SYNDICAT
Viande bovine : origine France exigée

Mardi 9 mai, les éleveurs bovins viande de la région Auvergne-Rhône-Alpes ont manifesté à Carrefour Écully (Rhône) pour dénoncer la part plus importante de viande d’importation dans les rayons et des irrégularités au niveau de l’étiquetage.

Viande bovine : origine France exigée
Les représentants de l’hypermarché et du syndicalisme ont échangé un long moment. ©Apasec

Durant le mois d’avril 2023, plusieurs sections bovines des FDSEA de l’Ain, du Rhône, de la Loire, du Puy-de-Dôme et des Savoie ont réalisé des relevés d’origine dans des grandes surfaces de la région. Et le constat est sans appel : la viande d’import prend une part plus importante dans les rayons. « Nous ne pouvons pas laisser la grande distribution utiliser l’argument de la baisse de production française en viande pour justifier l’augmentation de la viande d’importation au contraire », annonce le dossier presse commun de la FRSEA et Jeunes agriculteurs d’Auvergne-Rhône-Alpes qui appelaient les éleveurs bovins allaitants de la région à se mobiliser ce mardi 9 mai devant l’hypermarché Carrefour Écully (Rhône). Un objectif : exiger l’origine France dans les étals des grandes surfaces françaises. Car, si le cheptel bovin viande baisse en France, « on sait aujourd’hui que nous avons perdu un million de vaches. Si nous laissons de telles actions se mener, nous savons que dans quelques années nous aurons un, voire deux millions de vaches en moins, ce qui est pour nous inacceptable », alerte Jonathan Janichon, président de la section bovine Auvergne-Rhône-Alpes et membre du bureau de la Fédération nationale bovine (FNB). Les éleveurs venus des quatre coins de la région le savent : des marges de manœuvre existent pour maintenir un niveau de production en France. Lors des visites dans les magasins, les agriculteurs ont également relevé des irrégularités dans l’étiquetage. « Le logo Viande bovine française accolé à une étiquette d’une viande de bœuf né, élevé et abattu en Allemagne, c’est inacceptable », s’agace Jonathan Janichon.

Aller au bout des engagements

Ainsi, en fin de matinée de ce 9 mai, au milieu du parking du centre commercial écullois, une cinquantaine d’éleveurs ont dressé des chapiteaux, garé leurs tracteurs et fait chauffer les planchas pour interpeller les consommateurs sur l’importance de consommer Français et ainsi assurer un avenir à l’élevage hexagonal. Ils ont également rencontré les responsables de l’enseigne locale « pour mettre la pression sur l’ensemble de la grande distribution française. Notre objectif n’est pas de mettre le feu, mais bien que nous travaillions ensemble. Il faut aller au bout des engagements », a souligné le président de la section bovine régionale. Si les échanges ont été courtois, le message des éleveurs était clair. « Aujourd’hui, il faut passer aux actes », a lancé Laurent Courtois, éleveur dans le Rhône et membre du conseil d’administration de la FNB évoquant des travaux menés il y a quelques années pour mettre en place des approvisionnements locaux. À Bruno Dufayet d’ajouter : « Il faut une prise de conscience générale. Le débat de la souveraineté alimentaire n’a jamais été aussi prégnant qu’aujourd’hui. Le producteur doit être rémunéré » évoquant notamment la loi Égalim 2 et la contractualisation obligatoire.

L’avenir se construit aujourd’hui

Il y va de l’avenir de la filière française. « Certains jeunes se demandent s’ils continuent les vaches, ou s’ils arrêtent tout. Ceux qui renoncent à l’élevage aujourd’hui ne reviendront pas dans dix ans. L’avenir de la filière bovine française se joue aujourd’hui et non dans dix ans », prévient Justin Chatard, président du groupe viande de Jeunes agriculteurs Auvergne-Rhône-Alpes. Si la grande distribution a été le premier échelon de la filière visé, d’autres, aux dires de Jonathan Janichon, le seront bientôt. « Ce n’est qu’un début, d’autres enseignes commencent à faire n’importe quoi comme le groupe Mac Donald’s ou Burger king et d’autres aussi qui commencent à importer toujours plus de viande, au détriment des agriculteurs qui sont toujours la valeur d’ajustement. »

Marie-Cécile Seigle-Buyat