Céréales à paille
La nuisibilité des adventices mieux quantifiée

Dans la stratégie de maîtrise des adventices, connaître leur seuil de nuisibilité est un élément précieux, même s’il doit être combiné avec d’autres paramètres, tels que les phénomènes de résistance et l’évolution du stock semencier.

La nuisibilité des adventices mieux quantifiée

Concernant la stratégie de désherbage, il convient de se demander quel objectif de propreté recherche-t-on ? De nombreux essais ont été mis en place afin de quantifier le plus finement possible la nuisibilité des mauvaises herbes avec l’objectif de définir des seuils de nuisibilité par adventice. Ces seuils ne prennent en compte que le préjudice direct sur la culture. La nuisibilité des mauvaises herbes combine deux effets distincts.
La nuisibilité directe correspond à la concurrence exercée vis-à-vis de la plante cultivée (espace, lumière, eau, éléments nutritifs…). Elle s’exprime par la différence de rendement entre un désherbage efficace et le rendement obtenu sans désherber.
La nuisibilité indirecte regroupe les autres effets indésirables des mauvaises herbes comme leur impact sur la qualité ou la gêne qu’elles occasionnent sur la récolte (bourrage de la moissonneuse, verse, etc.), sur la qualité sanitaire de culture (les mauvaises herbes pouvant être réservoirs ou hôtes de divers parasites) et la capacité ultérieure de production (augmentation du stock semencier).

Le fruit des expérimentations

De nombreuses expérimentations spécifiques de nuisibilité ont été mises en place notamment dans les années 1980 par les instituts techniques et l’Inra en France, ainsi que par J.W. Wilson en Angleterre. L’ensemble de ces données expérimentales a été synthétisé et publié, exprimé sous la forme d’un seuil de nuisibilité de 5 % des principales adventices, qui correspond à la densité d’adventices nécessaires pour provoquer une chute de rendement de 5 % (voir tableau). Certaines adventices à faible densité mettent à mal le rendement. Deux gaillets ou six folles-avoines par m² suffisent pour faire chuter le rendement de 5 %. A contrario, le seuil des pensées est plus élevé.

Les expérimentations ont aussi mis en évidence que la densité des adventices n’est pas l’unique facteur à considérer : la période de concurrence, le potentiel de rendement et l’influence du climat jouent aussi un rôle déterminant. Enfin, ces seuils ne prennent pas en compte les effets indirects des adventices (augmentation du stock semencier). Les chiffres sont tout aussi impressionnants. Une matricaire peut produire jusqu’à 20.000 graines, toutes ne pourront certes pas donner de nouvelles plantes mais avec un tel pouvoir multiplicateur, les quelques plantes qui passent à travers du programme annihilent tous les efforts.
Dans le même ordre d’idée, la longévité des semences est tout aussi éloquente. Des graines de folle-avoine et de vulpin peuvent encore germer 15 ans après leur production. Un essai longue durée mené en Champagne Berrichonne dès 1985 illustre bien ce pouvoir multiplicateur : une parcelle non désherbée avec à l’origine 15 vulpins/m² atteint en quatre ans plus de 500 vulpins/m².

D’après Arvalis – Institut du végétal