Retour d’expérience
Le loup, on ne s’y habitue pas

Françoise Thomas
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Depuis 30 ans qu’ils vivent avec le loup, on pourrait penser que les éleveurs ovins du sud-est de la France sont rodés et ont su s’adapter. Le document qu’a publié l’Idele, l’institut de l’élevage* en avril dernier permet au contraire de bien se rendre compte des répercussions socio-économiques et psychologiques, désormais à moyen terme, du retour du prédateur dans les alpages.

Le loup, on ne s’y habitue pas
Le document "Élevage ovin : vivre face à la prédation" est à retrouver et télécharger sur www.idele.fr

Si ce ne sont pas nos éleveurs saône-et-loiriens qui ont besoin d’être convaincus, il est intéressant en revanche que chacun réalise bien ce que la présence du loup induit.
En six pages, des éleveurs fictifs reprennent à leur compte les propos et témoignages recueillis auprès des bergers et éleveurs bien réels de tout le secteur.

Trente ans après son retour dans les Alpes-Maritimes, le loup a d’indéniables et multiples conséquences.
Ce recul permet de se rendre compte de ce qu’est désormais le quotidien des bergers du sud et que cela ne va pas en s’améliorant : toute une gestion des pâturages à repenser sans cesse, pour beaucoup l’abandon de l’agnelage dessaisonné (car lots impossibles à protéger convenablement), un temps précieux à consacrer désormais à la paperasse et aux déclarations d’attaques, une angoisse chaque nuit car même les filets, mêmes les chiens, mêmes la présence d’un berger n’empêchent pas les attaques, une perte d’intérêt du métier et de qualité de la viande : la sélection se fait par défaut... quand les meilleures bêtes ont succombé aux crocs, des animaux de toute façon traumatisés par cette prédation quasi incessante, des ennuis supplémentaires dus à la présence des chiens gardiens de troupeaux et une cohabitation délicate avec les autres "usagers" de la montagne, une perte de rendement évidente dus aux surcoûts des chiens et de la présence du berger venant surveiller le troupeau, l’abandon de zones complètes de pâturage, l’abandon progressif des ovins au profit des bovins car moins prédatés (pour l’instant…).

En somme, un constat bien sombre, mais il est primordial dans un tel dossier de se référer aux expériences des collègues pour bien se rendre compte des enjeux et des conséquences à moyen terme. Un constat qui soulève plus que jamais la question de la durabilité de l’élevage ovin dans les secteurs de présence du loup…

Le document "Élevage ovin : vivre face à la prédation" est à retrouver et télécharger sur www.idele.fr

* réalisé par Inosys réseaux d’élevage et en partenariat avec les chambres d’agriculture.