Pupillin : vins du Jura
Un Japonais se lance

Yoshinori Kuroda est un Japonais venu en France en 2015 pour en apprendre plus sur la gastronomie et plus particulièrement sur l’œnologie. Après de nombreuses expériences, il a finalement trouvé une école pour se spécialiser en viticulture biologique. Il vient d’acquérir des vignes à Pupillin (Jura) pour s’installer à son compte.

Un Japonais se lance
Yoshinori a produit ses premiers vins avec des raisins provenant d’Alsace.

Yoshinori est un Japonais de 37 ans venu en France pour découvrir la viticulture. « Avant, je vivais à Osaka puis à Paris, je n’ai donc jamais eu cette notion de respect de l’environnement. Mais en campagne c’est tout le contraire, ça m’a interpelé et j’ai voulu me lancer dans l’agriculture biologique », raconte-t-il. Après avoir contacté de nombreuses écoles, c’est finalement le CFA de Montmorot qui l’accepte. Son visa étudiant en poche, il entame en septembre 2018 un BTSA viticulture-œnologie option biologique pour obtenir son diplôme un an plus tard. « C’est la première fois que j’allais à l’école, donc c’était tout nouveau pour moi », se souvient-il. Mais pour un natif japonais, pas facile de suivre des cours en français. « J’avais un dictionnaire sur mon ordinateur », explique-t-il. « Les examens étaient très durs. J’en avais sept, huit par semaine ». Dans le cadre de son cursus scolaire, Yoshinori a eu l’occasion d’effectuer un stage chez Emmanuel Houillon Overnoy, un viticulteur à Pupillin qu’il avait rencontré à Paris lors d’une dégustation de vin alors qu’il était encore sommelier dans un restaurant. « Il a déjà travaillé avec des Japonais, il est connu là-bas. J’en avais entendu parler quand j’étais au Japon mais je ne le connaissais pas », s’amuse-t-il. 
C’est après avoir changé son visa que Yoshinori a pu enfin accomplir ses projets professionnels : se former pour produire son propre vin dans le Jura.    

Première expérience professionnelle en tant que viticulteur

C’est grâce à son stage en BTS à Pupillin, qu’en mai 2019, Yoshinori débute son activité en tant que viticulteur chez Emmanuel Houillon Overnoy. Puis en septembre, c’est Stéphane Tissot qui le recrute pour un CDD d’un an à Arbois. Le jeune Japonais organisait alors ses semaines pour travailler à 80 % dans les vignes à Pupillin et 20 % à Arbois. C’est finalement en 2021 que Yoshinori passe en CDI sur le domaine d’Emmanuel.  « Ce qui me passionne plus que tout, c’est l’importance que met la France dans l’agriculture biologique », confie-t-il. Même si aujourd’hui Yoshinori est toujours salarié chez Emmanuel Houillon Overnoy, il travaille à réaliser ses objectifs personnels. 
En octobre 2019, peu après la fin de ses études, le jeune viticulteur acquiert une première vigne de 50 ares. En août 2020, Yoshinori a commencé à faire des vins en tant que négociant avec deux associés, uniquement avec des raisins bio. En octobre de la même année, il récupère une parcelle de 43 ares à Pupillin sur le domaine d’Emmanuel dans le but de monter sa propre entreprise et réaliser ses premières vendanges en 2021. « Mon objectif est d’avoir mes propres vignes, d’avoir une cave chez moi pour pouvoir faire mon propre vin bio ». Il espère voir son projet aboutir d’ici trois ans...  

Ludivine Degenève 

Un passé chargé d’histoire

Un passé chargé d’histoire

Avant de devenir viticulteur, Yoshinori a enchainé les petits boulots au Japon comme en France. Il a commencé à travailler à l’âge de 15 ans dans le BTP à Osaka, sa ville d’origine. Il est ensuite devenu charpentier. Mais après une crise financière qui frappe la ville, il quitte son travail pour venir s’installer à Tokyo. S’en suit une double vie pour le jeune homme : le jour, Yoshinori travaille comme ouvrier dans la mode américaine et la nuit, en tant que barman. Mais cette situation devenait trop difficile à gérer. Il a donc décidé de se consacrer à la sommellerie dans un restaurant français. « Au Japon, la différence avec la France est qu’on apprend en pratiquant, on n’a pas besoin de diplôme comme le Bac par exemple », appuie-t-il. Yoshinori commence alors à s’intéresser aux vins du monde. En 2015, à l’âge de 30 ans, il décide de prendre un visa pour visiter la France et en apprendre plus sur la viticulture hexagonale. Le jeune Japonais enchaine les petits boulots un peu partout dans différentes régions. « Je me suis déplacé jusqu’à Aix-en-Provence avec mon CV », avoue-t-il. En avril 2016, c’est par hasard qu’il est recruté dans un restaurant deux étoiles à Paris, Passage 53. Mais cette expérience ne fut pas la plus appropriée : « mon but était de me rapprocher de la culture du vin, mais je sentais que je m’en éloignais ». 
Pour ce qui est du français, c’est lors de sa venue sur le territoire qu’il se l’est approprié. « Je l’ai appris la première année, en parlant avec des amis », expose-t-il. Pour se perfectionner, le jeune homme allait apprendre la langue lors de ses pauses, alors qu’il travaillait en tant que sommelier à Paris. 

Japon : un vignoble très humide

Japon : un vignoble très humide

Bien que l’art du vin soit réputé en France, il est tout aussi populaire de l’autre côté de la planète. Cependant, de par la différence climatique et démographique, les techniques viticoles sont complètement différentes. Au pays du soleil levant, la polyculture prime sur la viticulture. Le Japon possède des terres très humides, la culture du raisin est donc insuffisante car trop aléatoire. Pour ce qui est de l’agriculture biologique, c’est plus cher qu’en France et sa définition n’est pas la même. C’est à Hokkaïdo, une des quatre principales îles du Japon que les vignes sont les plus importantes. Les parcelles, majoritairement situées en hauteur, sont protégées de l’humidité et du soleil.