Les brèves du 7 avril 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 7 avril 2023

Les brèves du 7 avril 2023

Pesticides : 38 % des eaux de consommation non conformes, selon l’Anses

Selon un avis publié le 6 avril par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), 38 % des échantillons d’eaux de consommation en France ne sont pas conformes à la réglementation. Le cadre européen et sa déclinaison française, rappelle l’Anses, imposent une concentration maximale de 0,1 μg/L pour les pesticides « pertinents », susceptibles d’entraîner « un risque sanitaire inacceptable pour le consommateur ». Or, le métabolite (produit de dégradation) du chlorothalonil, fongicide interdit en 2020, a été retrouvé au-delà de ce seuil dans près de 102 échantillons (sur 300). Plus largement, près de 45 % des 300 échantillons présentent une concentration cumulée de métabolites « pertinents » dépassant la limite réglementaire de 0,5 μg/L. Les fréquences de non-conformités sont particulièrement élevées en Bretagne et dans les Hauts-de-France, avec respectivement 92 % et 76 % des échantillons dépassants les limites réglementaires. L’agence souligne que « les concentrations maximales mesurées sur cette campagne sont de l’ordre de 10 à 10 000 fois plus basses que les Vmax associées », c’est-à-dire les concentrations entraînant des effets sur la santé humaine. D’après les annexes jointes au rapport, le chlorothalonil fait cependant partie des molécules pour lesquelles aucune Vmax n’a été définie. Cette molécule ne faisait d’ailleurs pas partie des contrôles sanitaires effectués sur place par les gestionnaires.

Influenza aviaire : l’Anses propose trois scénarios de vaccination préventive

En vue d’une campagne de vaccination contre l’influenza aviaire à l’automne, l’Anses propose, dans un avis publié le 6 avril, trois scénarios pouvant servir de base à la stratégie vaccinale du ministère. Après avoir classé les élevages selon leur niveau de risque, l’agence sanitaire recommande d’activer ces scénarios « en fonction des moyens disponibles ». Dans son scénario 1, l’Anses donne la priorité aux reproducteurs (sélection et multiplication), toutes espèces confondues, afin de « préserver le potentiel génétique » et « la capacité à remettre en place des animaux » après l’épizootie. Le deuxième scénario y ajoute les palmipèdes gras (stade « prêts à gaver »), ainsi que les volailles en plein air les plus à risque (palmipèdes à rôtir, dindes, poulettes futures pondeuses). Le but ? « Limiter l’importance des épizooties. » Enfin, dans son dernier scénario, l’Anses élargit la vaccination aux autres volailles plein air (chair et ponte), ainsi qu’aux palmipèdes à rôtir et aux dindes élevés en claustration. Rappelant l’endémisation « fortement probable » de la maladie, les experts recommandent de vacciner « quelle que soit la zone géographique, avec une attention particulière en ZRD (zones denses, NDLR) et ZRP (zones humides, NDLR) ». Estimant que les volailles acquièrent une immunité en « trois à quatre semaines », l’Anses exclut la vaccination d’urgence et celle des « volailles de chair à durée de vie courte » (5 à 6 semaines pour un poulet standard).

Vaccin influenza : après l’avis de l’Anses, le ministère ajuste le calendrier

Alors que l’Anses a publié son avis sur la stratégie vaccinale le 6 avril, le ministère de l’Agriculture maintient, d’après un communiqué du même jour, son objectif d’une vaccination à l’automne, « dans le respect du calendrier prévisionnel fixé ». Après sa présentation en comité de pilotage du plan d’action sur la vaccination le 6 avril, le rapport de l’Anses « fera l’objet d’une évaluation technico-économique d’ici la fin du mois d’avril ». Les résultats de l’expérimentation sur les canards mulards sont également attendus « pour la mi-avril » (au lieu de fin mars initialement). Comme le précise la Rue de Varenne, « une phase de concertation s’ouvre avec la filière avicole, les vétérinaires et les collectivités ». Ces discussions devront aboutir « d’ici l’été » à « une stratégie vaccinale opérationnelle », que Marc Fesneau avait d’abord annoncée pour le mois de mai. Par ailleurs, le ministère indique qu’il « finance une pré-commande de 80 millions de doses de vaccins ». À titre de comparaison, d’après une étude commandée par les filières avicoles, ce volume permettrait une protection des palmipèdes et des dindes dans les zones denses (ZRD) du Sud-Ouest et des Pays de la Loire, quand il faudrait 1,3 milliard de doses pour protéger l’ensemble des volailles françaises.

