Les brèves du 11 avril 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 11 avril 2023

Les brèves du 11 avril 2023

Sécheresses : un rapport gouvernemental appelle à un « changement radical »

Dans un rapport commandé par le gouvernement et consulté par l’AFP, dont le journal Libération s’est fait l’écho le 8 avril, une mission interministérielle constate une « prise de conscience » qui « appelle un changement radical dans nos modes de gestion de l’eau et nos pratiques ». L’administration formule 18 recommandations destinées à mieux connaître l’étendue du problème, anticiper et informer. Les auteurs s’attaquent notamment à l’épineuse question de la sobriété, rappelant l’objectif d’une réduction de 10 % des prélèvements d’ici 2024 - un objectif désormais repoussé à 2030 par le président Emmanuel Macron lors de la présentation récente du Plan eau. « La mission recommande aux ministères en charge de chaque filière d’inviter les acteurs à élaborer des feuilles de route nationales d’économies d’eau ». Concernant l’agriculture, à l’origine de 58 % de la consommation nationale d’eau pour irriguer les cultures ou abreuver les bêtes, la mission estime que « la récurrence des sécheresses met en lumière la fragilité de notre modèle agricole et l’impérieuse nécessité d’un effort collectif massif pour en accélérer la transformation ». Un chantier « nécessite un peu plus de temps », celui d’un éventuel durcissement des sanctions « en cas de non-respect des arrêtés interdisant l’irrigation par exemple », dit M. Béchu, notant que ces arrêtés, l’été dernier, « n’ont pas toujours (été) suivis d’effets ou d’amendes » chez les contrevenants. Dans l’agriculture, « les acteurs ne prennent pas tous le chemin de la sobriété », a regretté le ministre.

« Bassines » : un reportage contredit la version officielle sur les violences à Sainte-Soline

Un reportage diffusé le 6 avril sur France 2 contredit la version des autorités sur les affrontements survenus le 25 mars à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), où les forces de l’ordre n’auraient fait que répliquer aux violences de certains manifestants. Dans le reportage réalisé pour l’émission Complément d’enquête, le colonel dirigeant les opérations autour de la retenue d’eau de Sainte-Soline, contestée par les manifestants, distingue clairement un cortège composé d’« ultras » et un autre « plutôt familial ». De premiers tirs de gaz lacrymogènes sont effectués pour disperser le cortège jugé le plus radical à 12h17. Une demi-heure plus tard, le cortège jugé pacifique arrive aux abords de la réserve d’eau. Le colonel ordonne à nouveau d’effectuer des « tirs de dispersion » sur l’autre cortège jugé plus violent mais les gendarmes se trompent de cible. Il est alors 12h48. Selon des journalistes de l’AFP présents sur les lieux, ces tirs sur le cortège pacifique ont déclenché les affrontements. Selon la chronologie officielle, les affrontements entre manifestants radicaux et forces de l’ordre n’ont commencé qu’à 13h15, avec « jets de cocktails Molotov et tirs de mortier d’artifice sur la gendarmerie », selon un rapport remis au ministère de l’Intérieur par le patron de la gendarmerie nationale, rapporte l’AFP.

Céréales ukrainiennes : la Russie menace de suspendre l’accord d’Istanbul

Trois semaines seulement après la reconduction de l’accord d’Istanbul relatif aux exportations de céréales ukrainiennes en mer Noire (conclu en juillet 2022 dans le contexte de la guerre en Ukraine), le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a menacé le 7 avril, à l’issue d’un entretien avec son homologue turc Mevlüt Cavusoglu à Ankara, de le suspendre « si aucun progrès n’est réalisé dans la levée des obstacles aux exportations d’engrais et de céréales russes ». En raison des sanctions occidentales qui empêchent la mise en œuvre formelle du second accord relatif à l’exportation des engrais russes, conclu également en juillet 2022, Moscou avait proposé de proroger l’accord pour 60 jours plutôt que la reconduction tacite initialement convenue de 120 jours. Alors que les États-Unis, l’UE et le Royaume-Uni rejettent depuis le début ces accusations, le ministre turc des Affaires étrangères a admis que « des problèmes persistaient malgré des mesures prises en termes de paiement et d’assurance. Certaines banques n’ayant pas le fait nécessaire ». Et d’ajouter qu’« il y avait encore des problèmes au niveau de la réexpédition de l’ammoniac et des engrais russes des pays occidentaux vers les pays africains ». Par ailleurs, la Russie a de nouveau accusé les pays riches, en particulier les Européens, d’accaparer les céréales qui quittent les ports ukrainiens au détriment des pays pauvres.

