Section départementale des anciens exploitants
Les retraités précarisés par l’inflation

Cédric MICHELIN
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La présidente de la section des anciens exploitants, Danièle Jaillet, a fait un point lors de la dernière assemblée générale de la FDSEA de Saône-et-Loire le 25 mars dernier. Si la fin de l’année 2021 a vu « enfin » la revalorisation des retraites agricoles pour les chefs d’exploitations à carrière complète, tout n’est pas pour autant gagné…

Les retraités précarisés par l’inflation

Danièle Jaillet remerciait les députés et parlementaires de Saône-et-Loire pour avoir voté la loi Chassaigne mais a presque immédiatement repris son bâton de pèlerin pour refixer rendez-vous avec eux !
La loi Chassaigne votée doit permettre d’obtenir 85 % du Smic soit 1.035 euros à fin 2021 ou 1.067 euros bruts au 25 mars. Un combat syndical qui aura nécessité pas moins de 17 années « d’acharnement ». Une « victoire » qui n’est pas « parfaite ». Si « chacun attendait ce montant sur son compte bancaire » à la suite des annonces gouvernementales, force est de constater « qu’il n’en fut rien pour la majorité des anciens exploitants. En effet, d’une part, cette revalorisation ne concerne que les petites retraites qui ne sont pas soumises à la CSG. D’autre part, il faut avoir liquidé toutes ses pensions et, souvent, l’addition de ces montants atteint le plafond des 85 % du Smic ». La SDAE a donc découvert que la revalorisation des retraites agricoles comptabilise tout… Dès lors, la SDAE relaie « le mécontentement des élus, maires de petites communes rurales, qui ont donné beaucoup de leur temps durant leurs mandats et qui voient leur retraite agricole figée à cause du cumul », soi-disant, regrettait Danièle Jaillet devant un parterre d’élus dont le président de l’Union des maires ruraux de Saône-et-Loire, Jean-François Farenc qui déplorait aussi cette nouvelle roublardise de Bercy.

Conjoints et aidants mieux reconnus

Confirmée fin 2021, la loi Chassaigne 2 a également engagé « un début de reconnaissance » du travail des conjoints et des aides familiaux pour un montant de 713 € par mois contre 555 € à carrière complète. La SDAE considère qu’il s’agit là « d’une première étape vers un minimum à 75 % du Smic », réclamé de longue date. Une juste revalorisation pour ces aides « qui ont contribué quotidiennement à la bonne marche de l’exploitation », insistait Danièle Jaillet. L’occasion de rappeler aussi que la FNSEA veut que le montant de la retraite agricole soit calculé sur les 25 meilleures années et pas sur la carrière complète « qui est trop pénalisante ».
Autant dire que le combat syndical continue et la SDAE n’arrêtera pas de sitôt d’aller prêcher la bonne parole auprès des parlementaires. « Il nous est insupportable que la majoration de 10 % par enfants ne soit toujours pas forfaitisée et rentre dans le calcul des retraites contrairement à d’autres régimes », plaide la SDAE qui veut également le rétablissement de la demi-part fiscale pour les veuves, veufs et invalides.

L’inflation des prix, la dernière peine

L’actualité de la guerre en Ukraine et de la reprise économique "post-Covid" a confirmé les craintes d’une inflation forte et prolongée. La SDAE s’inquiète et demande des mesures d’urgences pour les retraités agricoles, souvent encore en milieu rural, « qui subissent de plein fouet la hausse du coût de la vie » encore aggravée « par l’éloignement » des centres de première nécessité. Et de redire que la fermeture des commerces, services de proximité tels que les banques et distributeurs de billet, les bureaux de poste et tous les services de l’État, est souvent la dernière peine d’anciens exploitants agricoles qui « ont toujours des difficultés avec les outils numériques » malgré la mise en place des Maisons France Services.
Enfin, comment ne pas évoquer la dramatique situation de certains Ehpad. « Nous ne resterons pas inactifs si des mesures ne sont pas prises pour le bien-être de nos aînés », promettait Danièle Jaillet qui dénonçait par là même, « le reste à charge exorbitant » bien souvent. Autant dire que la loi Grand Âge ne devra plus être reportée comme elle l’a été en 2021. La SDAE y veillera.
Danièle Jaillet ne voulait toutefois pas finir sur du négatif et se réjouissait de voir une belle reprise des voyages de la section, avec une prochaine randonnée dans le Jura du 7 au 9 juin, la croisière sur la Seine du 5 au 9 juillet ou encore la découverte de la Côte Bleue du 27 septembre au 1er octobre. Les randonnées mensuelles reprennent aussi, la prochaine étant à Saint-Gengoux-le-National le 21 avril. Gageons que les retraités ont envie de croquer la vie à pleine dent et rattraper les deux années de Covid. Plus libres que jamais.