Prime alimentaire, menus végés, nitrites : l’Assemblée rejette la PPL écologiste « Bien manger »

La proposition de loi « visant à mieux manger en soutenant les Français face à l’inflation et en favorisant l’accès à une alimentation saine » du groupe écologiste-Nupes a été rejetée par l’Assemblée nationale en séance publique le 6 avril. Sur 265 députés votants, 138 ont voté contre le texte, 121 ont voté pour et six se sont abstenus. Dans sa version initiale, la proposition de loi comportait trois articles : la création d’une prime alimentaire de 50 € par personne et par mois pour les plus modestes ; l’obligation de proposer deux repas végétariens par semaine ou une alternative végétarienne quotidienne dans les cantines scolaires ; et l’interdiction des additifs nitrés dans les charcuteries. Des mesures déjà toutes écartées lors de l’examen en commission des Affaires économiques. « Malgré la forte mobilisation des écologistes, le gouvernement, Renaissance, LR et le RN s’unissent contre une alimentation de qualité et accessible ! Aux riches l’alimentation de qualité, aux plus précaires les nitrites et la malbouffe », s’indignent les députés écologistes sur leur compte Twitter. La députée de la majorité et agricultrice bio Sandrine Le Feur regrette quant à elle le rejet de sa proposition d’instaurer un choix de menu végétarien lorsque l’établissement propose déjà un choix entre différents menus, exprimant « sa vive déception » dans un post sur LinkedIn.

Banque : les taux d’intérêt ont doublé en sept mois (Euribor)

Selon l’indicateur de référence Euribor 12 mois, les taux interbancaires ont atteint 3,628 % au 5 avril, alors qu’ils étaient encore de -0,086 % au 1er avril 2022, et de 1,778 % au 31 août. Ils ont ainsi gagné 3,5 points en un an, et doublé ces sept derniers mois. Pour le secteur agricole en particulier, il n’existe pas d’indicateur moyen des taux d’intérêt, rappelait à Agra Presse il y a quelques mois, Sébastien Prin, le directeur de la fédération du Crédit mutuel agricole et rural. Mais les taux Euribor servent de taux de base pour toutes sortes de crédits, notamment pour les professionnels du secteur agricole. Cette remontée brutale des taux, à des niveaux qui n’avaient plus été atteints depuis 2008, devrait peser sur les investissements des agriculteurs. En septembre, le Crédit Agricole restait optimiste pour 2022, tablant sur un maintien au-dessus des 8 milliards d’euros (Mrd€) de ses réalisations de prêts. Selon les données du Réseau d’information comptable agricole (Rica), ces investissements – soumis à des cycles pluriannuels – avaient continué de grimper sur l’année 2021, atteignant des niveaux équivalents à l’année 2012. Les bons résultats de la ferme France durant les années 2021 et 2022 soutiennent cette tendance.

Œufs : la consommation des Français « s’envole » début 2023 (CNPO)

Les achats d’œufs des ménages français se sont « envolés » en janvier et février 2023, avec une hausse de 5,9 % des ventes en magasins en un an, a indiqué le CNPO (interprofession) lors d’une conférence de presse le 6 avril. « Au moment où on voit les dépenses alimentaires se réduire, l’œuf progresse en volume et en valeur », se félicite son délégué général Maxime Chaumet, attribuant ce succès à son statut de « produit anti-crise ». Malgré l’inflation, « l’œuf reste la protéine animale la moins chère », affirme Yves-Marie Beaudet, éleveur dans les Côtes-d’Armor et président du CNPO. En grande distribution, un œuf est vendu en moyenne 28 ct€ début 2023 (+3 ct€ par rapport à 2022), avec une fourchette allant de 19 à 43 ct€ selon les modes de production. En 2022, les coûts de production ont connu une hausse « sans précédent » de 25 % en un an, tirés notamment par l’alimentation animale. S’y est ajoutée l’épizootie d’influenza aviaire, qui a provoqué un effondrement de la production (-8 % à 14,4 milliards d’œufs). Résultat : l’Hexagone, qui caracolait jusque-là en tête du podium européen, a partagé l’année dernière sa place de premier producteur avec l’Espagne et l’Allemagne.