Importations ukrainiennes : les agriculteurs roumains dans les rues

Des milliers d’agriculteurs roumains ont manifesté le 7 avril dans tout le pays à l’appel de quatre organisations agricoles nationales (Pro Agro, LAPAR, UNCSV et APPR Forum) dénonçant la concurrence jugée déloyale des importations massives de produits agricoles ukrainiens (céréales mais aussi volaille ou œufs) qui devraient être exemptées de droits de douane jusqu’en juin 2024 et pèsent sur les prix locaux. Une situation qui a déjà conduit à la démission du ministre polonais de l’Agriculture. Venus pour beaucoup en tracteur, les manifestants roumains ont notamment protesté devant la représentation de la Commission européenne à Bucarest et le port de Constantza, principal site où arrivent les céréales importées d’Ukraine. « Nous avons respecté les règles de l’UE, mais l’UE n’a pas tenu compte de nos besoins », déplorent-ils. La Commission européenne vient de débloquer un paquet d’aide de 56,3 M€ de la réserve agricole pour soutenir les agriculteurs de Pologne, Bulgarie et Roumanie. Insuffisant, estiment les producteurs roumains. La Commission européenne prépare un nouveau paquet d’aides (d’un montant encore supérieur) qui devrait profiter à plus d’États membres et sera probablement soumis au vote des experts des États membres début mai.

Exportations de céréales : la fumigation menacée dans les ports français (presse)

Dans un article paru le 7 avril, le quotidien L’Opinion assure que les autorisations de mise sur le marché de la phosphine à des fins de fumigation insecticide des céréales arriveront à échéance le 25 avril prochain, sans qu’une solution n’ait été trouvée pour les renouveler. Ces fumigations seraient requises par le « cahier des charges de l’Algérie, premier client du blé français, ou de la Tunisie, au Maroc, en Afrique de l’Ouest », indique le journal. Le flou règne sur les conditions dans lesquelles cette décision a été prise. Lors d’une audition à l’Assemblée le 29 mars, Charlotte Grastilleur, directrice générale déléguée de l’Anses a affirmé que ce n’était pas l’agence qui avait « interdit la phosphine » pour cet usage, mais le dépositaire du dossier « qui ne souhaite pas déposer de dossier ». Alors que l’Anses aurait dans un premier temps « délivré des autorisations », le fabricant aurait lui-même indiqué une « non-conformité à la réglementation européenne », du fait de résidus persistants dont il souhaiterait étudier « l’effet toxicologique », explique Charlotte Grastilleur. Une version que « dément » le fabricant, selon l’Opinion. Pour lui, l’Anses aurait demandé dans un premier temps un « complément d’informations », avant finalement de requérir un « dossier complet pour une autorisation de mise sur le marché du produit », qui pourrait prendre « des mois, peut-être plus d’un an. »

Blé : le Sénégal met au point une variété locale

Des chercheurs agronomes sénégalais ont commencé à récolter une culture expérimentale de blé local, adapté aux conditions climatiques du pays, dernière étape d’un projet entamé il y a plusieurs années pour tenter de réduire la dépendance à l’égard des importations. Deuxième céréale la plus consommée après le riz, le blé est un élément important de l’alimentation dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, friand de pain. Mais le Sénégal, comme beaucoup de ses voisins, dépend entièrement de l’étranger : il importe 800.000 tonnes de céréales par an. Son climat tropical n’est en principe pas adapté à la culture du blé, mais des essais d’acclimatation sont en cours. Depuis la fin de la semaine dernière, des chercheurs de l’Institut sénégalais de recherche agricole (ISRA) récoltent quatre variétés de blé sur une parcelle expérimentale à Sangalkam, à 35 km de Dakar. Trois de ces variétés proviennent d’Égypte, une quatrième a été développée par l’Institut, qui a testé des centaines de variétés de blé, a expliqué à l’AFP Amadou Tidiane Sall, l’un des chercheurs de l’Institut. Le ministre de l’agriculture, Aly Ngouille Ndiaye, a visité la parcelle au début du mois. Il a indiqué qu’il avait demandé des semences égyptiennes lors d’une visite dans ce pays d’Afrique du Nord à l’occasion de la conférence des Nations unies sur le climat (COP27) en novembre.

