Légumineuses de printemps
Les bonnes pratiques pour utiliser des graines de fermes

Les intentions de semis des légumineuses de printemps sont en cours de préparation pour cette campagne 2022. Cependant, à la suite de la difficile récolte 2021, les disponibilités en semences certifiées sont souvent limitées, augmentant le recours à l’utilisation de graines de fermes. Mais avec les conditions humides de la récolte précédente, la viabilité des lots est inégale et elle doit être contrôlée afin d’éviter tout accident de densité ou de problème sanitaire.

Les bonnes pratiques pour utiliser des graines de fermes
Test de germination avec trois lots de 50 graines de pois. Photo L.Jung

Une première analyse visuelle des graines

L’humidité présente en fin de récolte 2021 peut avoir des conséquences sanitaires sur les grains : certains lots de semences peuvent être touchés par des maladies pouvant altérer la germination mais également favoriser des départs de foyers précoces. Il est possible de faire une première sélection visuelle car ces graines présentent souvent des taches, des nécroses, voire, des déformations pouvant aider à anticiper le risque. Si la majorité des grains est altérée par ces symptômes, leur utilisation peut être risquée et amener des complications par la suite.

Réaliser un test de germination

Avec ou sans défaut visuel, les graines de ferme doivent faire l’objet d’un test de germination afin de définir le taux de levée et ainsi adapter la densité de semis en conséquence. Ce test permet également de mettre en évidence toute attaque précoce de pathogènes telles que des fontes de semis.
Pour cela, prélevez un échantillon représentatif du lot de graines à tester. Semer les graines dans du sable ou du terreau, à une profondeur de 1 à 2 cm, par lot de 25 ou 50. Réalisez au minimum trois lots de semis. Humidifiez régulièrement le substrat, et stockez vos lots dans une pièce à température ambiante (autour de 20 °C). Au bout d’une à deux semaines, comptez les plantules normales.

Ajuster la densité de semis

La densité de semis devra alors prendre en compte les défauts de faculté germinative du lot, sachant que les préconisations de semis intègrent déjà les pertes à la levée avec un niveau moyen de faculté germinative de 90 % :

Graines à semer (par m²) = Densité de semis préconisée en graines/m²/ (faculté germinative calculée/90)

Exemple de calcul :
Pour une préconisation de 80 graines/m², avec un niveau de faculté germinative de 80 %, il faudra semer 90 graines/m². Graines à semer (par m²) = 80/(80/90) = 90 graines/m²

Il est également important de calculer sa dose de semis par hectare en tenant compte des PMG.
Dose en kg/ha = (nombre de graines/m² semées x PMG)/100


Bastien Remurier – Terres Inovia

Renouveler les stocks de graines par de la semence certifiée

Si le resemis des légumineuses se pratique encore couramment, il faut néanmoins veiller à ne pas resemer au-delà de deux générations. L’utilisation de semences certifiées permet de renouveler la génétique, notamment parmi certaines espèces telles que le pois de printemps qui présentent encore majoritairement d’anciennes génétiques en usage dans la plaine.
Selon l’enquête nationale réalisée en 2020 chez 659 producteurs de pois de printemps, la grande majorité des assolements est occupée par trois variétés anciennes : Bagoo (2016), Astronaute (2011), Kayanne (2007).
Ce renouvellement permet d’accéder à de meilleurs potentiels, mais également de sécuriser le taux de germination et de limiter le risque de contaminations de maladies via la semence (ascochytose, virose, mildiou, etc.).

Photos : Terres Inovia