Cerise : la FNSEA et les JA veulent étendre la clause phosmet aux cerises d’industrie

Dans un communiqué du 5 avril, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs d’Auvergne-Rhône-Alpes pressent le ministère de l’Agriculture d’étendre « sans délai » l’interdiction d’importation de cerises traitées au phosmet aux cerises destinées à la transformation. « Nous nous interrogeons sur l’absence de la cerise d’industrie dans l’arrêté pris par le ministère… Pourquoi les producteurs de cerises d’industrie devraient se retrouver en concurrence avec des producteurs ayant la possibilité d’utiliser le phosmet ? » interpellent les deux syndicats régionaux. Il y a quelques jours, dans un arrêté du 16 mars, la Rue de Varenne a suspendu « pour une durée d’un an » les introductions et importations de cerises « fraîches » issues de pays autorisant l’utilisation de la substance active phosmet pour traiter les cerisiers, une substance désormais interdite dans l’Union européenne. L’arrêté, qui exclut explicitement « les cerises qui proviennent d’une production biologique », ne mentionne pas les cerises produites pour l’industrie (cerises confites, cerises au sirop, confitures, compotes…). En 2022, la France a produit 7000 t de cerises pour l’industrie, soit 18 % de la production totale de cerise selon les données d’Agreste.

Climat : le Haut conseil breton veut croire aux nouvelles opportunités agricoles (presse)

Comme remarqué par nos confrères de L’Usine à GES et de Référence Agro, le Haut conseil breton pour le climat a publié début avril son premier bilan, après un an d’exercice. Cette vingtaine d’experts souligne dès le préambule que l’agriculture « est un sujet central, car elle représente 40 % des émissions de gaz à effet de serre régionales ». Le secteur, rappellent-ils, se voit par ailleurs très affecté par l’évolution des conditions locales, comme l’a montré la sécheresse de 2022 et ses conséquences sur le maraîchage, le maïs, ou la pousse des prairies. « Les conditions climatiques régionales offrent cependant de nouvelles opportunités de cultures annuelles », veut croire le Haut conseil régional, citant les patates douces, les cacahuètes, les pastèques ou encore les amandiers. Preuve de cette évolution possible des cultures : les surfaces en vigne se multiplient, et les conditions thermiques en 2022 « ont permis d’obtenir une bonne teneur en sucre » dans les raisins. Si aucun vin breton n’est pour l’heure commercialisé, la région accueillerait environ 300 ha de ceps au total.

Loi contre les incendies : les sénateurs resserrent les exemptions d’indemnités de défrichement

Les sénateurs ont adopté en première lecture le 4 avril la loi « visant à renforcer la prévention et la lutte contre l’intensification et l’extension du risque incendie », avec peu de modifications pour le monde agricole. Principale nouveauté : les sénateurs ont resserré les exemptions d’indemnités de défrichement pour les agriculteurs « sur les seuls cas où l’exploitant agricole met en application un contrat conclu avec l’État, et seulement dans un périmètre défini préalablement » par un plan forestier de lutte contre les incendies. « Il est ainsi garanti que cette dérogation ne sera pas utilisée "à la carte" par le monde agricole, mais avec mesure et en cohérence », justifient les sénateurs. Les dispositions accordant aux chambres de nouvelles missions d’« accompagnement dans la création et l’entretien d’ouvrages de défense des forêts contre les incendies » ont en revanche été conservées. En cas de risque incendie « très sévère », les préfets pourront également interdire « la réalisation de certains travaux agricoles lors des plages horaires les plus à risque ». Une restriction qui, précise le texte, s’accompagnerait « d’une indemnisation à hauteur des coûts nets induits ».

Sucre de canne : la campagne sucrière guadeloupéenne compromise malgré un accord sur le prix

Des planteurs de canne à sucre guadeloupéens de l’île de Nord Grande-Terre ont manifesté le 5 avril pour demander la renégociation des tarifs de la tonne de canne, malgré une convention signée entre acteurs de la filière, l’État et les collectivités majeures. « Nous souhaitons négocier à nouveau le tarif, car nous ne nous y retrouvons pas », a précisé à l’AFP Willem Monrose, un des porte-paroles des planteurs mobilisés devant l’usine de Gardel. « Le calcul du coût de revient de la production donne un tarif plus élevé que celui qui a été signé dans la convention 2023-2028 », ajoute Willem Monrose, arguant qu’on leur promet « 84,33 €/t », alors que leur calcul « montre plutôt un besoin de rémunération à hauteur de quelque 150 € ». La nouvelle convention canne, qui fixe le montant des aides publiques allouées aux industriels et planteurs ainsi que le prix de la canne achetée par les sucriers aux planteurs, a été signée le 1er avril. « Les soutiens directs de l’État et de l’Europe s’élèvent annuellement dans cette nouvelle convention à 55,6 M€, dont 27 M€ pour les planteurs et 28,6 M€ pour les industriels », a détaillé la préfecture de Guadeloupe dans un communiqué.