Emballages plastiques des fruits et légumes : le décret en sursis jusqu’au 15 décembre

La Commission européenne a prolongé de neuf mois, jusqu’au 15 décembre, la période de « statu quo » concernant le nouveau projet de décret français sur les emballages plastiques des fruits et légumes et frais. Cela signifie que l’entrée en vigueur du texte, qui liste les fruits et légumes exemptés de l’interdiction d’être emballés dans du plastique, est suspendue au moins jusqu’à cette date. Pour rappel, le texte porté par le ministère de la Transition écologique vise à remplacer le décret annulé par le Conseil d’État le 9 décembre. Dans son argumentaire, la Commission justifie ce « blocage » par le fait que le projet de décret français, dont elle a été notifiée le 14 décembre, porte sur une thématique couverte par sa proposition de règlement européen sur les emballages et déchets d’emballages présentée le 30 novembre. Mais, même après le 15 décembre, la France pourrait être forcée de revoir sa copie. Dans son argumentaire, la Commission souligne qu’elle « tient à rappeler aux autorités françaises » qu’une fois le règlement européen adopté, « les États membres ne seront pas en mesure de maintenir ou d’introduire des règles nationales sur les questions couvertes » par ce dernier.

Porc, lait, kiwi, vin : le bilan agricole du voyage d’Emmanuel Macron en Chine

Dans une déclaration commune de la République française et de la République populaire de Chine parue le 7 avril à l’occasion de la visite d’Emmanuel Macron en Chine, les deux pays font plusieurs annonces allant dans le sens d’une ouverture du marché chinois aux produits agricoles et agroalimentaires français. Pour la filière porcine, un agrément a été délivré à 15 établissements français exportateurs. En 2014, la visite du président chinois Xi Jinping en France avait permis à 18 entreprises françaises de pouvoir exporter de la viande de porc et de poulet. En matière de produits laitiers, les deux pays annoncent l’ouverture du marché des « protéines laitières en alimentation animale ». Un accord a également été trouvé sur le baby-kiwi (ou kiwaï) ; alors que la Chine pouvait déjà les exporter vers l’UE, une interdiction frappait les kiwaïs français en Chine, indique l’AOPn Kiwi de France. Enfin en matière de vin, les deux parties promettent de plancher sur l’enregistrement des Indications géographiques (IG) des vins de Bourgogne, pour l’adhésion de la Chine à l’OIV (Organisation internationale de la vigne et du vin), ainsi que sur l’organisation par la Chine d’une conférence internationale sur la filière vitivinicole.

Négociations commerciales : un courrier de Bercy pour demander leur réouverture

Un peu plus d’un mois après la clôture des négociations commerciales annuelles le 1er mars, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire et la ministre déléguée au Commerce Olivia Grégoire ont adressé, le 5 avril, un courrier à des représentants d’industriels et à des distributeurs pour demander la réouverture des contrats commerciaux, rapporte le quotidien Les Échos. D’après nos confrères, qui ont pu consulter le courrier, la lettre demande « aux fournisseurs grands industriels et acteurs de la grande distribution de s’inscrire de façon volontaire […] dans une perspective de renégociation infra-annuelle des contrats, afin que les prix de cession soient revus à la baisse chaque fois que cela sera objectivement justifié ». Ce courrier aurait été adressé à l’Ania (industries alimentaires) et à des distributeurs dont Leclerc, Carrefour, Auchan et Intermarché. Toujours selon Les Échos, les distributeurs y seraient invités à faire part de leurs demandes de renégociations à leurs fournisseurs, et ces derniers « à les examiner avec la plus grande attention ». Bruno Le Maire a affirmé à plusieurs reprises sa volonté de rouvrir les négociations commerciales pour répercuter « la baisse des prix » sur les marchés de gros. Fin mars, lors d’une interview, il appelait les parties prenantes à renégocier « dès le mois de mai ».

