Vins et spiritueux
Attention au décrochage des exportations

Principal poste excédentaire du commerce extérieur agroalimentaire français, le secteur des vins et spiritueux a enregistré un décrochage de 5,8 % de son solde exportateur en 2023. Un décrochage à relativiser, car le score de 2023 est le second meilleur résultat historique, mais les exportateurs soulignent « un point d’attention », dont l’évolution est maintenant sous surveillance. 

Attention au décrochage des exportations

Le secteur des vins et spiritueux, qui soutient le commerce extérieur agroalimentaire de la France, a marqué un fléchissement de 5,8 % en 2023, à 14,8 milliards d’euros (Md€), a indiqué la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS), le 13 février au Wine Paris - Vinexpo Paris. Sans ce secteur, la balance commerciale serait déficitaire de 8,1 Md€. Grâce aux vins et spiritueux, elle présente un solde positif de 6,7 Md€. Autant dire que le comportement à venir des vins et spiritueux est l’objet de toutes les attentions, non seulement de la filière viticole, mais aussi de toute la profession agricole et des décideurs politiques. Commentant les résultats de 2023, Gabriel Picard, président de la FEVS, a relevé au sujet du fléchissement du solde « un point d’attention, à surveiller ». Ce solde de 14,8 Md€ n’en est pas moins le second meilleur résultat historique, supérieur de 16,5 % à celui de 2019, année pré-covid qui sert de référence.

États-Unis : chute des ventes

En volume les exportations de 2023 ont marqué un recul de 10,4 % à 174,5 millions de caisses. Ce fléchissement s’explique par les tensions internationales persistantes et par l’inflation mondiale, qui conduit les ménages à restreindre leurs achats, selon Gabriel Picard. Les exportations vers le Japon, septième marché pour les vins et spiritueux français, ont fléchi de 4,4 %, à 683 millions d’euros (M€). Celles vers la Chine, troisième marché, ont régressé de 6,3 %, à près d’1,2 Md€. Et ce sont surtout celles qui sont destinées aux États-Unis, de loin le premier marché, qui ont plongé (de 22,1 %) et qui ont affecté le résultat de 2023. Quelles pistes pour 2024 ? Les exportateurs estiment que les exportations vers les États-Unis devraient rebondir cette année, parce que le relâchement de 2023 correspond à une politique de déstockage des distributeurs américains, après une reconstitution trop forte des stocks en 2022.

Relais de croissance 

Ils notent aussi l’essor de nouveaux marchés, comme la Malaisie (+20 % en 2023) et les Philippines (+74 %), même si ces marchés sont encore modestes (100 M€ pour les deux pays). La FEVS entrevoit des relais de croissance et y travaille. Alors que la montée des importations agricoles et agroalimentaires inquiète le monde agricole et contribue à alimenter la crise agricole, les exportateurs de vins et spiritueux souhaitent que des projets d’accords de libre-échange avec l’UE aboutissent notamment celui avec l’Inde. Il reste aussi des pays potentiellement importateurs de vin français (Malaisie, Thaïlande) mais qui achètent encore peu de vin français parce qu’ils imposent des taxes de 50 à 60 %. « L’exportation c’est vital pour notre avenir », a résumé Gabriel Picard. 

Les plus forts reflux des exportations de vins en valeur en 2023 ont touché des vignobles qui ne sont pas les plus importants en valeur. Ainsi, la Provence, qui représente 3 % de la valeur de l’exportation de vins, a vu ses exportations régresser de 6,8 %. La Vallée du Rhône, avec 4 %, a reflué de 10,7 %. Quant au Languedoc-Roussillon, avec 2 %, il a chuté de 13,7 %. Seul le vin de Loire, avec ses 3 %, a progressé de 6 %. Le bordeaux qui représente 20 % de l’export des vins a reflué de 5,6 %.