Outre-mer : l’objectif d’autosuffisance alimentaire est « atteignable » (Odeadom)

Auditionné le 6 avril par la délégation sénatoriale aux outre-mer, le directeur de l’Odeadom Jacques Andrieu a estimé que l’objectif d’autosuffisance alimentaire en 2030 n’est « pas inatteignable ». « Des marges de progrès existent » dans des secteurs comme les fruits et légumes ou l’élevage, selon lui. Cette projection s’appuie sur le constat d’une hausse de ces productions, en partie basées sur le hors-sol (viandes blanches, serres). « Tout le monde sait qu’on ne sera pas à l’autosuffisance alimentaire en outre-mer en 2030 », a nuancé le délégué interministériel Arnaud Martrenchar, rappelant que très peu de céréales y sont cultivées. « On a fait des estimations sur le nombre d’hectares supplémentaires qu’il faudrait aujourd’hui mettre en culture pour aller vers l’autosuffisance alimentaire » (hors céréales). Les surfaces nécessaires sont « de l’ordre de quelques centaines d’hectares », d’après lui. Un gisement existe dans les terres actuellement en friche, a-t-il indiqué. La SAU outre-mer est chiffrée à environ 130 000 ha, sur la base du recensement général agricole de 2020. Elle est en baisse. Une évolution « à suivre de près », a considéré Arnaud Martrenchar. Mais la situation actuelle n’est « pas rédhibitoire au regard de l’objectif d’autosuffisance alimentaire », selon lui.

Soja : un troisième plan « dollar soja » en Argentine pour augmenter les réserves en devises

Le troisième plan de l’Argentine visant à augmenter les réserves en devises de sa Banque centrale en stimulant ses exportations de soja entrera en vigueur le 8 avril, et sera effectif jusqu’au 24 mai, a indiqué une source gouvernementale à l’agence de presse Reuters. Lancés en 2022, ces plans « dollar soja » visent à augmenter les ventes de la légumineuse en offrant un taux de change supérieur au taux officiel de 210 pesos pour un dollar. Il n’a cependant pas été précisé à Reuters le taux de change attendu. À titre d’exemple, le taux était de 230 pesos pour un dollar dans le cadre du second plan de ce type lancé fin 2022. Alors que le gouvernement n’a pas encore publié ses estimations pour la campagne 2022-2023, la bourse céréalière de Buenos Aires prévoit une production de soja de 25 Mt, la plus faible en 23 ans, rapporte Reuters. Depuis le début de la récolte, 5,5 Mt de soja ont été vendues, là où 12 Mt s’étaient déjà écoulées à la même date lors de la campagne précédente, a précisé le ministère de l’Agriculture à Reuters. Le Parti justicialiste, actuellement au pouvoir, espère attirer 15 Mrd$ dans le pays. Cela permettrait de soulager l’économie en difficulté du pays, mais il est peu probable qu’elles compensent les dommages causés par la sécheresse historique, précise-t-il à Reuters.

Risques climatiques : Axa Climate renforce son service aux sociétés de gestion

L’assureur Axa Climate a lancé une nouvelle version de sa plateforme Altitude qui permet aux sociétés de gestion de connaître « automatiquement tous les risques liés au changement climatique et à la perte de biodiversité » de leur activité, annonce un communiqué le 5 avril. Cette deuxième mouture de la plateforme offre « une vue consolidée » des risques sur « les fonds » et « le portefeuille existant ou en pré-acquisition » des sociétés de capital-investissement (private equity). Le service se veut à la fois « une aide précieuse pour répondre aux exigences du régulateur et des investisseurs institutionnels » et « un outil de collaboration » qui permet aux entreprises d’adapter leur stratégie climatique. Depuis son inauguration en septembre, Altitude a analysé les risques de « 761 entreprises » et a été adopté notamment par les sociétés Naxicap et Raise, indique le communiqué.

Agence bio : Benoit Soury (Carrefour) représentera les distributeurs généralistes

Après la publication d’un nouveau cadre réglementaire de gouvernance pour l’Agence bio en mars, un communiqué du 6 avril annonce l’entrée de Benoit Soury, directeur marché bio chez Carrefour, en tant que représentant de la FCD (distributeurs généralistes) au conseil d’administration de l’agence. Quant à Christelle Le Hir, présidente du directoire de La Vie Claire, elle représentera le Synadis bio (distributeurs spécialisés). L’ouverture du conseil d’administration, salue le président de l’agence Loïc Guines, est « une étape nécessaire » alors que le marché bio connaît « une conjoncture difficile ».