Bio : les régions autorisées à prolonger les aides au maintien en 2024

Un courrier aurait été envoyé par le ministre de l’Agriculture aux régions le 7 avril pour les autoriser à mettre en œuvre l’aide au maintien à l’agriculture biologique en 2024, aux mêmes conditions qu’en 2023, rapporte la région Bretagne dans un communiqué. Dans ce communiqué, le président de région Loïg Chesnais-Girard souligne qu’il avait interpellé Marc Fesneau dans ce sens au Salon de l’agriculture. Grâce à l’ouverture validée par le gouvernement, la Bretagne accordera donc 5,5 M€ de fonds supplémentaires pour prolonger d’un an l’aide au maintien déjà accordée en 2023. « Cette aide est ainsi une première pierre au Plan Bio Breton qui est en cours de construction avec les acteurs de la bio, et qui sera présenté au second semestre 2023 », indique Loïg Chesnais-Girard. L’Occitanie, dont 20 % de la SAU est certifiée bio, avait également fait le choix de prolonger l’aide au maintien en 2023 à hauteur de 12 M€. L’entourage de Carole Delga précise en revanche que, pour l’heure, « la question de 2024 n’a pas encore été évoquée ». En novembre 2022, la Nouvelle-Aquitaine avait de même annoncé qu’elle conserverait des soutiens au maintien sur 2023, avec une « aide exceptionnelle » de 16 M€.

Bio : Naturalia confirme son repositionnement face à une activité ralentie

Avec une baisse de chiffre d’affaires de 8 % sur un an (à 355 M€) et la fermeture de 26 magasins (contre 23 ouvertures), l’enseigne Naturalia a dévoilé en conférence de presse le 6 avril les contours d’un nouveau positionnement déjà esquissé fin novembre 2022. « Les labels bio ne sont plus suffisants pour satisfaire complètement les consommateurs non avertis », tranche l’enseigne du groupe Monoprix dans son dossier de presse. Elle déplore aussi que les magasins bio souffrent « d’une image austère, d’un militantisme anxiogène ». Le réseau adoptera donc une nouvelle stratégie sous la signature « C’est bon de manger sain », en ouvrant 5 % de ses références alimentaires au conventionnel, avec des produits « sans pesticides » et « sans perturbateurs endocriniens ». En conférence de presse, le directeur de l’enseigne Allons Zeitoun s’est voulu rassurant : « Le label bio est une réponse indéniable à ce sujet santé et il aura toujours une place très forte chez nous. » L’huile de palme devrait également disparaître des rayons d’ici 2024, en même temps que les nitrites, avec un objectif de 80 % de charcuterie exemptes de l’additif controversé. Naturalia devrait enfin revoir l’agencement de ses magasins, avec plus de panneaux informationnels sur les qualités des produits, mais aussi du vrac au milieu de tous les rayons.

Phytos et eau : l’avis de l’Anses invite à préparer « la sortie » des pesticides (gouvernement)

Dans un message partagé avec la presse le 7 avril, les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique soulignent que le rapport de l’Anses sur les contaminations des eaux de consommation « invite les acteurs concernés à se préparer le plus tôt possible à la sortie de l’usage des pesticides ». Pour répondre à l’urgence, le ministère de la Santé « va mettre en place, sous la conduite des ARS, des mesures plus régulières, à partir de 2023, du chlorothalonil et de ses métabolites, en lien avec la montée en compétences des laboratoires agréés », promet le gouvernement. Et de rappeler que le Plan eau présenté par le président de la République comprend des mesures pour intensifier « les mesures de protection des zones de captage », avec une enveloppe de 80 M€ dédiée à l’agriculture biologique et aux paiements pour services environnementaux. « Les agriculteurs, les filières agricoles et tous les acteurs doivent se mobiliser pour réduire substantiellement l’utilisation des produits phytosanitaires », insistent les ministères, rappelant l’objectif de réduction de 50 % des usages réaffirmé à la Cop15 sur la biodiversité. Une cible proche de celle que prévoyait déjà la première mouture du plan Ecophyto, publié en 2009, pour l’horizon 2018.

