Enrubannage
La souplesse des petits chantiers

L’enrubannage permet de réaliser de petits chantiers et constitue ainsi un mode de récolte privilégié pour la gestion des excédents de pâturage ou les surfaces gérées « au cas par cas » comme les luzernières.

La souplesse des petits chantiers

En nécessitant une teneur en MS inférieure au foin, l’enrubannage permet de faucher de manière précoce tout en sécurisant la récolte sur le plan climatique. À l’instar du foin, sa souplesse d’utilisation est également appréciée. Pour tirer profit de ces différents avantages, quelques précautions doivent être prises.

Viser 50 à 60 % de MS de manière homogène dans la balle

Bien qu’il soit possible techniquement de réaliser de l’enrubannage à des teneurs en MS inférieures, le pressage à 50-60 % MS constitue une sécurité vis-à-vis des risques sanitaires et de la qualité protéique du fourrage. Pour éviter le développement des butyriques ainsi que l’action des enzymes responsables de la baisse de valeur azotée (protéases), une teneur en MS minimale de 40 % en tout point de la balle doit être recherchée. Cette homogénéisation est obtenue grâce à l’action d’un fanage. Sur fourrages fragiles, telles les légumineuses, il convient d’intervenir sur un fourrage encore humide ou réhumifié par la rosée en réduisant le régime de la prise de force pour préserver les feuilles.

Obtenir une balle dense mais légère

L’obtention d’une balle dense tient à plusieurs paramètres. Tout d’abord, la confection d’un andain large alimentera régulièrement la chambre de pressage et optimisera ainsi l’occupation du volume de la balle. Le type de presse influence également la densité de la balle : les presses à chambre variable exercent une pression sur le fourrage afin d’accroître la densité des balles, contrairement aux presses à chambre fixe. Il est à noter que les pertes de fourrage lors de l’opération de pressage sont faibles (de 0,2 à 2,9 % de la biomasse initiale : compilation des données de six essais en luzerne pure). L’utilisation d’une presse à balles rondes à chambre fixe semble occasionner davantage de pertes que son homologue à chambre variable, au sein de laquelle le fourrage est compressé et enroulé dès le cœur de la balle. L’enjeu est néanmoins faible et ne constitue pas un critère de choix de l’un ou l’autre des matériels.
La teneur en matière sèche au pressage joue un rôle prépondérant sur la densité, exprimée en kg MS/m3 : entre un fourrage à 31 % MS et un autre à 54 % MS, la densité au pressage est accrue de 43 % avec une presse à chambre variable. Une tendance à l’accroissement des densités est également observée avec une presse à chambre fixe. Ceci réduit notablement le coût des étapes de pressage, enrubannage et transport des balles. Les balles denses mais légères peuvent ainsi être empilées sans risque. Dans le cas contraire, l’affaissement du tas engendre des distensions du film qui accroissent sa perméabilité à l’oxygène et le développement des moisissures.

Quels effets du rotocut ?

Le dispositif de hachage (rotocut), situé entre le pick-up et la chambre de la presse, équipe de plus en plus de presses à balles rondes. Il est constitué de 10 à 25 couteaux répartis sur la largeur du canal de la presse, entre lesquels le fourrage est contraint de passer. La taille des brins est alors notablement réduite sans pour autant être uniforme. L’activation de ce système accroît le besoin de puissance ainsi que la consommation de fuel (+0,15 l/balle). Mais il facilite la préparation et/ou la distribution de la ration en limitant notamment le temps de préparation de la mélangeuse et les refus et gaspillage.
Sur fourrage sensible aux pertes mécaniques comme la luzerne, l’activation du rotocut engendre des pertes de matière sèche. La compilation des données de six essais conduits sur luzerne indique que, dans les mêmes conditions, l’activation du rotocut fait passer les pertes de 0,9 à 1,7 % en moyenne ; ce faible accroissement est essentiellement dû à la production de brins de fourrages plus courts passant plus facilement au travers des rouleaux et courroies de la chambre de pressage. 
Anthony Uijttewaal - Arvalis - Institut du végétal