Filière volaille de Bresse
La volaille de Bresse en morceaux, c’est pour bientôt !

C’est officiel. Depuis le 15 mars dernier, la volaille de Bresse pourra désormais être commercialisée en morceaux. Explications.

La volaille de Bresse en morceaux, c’est pour bientôt !

Cela faisait plusieurs années que la filière volaille de Bresse réfléchissait à un nouveau mode de commercialisation pour répondre à la demande des consommateurs. Et bien c’est désormais chose faite, le CIVB (Comité interprofessionnel de la volaille de Bresse) vient d’obtenir le feu vert, après validation de la modification du cahier des charges par l’Inao (Institut national de l’origine et de la qualité). « Apporter des modifications dans la production d’un des piliers de la gastronomie française prend du temps. Mais la patience paye. À partir du 15 mars 2021, la volaille de Bresse peut être commercialisée entière, ou découpée », souligne-t-on au CIVB. Une commercialisation « en morceaux » encadrée et soumise à des règles strictes, à savoir : « Seuls les produits sous l’appellation « poulet de Bresse » pourront être vendus découpés. Les morceaux devront obligatoirement être vendus avec la peau, en frais ou en surgelé. Cinq présentations seront possibles : une volaille entière découpée, un suprême avec une cuisse, deux suprêmes avec deux cuisses, un demi-coffre avec une cuisse, et un coffre avec deux cuisses ». Enfin, la découpe des volailles devra obligatoirement être réalisée dans la zone d’appellation. Autre nouveauté d’importance : la poularde de Bresse non roulée pourra désormais être vendue prête à cuire. 

Les abattoirs planchent sur la question

Quant à savoir quand et où seront commercialisées les premières volailles en morceaux, il est encore trop tôt, ainsi que l’explique Cyril Degluaire, vice-président du CIVB : « Nous n’avons pas encore de réponse précise à apporter. Les abattoirs et les éleveurs abatteurs sont en train de travailler et sondent leurs clients. Nous créons un tout nouveau marché, tout est à construire. La chose importante est que les acteurs de la filière qui s’occuperont de la découpe doivent obligatoirement être sur la zone AOP ». Autre point d’importance : la traçabilité. « Nous travaillons à une nouvelle traçabilité, plus moderne. En plus de la bague pour nos volailles entières, une réflexion est en cours sur des QR code pour les morceaux. Nous sommes en train de peaufiner le règlement intérieur pour rassurer nos clients ». L’éleveur se réjouit également de la possibilité de vendre la poularde non roulée prête à cuire, « ce qui permettra notamment de développer et d’ouvrir de nouveaux marchés à l’export ». Interrogé sur ce nouveau mode de commercialisation de la volaille en morceaux, Alan Scour, directeur de France Select (40.000 volailles de Bresse commercialisées par an) et de la société Gavand & Prudent répond : « aujourd’hui la réflexion est en cours entre le CIVB et les abatteurs de volailles en direct. Entre expéditeurs, on préfère garder une traçabilité fiable et un équilibre matière. L’objectif premier sera de découper et de reconstituer les poulets en entier, avec la bague dans le package. Oui, on montera en volumes, mais pas à n’importe quel prix. Pour l’heure aucun prévisionnel n’a été arrêté. Il faut y aller avec prudence pour ne pas déstabiliser le marché actuel ». LDC à Louhans et sa filiale Mairet à Branges n'ont pas souhaité répondre à nos questions.

Patricia Flochon

Alimentation des volailles : feu vert pour les méteils

Autre modification majeure du cahier des charges : l’autorisation d’intégrer dans la ration des méteils, association culturale de céréales avec des légumineuses à graines. Et le CIVB d’expliquer : « pour faire simple, ce sont des plantes oubliées qui vont nourrir le sol naturellement et ainsi limiter les interventions chimiques, avoir une meilleure résistance aux maladies, et apporter de la biodiversité. Pour nos volailles de Bresse, le méteil, qui doit bien évidemment être cultivé dans la zone d’appellation, va apporter une diversité dans leur régime alimentaire ». Une autre source de satisfaction pour Cyril Degluaire qui souligne : « on est dans de l’agro-écologie, pour continuer à donner de la qualité à nos volailles. C’est aussi une céréale qui sera moins coûteuse et qui apporte de la protéine pendant les périodes de gel ou de canicule. C’est reprendre des pratiques d’alimentation qui se faisaient avant ». 

 

Les dates clés du dossier

2017 : validation en interne de la modification du cahier des charges par le CIVB ;
Juillet 2018 : dépôt de demande de modification du cahier des charges auprès de l’INAO ;
Novembre 2019 : parution au Journal officiel de la République française ;
23 février 2021 : parution au Journal officiel de l’Union européenne ;
15 mars 2021 : entrée en vigueur du nouveau cahier des charges.