Produits laitiers : Savencia acquiert Williner, acteur majeur en Argentine

Le groupe Savencia Fromage & Dairy vient d’acquérir la société Sucesores de Alfredo Williner, un acteur majeur des produits laitiers en Argentine, annonce un communiqué du 5 avril. L’entreprise Williner commercialise la marque Ilolay, « une grande marque locale de tradition laitière et familiale présente depuis des décennies dans la majorité des foyers argentins ». Fondée en 1928, elle fait partie des principaux collecteurs de lait d’Argentine et possède plusieurs sites industriels dans la province de Santa Fe, l’un des grands bassins laitiers du pays. « Cette acquisition vient renforcer la présence de Savencia Fromage & Dairy en Argentine. Le groupe y est implanté avec les marques patrimoniales et locales Milkaut, Santa Rosa et Adler », déclare Olivier Delaméa, directeur général de Savencia Fromage & Dairy. L’opération est soumise à l’approbation des autorités de la concurrence argentines « en application des règles locales », précise le communiqué.

Biochar/biohydrogène : Haffner et Carboonloop lancent deux sites de production

Dans un communiqué de presse du 4 avril, l’entreprise française spécialisée dans le bio-hydrogène Haffner Energy et la start-up Carbonloop, qui propose une solution de séquestration du CO2, ont officialisé la construction de deux stations de production d’hydrogène à partir de résidus de biomasse grâce à la technologie Hynoca (voir notre article). Cette dernière permet de produire du bio-hydrogène « en trois étapes », souligne le communiqué de presse. La thermolyse de la biomasse permet de produire un résidu solide, le biochar, et un gaz qui est ensuite « raffiné dans une unité de craquage à haute température puis enfin purifié dans une troisième unité pour ne retenir que l’hydrogène ». Selon le communiqué, chaque site permettra de produire chaque année 225 tonnes d’hydrogène, 1 100 tonnes de biochar et de séquestrer environ 2 400 tonnes de CO2 à partir de 7 000 tonnes de résidus de biomasse. La start-up Carbonloop commercialisera ensuite l’hydrogène vert à l’entreprise Hyliko, qui le distribuera dans son futur réseau de stations-service hydrogène pour poids lourds. Quant au biochar, il sera commercialisé auprès de la filière agricole « afin de contribuer à restaurer les sols dans un contexte croissant de stress hydrique et d’inflation du prix des engrais azotés », souligne le communiqué de presse.

Fibres végétales et animales : appel à manifestation d’intérêt de plusieurs régions

Les régions Grand Est, Hauts-de-France et Normandie ont lancé un appel à manifestation d’intérêt (AMI) commun, avec le soutien du cabinet de conseil Bioeconomy for change, à destination des acteurs des fibres naturelles à usages textiles et matériaux, qu’elles présenteront le 18 avril. Ouvert jusqu’au 16 juin 2023, l’AMI inclut notamment le lin, le chanvre, le miscanthus, l’ortie, la laine de mouton etc. « Un intérêt particulier sera porté aux matières produites et transformées en Grand Est, Hauts-de-France, ou Normandie », précise le document émis par les trois régions. L’objectif étant de « dynamiser la recherche, le développement et l’innovation dans les entreprises des territoires », de faire « émerger de nouveaux projets collaboratifs dans les trois régions », et de « développer de nouvelles filières autour des nouvelles sources de fibres ». Les projets seront sélectionnés en juillet 2023 par un jury technique et scientifique, puis orientés vers les dispositifs de financement adaptés à la nature des projets proposés, au niveau régional, national et européen, rapporte le règlement de l’AMI. Fin mars, les régions Normandie et Hauts-de-France ont par ailleurs annoncé songer à un fonds stratégique d’investissement pour le lin fibre. Tous deux ont exprimé la volonté d’associer à cette démarche la Bretagne et le Grand-Est, elles aussi engagées dans cette filière (fibre et textile).

