Loup dans le Charolais
Les éleveurs victimes du loup manifestent leur désarroi…

Marc Labille
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Après les nouvelles attaques de loup survenues entre le 2 et le 4 septembre derniers, une cinquantaine d’éleveurs d’ovins se sont rassemblés lundi soir devant la sous-préfecture de Charolles.

Les éleveurs victimes du loup manifestent leur désarroi…
Lundi soir, devant la sous-préfecture de Charolles, les éleveurs de moutons ont témoigné de leur désarroi face à un prédateur qui agit plus vite que les procédures.

Cette action avait été initiée par Pascal Chaponneau, éleveur à Uxeau et président de l’OS Mouton Charollais. Ce sont d’ailleurs des cadavres d’animaux tués par le loup chez des éleveurs-sélectionneurs de moutons charollais qui ont été déposés devant les grilles de la sous-préfecture. Neuf brebis et deux antenais avaient été massacrés chez Guillaume Cognard à Gourdon et trois agnelles tuées au Gaec d’Azu à Saint-Romain-sous-Gourdon… Au total, trois attaques se sont produites entre le 2 et le 4 septembre, la troisième ayant eu lieu sur la commune de Pouilloux, le tout pour « une douzaine de victimes, tuées ou blessées », selon la Préfecture. À l’origine de cette manifestation, les éleveurs de moutons charollais figurent en nombre parmi les victimes du loup depuis son apparition dans le Charolais. D’autres éleveurs s’étaient joints au rassemblement, parmi eux Alexandre Saunier, président de la section ovine de la FDSEA, Thibault Renaud, des jeunes agriculteurs et d’autres…

Interpeller les élus aussi

Pour les organisateurs, l’objectif était d’interpeller l’opinion publique sur le désarroi des éleveurs. Si les représentants locaux des pouvoirs publics semblent avoir pris la mesure du problème, l’avancement des procédures paraît encore trop complexe et trop lent au regard de la progression macabre du ou des prédateurs dans le Charolais, dénonçaient-on. « Les éleveurs passent des nuits successives à surveiller. Cela n’est pas viable ! », alertait-on à l’OS, évoquant aussi la peur et l’émotion de ceux qui ont à découvrir des brebis éventrées, égorgées, dépecées au petit matin… Face aux médias, cette mobilisation a aussi été l’occasion d’en appeler à la responsabilité des élus et des parlementaires, les mieux placés pour faire évoluer la législation « sur cette question de fond qu’est la présence du loup dans les zones d’élevage… ».

Passage aux « tirs de défenses renforcés »

Au lendemain de cette action où le sous-préfet s’était rendu pour entendre les éleveurs, le préfet référent national loup a fait une nouvelle intervention en Saône-et-Loire par visio-conférence. Cette réunion a donné lieu à de nouveaux échanges entre la profession et l’administration. Parmi les avancées obtenues, plusieurs éleveurs qui bénéficiaient déjà de « tirs de défense simples » seront éligibles au « tir de défense renforcé », rapporte Alexandre Saunier. Des agents de la brigade loup de l’OFB arriveront sur le territoire lundi prochain. Un travail a par ailleurs été engagé avec les louvetiers, l’OFB et la fédération départementale des chasseurs. Il déboucherait notamment sur un équipement adapté (caméras thermiques) pour les tirs de nuit.

Au 5 septembre, le département recensait déjà 21 attaques de loup ayant entrainé la mort de 65 animaux et blessé 23 autres. De nouvelles attaques auraient eu lieu depuis. Les tirs de défense simples ne sont autorisables que si les éleveurs ont protégé leurs troupeaux avec les filets électrifiés. Des filets de protection et des électrificateurs supplémentaires ont été mis à la disposition des éleveurs.