Les volailles réalisent de meilleurs résultats que prévu

L’interprofession des volailles (Anvol – hors foie gras) a présenté le 9 mars, lors d’une visioconférence, le bilan de l’activité de la filière pour une année 2020 atypique. Cette dernière a malgré les crises, assez bien résisté. Mais 2021 pourrait s’annoncer plus morose. 

Les volailles réalisent de meilleurs résultats que prévu

Tous les feux ne sont pas au vert mais l’interprofession des volailles (Anvol) estime avoir bien limité la casse en 2020. Ce sont en effet 1,88 million de tonnes de volailles qui ont été consommées en France l’année dernière, soit peu ou prou la consommation de 2019 (1,9 million de tonnes). Ce qui place la France à la troisième place européenne, derrière le Royaume-Uni et l’Allemagne. Le poulet reste une valeur sûre puisqu’il représente 71 % des volailles consommées en France, devant la dinde (16 %), les canards (9 %) et les autres produits (cailles, pigeons…). Les ménages ont été friands de poulets et de dindes, les premiers voyant leurs achats bondir de +12,3 % et les seconds de 3,6 %. Même avec la restauration hors foyer, les chiffres restent positifs : +1,3 % pour les poulets et + 1,8 % pour les pintades. « Avec la restauration qui a fermé en 2020, on avait des craintes de perdre énormément de volumes », a expliqué Anne Richard, directrice d'Anvol. Ces bons chiffres masquent toutefois quelques disparités : très prisés par les ménages (+4,2 %), le canard a vu sa consommation chuter de 17 % « en raison du fort impact de la fermeture de restaurants pour cette filière », a expliqué Anvol. Les pintades subissent elles aussi le même sort avec un recul de 11,5 %.

« Pas mirobolant »

Mais ce qui inquiète le plus l’interprofession, c’est l’explosion des coûts de production avec la « flambée du prix des matières premières », a indiqué Gilles Huttepain, vice-président de la Fédération des industries avicoles (FIA), une flambée qu’il explique par quatre facteurs : la faiblesse du dollar par rapport à l’euro ; la demande croissante de la Chine ; une plus grande faiblesse de la production et une partie de la spéculation qui s’est mise sur ces marchés. En bout de chaîne, « il nous manque 9 % », a-t-il ajouté. Si en début d’année, la grande distribution a accepté une hausse de prix de 6 %, l’Anvol espère « obtenir les 3 % manquants au cours du printemps », a-t-il dit. Autre motif d’inquiétude pour l’Anvol : les conséquences de la crise aviaire. Certes, elle a moins touché les élevages de volailles (400 000 volailles abattues) que les canards gras (plus de 3 millions) mais les aides de l’Etat ne viennent pas compenser les pertes réelles de la filière (cf photo). Aujourd’hui, comme lors des crises de 2015 et 2017, « il manque 400 millions d’euros à la filière », a indiqué Anne Richard.  « C’est 25 à 30 centimes sur une barquette de 500 grammes de filets de poulet et 12 à 15 centimes sur celle de cuisse. Ce n’est pas mirobolant », a expliqué Jean-Michel Schaeffer, président d’Anvol.

Mercosur

Enfin, les aviculteurs restent très attentifs à l’évolution de l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur. « L’accord signé entre l’UE et le Mercosur va se traduire par l’importation supplémentaire de 180 000 t de poulet par an, équivalent à presque 1 million de poulets par jour », a précisé Paul Lopez, président de la FIA. L’Anvol ne comprend pas la stratégie de la Commission européenne qui souhaite, dans ce dossier, dissocier les aspects commerciaux et environnementaux afin d’activer les premiers et de repousser les seconds à plus tard. Jean-Michel Schaeffer l’a confirmé en guise de conclusion : « Pas question de segmenter ces accords. L’Etat doit arrêter les négociations sur le Mercosur »

Quel avenir pour les volailles festives ?

C’est la fierté de l’Anvol : La France est, certainement, le seul pays au monde à détenir une diversité de production aussi importante, avec des volailles de chair, des canards, des oies, de pigeons, des cailles, des pintades… Pour ces trois dernières productions, « la situation est très difficile », a affirmé Anne Richard, directrice de l’Anvol. Certaines filières comme celle des pintades risquent de disparaître « sans préservation des reproducteurs », a-t-elle expliqué. « La situation est aussi très difficile pour les filières cailles et pigeons », parce que « les éleveurs de ces filières sont toujours en attente de la mise en œuvre de l'aide de 3 millions d'euros promise par le gouvernement ».