Coopératives : Vivescia veut réduire d’un quart son empreinte carbone d’ici 2030

Le groupe coopératif céréalier Vivescia, implanté dans le nord-est de la France, vise une réduction de 25 % de son empreinte carbone d’ici 2030 sur l’ensemble de sa chaîne de valeur, des champs à l’assiette du consommateur (scope 3) en passant par l’industrie (scope 1 et 2), indique un communiqué du 5 avril. La coopérative a déjà réduit de 26 % ses émissions de gaz à effet de serre sur son maillon industriel entre 2015 et 2020. Elle veut désormais agir également sur l’amont agricole. « Pour que nos activités agricoles et industrielles continuent d’exister demain, nous devons nous adapter au changement climatique, déjà présent et dont nous subissons déjà les conséquences, en particulier pour les agriculteurs-coopérateurs Vivescia », explique la directrice RSE du groupe, Valérie Frapier. Afin de « mieux évaluer et quantifier les risques », la coopérative a initié à l’automne 2022 une étude pour faire des projections sur les conséquences du changement climatique sur les productions agricoles de ses territoires à l’horizon 2030. Cette étude, menée sur la base des scenarii du Giec, porte plus précisément sur les effets de l’évolution des températures, de la pluviométrie et du rayonnement sur une quinzaine de cultures. Les premières conclusions devraient être rendues avant l’été.

Déforestation : le front amazonien progresse malgré Lula et les promesses

La déforestation en Amazonie brésilienne a encore augmenté en mars, faisant des 100 premiers jours du gouvernement Lula l’un des pires premiers trimestres jamais enregistrés, selon des chiffres officiels publiés le 7 avril. Le dispositif de surveillance par satellite de l’Institut national de recherche spatiale (INPE) a détecté 356 kilomètres carrés de couverture forestière détruits en un mois dans la partie brésilienne de la plus grande forêt tropicale du monde. Soit une augmentation de 14 % par rapport à mars 2022, dernière année du gouvernement de Jair Bolsonaro (2019-2022) qui s’autoproclamait « Capitaine tronçonneuse ». Sur la période janvier à mars, la destruction de l’Amazonie brésilienne est la deuxième plus importante de l’histoire, avec 844 km2 détruits, juste derrière 2022 (941 km2). Les espoirs étaient nombreux après l’arrivée au pouvoir le 1er janvier de Luiz Inacio "Lula" da Silva de voir la courbe de déforestation de l’Amazonie s’inverser. Mais après des années d’impunité pour ceux qui détruisent la forêt, le problème est trop enraciné pour être résolu rapidement, selon les spécialistes. « Les données montrent qu’il existe un scénario complexe face à l’affaiblissement du contrôle dans la région et au discours pro-illégalité de ces dernières années », indique à l’AFP Mariana Napolitano, responsable de la conservation pour l’ONG WWF-Brésil.

Haies : deux agriculteurs condamnés à verser 20 000 € pour des arrachages

Deux agriculteurs, un père et son fils, ont été condamnés à verser 23 000 € à la commune des Chateliers dans les Deux-Sèvres pour avoir arraché un kilomètre de haie, dont une partie entourant un chemin communal, au sein d’un site inscrit. « Cela vaut toujours le coup de se battre surtout quand il s’agit de la préservation du vivant », a réagi le maire EELV de la commune, Nicolas Gamache, auprès de nos confrères du Courrier de l’Ouest. Le combat judiciaire a duré quatre ans et demi auprès du tribunal correctionnel de Niort. Après le lancement de la procédure en 2018, les deux exploitants avaient été condamnés une première fois en 2020 avec une remise de demande en état à laquelle ils ne s’étaient pas pliés, avant d’être à nouveau entendus en septembre 2021. Dans le délibéré consulté par nos confrères, le juge exige « de prévoir la remise en état du chemin par un nouveau bornage et des linéaires ainsi que la plantation de nouvelles haies bocagères de chaque côté du chemin ». Alors que les exploitants avaient retiré des haies entre plusieurs petites parcelles de prairie pour y semer du maïs, « la délimitation des parcelles nécessite également un bornage des parcelles concernées et la replantation des haies bocagères ». La commune a en revanche été déboutée de sa demande d’indemnisation de 17 689 €, au titre du préjudice moral non-respect des règles environnementales.