EARL des Verts Prés
Des défis toujours relevés

Françoise Thomas
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Hélène et Stéphane Copier mènent désormais depuis plus de 20 ans leur barque au gré de leurs envies et des opportunités qui se présentent à eux ou qu’ils sollicitent. À la tête d’un troupeau de 20 vaches montbéliardes, prim’holstein et croisées, et d’un troupeau de 68 chèvres alpines, le couple de Tancon, village situé au cœur des vertes prairies du Brionnais, écoule la majeure partie de sa production en vente directe. Un choix de vie assumé et réussi.

Des défis toujours relevés
Hélène et Stéphane Copier installés depuis une vingtaine d’années à Tancon, au cœur du Brionnais, en vente directe de fromages et de glaces.

Non issue du monde agricole, Hélène a pourtant toujours dit à ses parents qu’un jour elle aurait des vaches. Orientée sur une autre voie dans un premier temps, la jeune femme s’est finalement installée en 2006 avec son mari et son beau-père en bovins lait. « Mais même sans un mari agriculteur j’y serai quand même parvenue », assure aujourd’hui Hélène avec un large sourire. Et on la croit, sa motivation ne laissant aucun doute !

Pour Stéphane, l’installation a été plus naturelle. Il a rejoint son père en 2000 sur la ferme familiale alors conduite en bovins lait et bovins allaitant. En revanche, les surfaces alors disponibles ne lui ont pas permis d’agrandir le troupeau laitier. Qu’à cela ne tienne, il apporte sur l’exploitation un troupeau de chèvres avec transformation fromagère. « Chevrier est un métier à part, j’ai donc dû me former et apprendre en parallèle à faire les fromages, raconte Stéphane. À l’époque, je me suis greffé à un groupe d’exploitants agricoles fromagers ». Un soutien précieux aujourd’hui encore : « il n’y a pas de concurrence entre nous, nous sommes tous collègues ».

Souvenirs de vacances

Ainsi, dès le départ, des fromages étaient proposés en vente directe à la ferme. Mais l’installation d’Hélène a boosté les choses. « Comme elle avait travaillé ailleurs avant, elle est arrivée avec un autre regard et de nouvelles idées », se rappelle Stéphane. « De trois-quatre fromages proposés à l’époque, j’en produis aujourd’hui 35 différents », illustre Hélène.

Pur vaches, pur chèvre, mélangés, il y en a de toutes les tailles et de toutes les formes. « À partir des mêmes laits, la forme du moule et le temps d’affinage changent tout, détaille-t-elle, pourtant ce sont tous des fromages simples à pâte lactique ».

Il faut dire qu’Hélène a une astuce : quand d’autres rapportent des coquillages des plages où ils sont allés en vacances, elle, elle ramène des moules des spécialités fromagères des lieux visités… Ainsi l’une de ses dernières acquisitions est un moule à reblochon !

L’aventure commune

Sa production, le couple l’écoule via son magasin à la ferme, aux horaires larges et adaptés à son organisation de travail, mais aussi au magasin de producteurs Croqu’Saison de Chauffailles. « Nous avons fait partie des producteurs porteurs du projet. La mairie de Chauffailles nous a contactés en 2015 et nous avons tout de suite adhéré ».

Un nouveau défi, autant qu’une belle aventure, certes prenante, mais qui a confirmé l’EARL des Verts Prés dans son choix de production. « Nous livrons aussi un Ehpad et quelques restaurants et épiceries, spécifie le couple. Notre jour de livraison est le jeudi et nous rayonnons à une trentaine de kilomètres maximum ».

Chaud pour les glaces

Et si un temps, Hélène et Stéphane Copier se sont essayés aux crèmes dessert, ils ont finalement abandonné (pour l’instant) pour se consacrer aux glaces et sorbets.

« Mais ça, c’est la partie de Stéphane. Je lui ai dit ok… mais tu t’en occupes, déjà que j’ai dû lui céder une partie de ma fromagerie ! », relate aujourd’hui Hélène en souriant. Et là encore, l’éleveur s’est formé avec un ami lui-même producteur laitier et glacier.

Le gros de la saison se fait bien évidemment l’été, mais toute l’année malgré tout plusieurs parfums sont au choix et en petits pots individuels de 80 ml ou en plus grands contenants de 500 ml. Le couple est le premier testeur des différentes saveurs et selon les fruits et parfums, ceux-ci sont proposés en sorbet ou en crème glacée. « J’utilise généralement le lait de vaches, mais je fais aussi des glaces à base de lait de chèvre », souligne Stéphane. Là aussi, ces produits sont disponibles sur place et à Croqu’Saison.

Aujourd’hui, le couple qui n’en est plus à un challenge près, envisage une reconversion, mais pas d’inquiétude, ils ne laisseront leur petite entreprise savamment créée que lorsqu’ils auront trouvé leurs successeurs…

Une conduite raisonnée… mais intense quand même
Le troupeau compte une vingtaine de vaches montbéliardes, prim'holstein et croisées.

Une conduite raisonnée… mais intense quand même

L’exploitation compte 70 ha de SAU, « 70 % est en herbe », précise Stéphane qui cultive aussi pour l’alimentation des vaches une dizaine d’hectares de maïs ensilage, plus quelques hectares de triticale et de méteil. Si les vaches pâturent, les chèvres restent, elles, en bâtiment : « nous ne connaissons pas de ce fait de pic de production au printemps, mais nous avons en revanche la même quantité de lait toute l’année ». Le lait des vaches qui n’est pas transformé est vendu à une coopérative qui restitue cette production à la ferme sous forme d’aliment pour les bovins. Dernièrement, ce troupeau a été diminué de moitié : « pour des raisons de santé, je suis passée de 40 à 20 vaches, explique Hélène, mais finalement la production par vache est meilleure aujourd’hui. Notre politique n’est de toute façon pas du lait à tout prix ». Entre les deux troupeaux, la transformation fromagère, la production de glace, la vente directe, les cultures, « et accessoirement nos deux filles », le couple a déjà largement de quoi être occupé.