veaux et de broutards, il en importe massivement. La quasi-totalité des veaux laitiers (260 000 sur 268 000) achetés sont expédiés de France auxquels s’ajoutent environ 80 000 à 120 000 broutards nés en Espagne (leurs effectifs varient selon les années).

Exports de viande vers la France

Sur les 732 000 tonnes équivalent carcasse (tec) de viandes produites en 2022, 35 % sont dorénavant vendues à l'étranger en frais (180 000 tec) ou congelées (20 000 tec). Alors qu’en France, environ 23 % de la viande bovine consommée est achetée à l’étranger. 30 000 tec de viande environ sont importées chaque mois. La viande fraîche espagnole est expédiée majoritairement au Portugal (63 000 tec), en Italie (46 000 tec) et en France (19 000 tec). La viande congelée est livrée sur les cinq continents jusqu’en Indonésie. L’Espagne exporte aussi une grande partie de sa production bovine en vif. Mais ces deux dernières années, seules 135 000 bêtes ont été commercialisées versus 200 000 têtes en 2018. Le Liban et la Libye ont réduit leurs achats et l’Algérie a décidé de boycotter les importations d’Espagne. Toutefois, l’Espagne est parvenue à écouler ses invendus sur le marché européen.

Une certaine fragilité

Pour se développer, la filière espagnole de bovins viande a bénéficié d’aides couplées à la vache allaitante et au jeune bovin. Mais sa dépendance à l’égard des importations de jeunes animaux et d’aliments la rend économiquement très vulnérable. En 2022, les coûts de production ont augmenté de 30 %. Toutefois, la pénurie de viande en Union européenne a profité et profite toujours aux éleveurs ibériques puisque les cours des carcasses en vente ont aussi fortement progressé. Par ailleurs, les éleveurs espagnols ont revu la ration alimentaire de leurs animaux et la durée d’élevage de leurs jeunes bovins viande pour réduire leurs coûts de production. Ils n’ont pas hésité à vendre des animaux moins lourds pour préserver leurs marges. En effet, les derniers kilos produits sont les plus coûteux. L’élevage de bovins viande est ainsi redevenu rentable.

Actuagri