Entreprise Buchet à Tancon
Pionnière dans l’éco-épandage

Marc Labille
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C’est un constructeur de Saône-et-Loire qui a été le premier en France à être certifié « éco-épandage ». Basée à Tancon, l’entreprise de Philippe Buchet a collaboré avec l’Inrae pour mettre au point ce référentiel qualitatif. Aujourd’hui, elle en fait la promotion en diffusant des épandeurs à hautes performances.

Pionnière dans l’éco-épandage
Outre le tablier accompagnateur, la régulation électronique du tapis et la pesée embarquée, les épandeurs Buchet sont équipés d’une porte à double bras qui en position haute vient lisser le fumier arrivant vers les hérissons. Ces derniers ont la particularité d’être inclinés à 20 degrés, ce qui avec le tablier accompagnateur contribue à un épandage plus large, explique le concepteur. Tous les épandeurs attestés « éco-épandage » sont équipés de pneus à basse pression, préservant le sol.

C’est en 2007 que Philippe Buchet s’est mis en tête d’optimiser la qualité d’épandage de ses machines. Le déclic est venu d’un client qui voulait atteindre une dose de 15 tonnes/hectare. « C’était la première fois qu’on nous parlait de dosage hectare. Il fallait trouver une solution pour répondre à cette nouvelle attente », confie Philippe Buchet. « Jusqu’alors, les tapis continus et les hérissons verticaux assuraient bien la vidange de l’épandeur, mais qu’en était-il de la régularité, de la précision d’épandage ? C’était un peu comme une voiture sans compteur de vitesse », résume le constructeur.

Tablier accompagnateur et pesée embarquée

La solution retenue par l’entreprise saône-et-loirienne repose sur l’adjonction d’un tablier accompagnateur et d’un système électronique de régulation de la vitesse du tapis. Le tablier accompagnateur est un fond de caisse vertical qui accompagne le fumier quand il évolue vers les hérissons (lire par ailleurs). Ce tablier est solidaire du tapis qui achemine le fumier. Il permet de contrôler le volume de fumier arrivant aux hérissons. Sur les épandeurs Buchet, le calcul de la vitesse à donner au tapis repose sur quatre paramètres : le dosage visé, la largeur entre les passages, la vitesse d’avancement du convoi et la quantité de fumier ou sa densité. La vitesse du tapis est constamment modulée en fonction de ces quatre paramètres pertinents selon un procédé électronique d’asservissement. Concrètement, le tapis accélère ou ralentit pour s’adapter à l’évolution des situations. Il accélère à l’amorce de l’épandage, quand le fumier commence à aborder les hérissons. Sa vitesse tient compte du tassement que subit le chargement entre le début et la fin de l’épandage.

Agréé « éco-épandage » depuis 2014

Les premiers essais ont été réalisés en 2008 et Philippe Buchet fut alors l’un des tout premiers constructeurs d’épandeurs à solliciter l’institut de recherche sur les agro-équipements (Inrae, qui s’est appelé auparavant Cemagref puis Irstea). Membre du syndicat français des industriels de l’agro-équipements Axema, le constructeur saône-et-loirien a contribué activement au développement de l’éco-épandage. Avec son nouveau système de régulation, l’entreprise a été certifiée dès 2014. Et depuis, ce sont plus de 80 épandeurs qui sont sortis des ateliers Buchet agréés « éco-épandages ».

« Presque tous les épandeurs que nous produisons sont équipés de tabliers accompagnateurs et de systèmes de pesée. Au début, il a fallu convaincre notre clientèle. Peu d’acheteurs étaient demandeurs d’une gestion de la dose à l’hectare. Mais nous avons fait le choix de partir dans cette voie et nous faisons la promotion de l’éco-épandage », explique Philippe Buchet. Chaque année, 15 à 18 épandeurs sont fabriqués dans les ateliers de Tancon. Il en sort un tous les 15 jours environ. La quasi-totalité des modèles bénéficie de l’attestation éco-épandage. Ces machines haut de gamme sont acquises pour la plupart par des Cuma et des entreprises de travaux agricoles.

Audit, banc d’essais, mise en route

L’attestation éco-épandage a un coût pour l’entreprise. « Nous sommes audités tous les deux ans. Nous devons mettre en place des procédures semblables à celles de la norme Iso 9001. Nous sommes tenus de mettre à disposition un questionnaire de satisfaction pour chaque client », informe Philippe Buchet. Bien entendu, chaque nouvel épandeur doit être conforme à l’épandeur testé sur le banc d’essai de l’Inrae. Le constructeur doit assurer lui-même une mise en route obligatoire des machines chez leurs nouveaux propriétaires. Une attention à laquelle sont attachés Quentin et Philippe Buchet, qui ne rechignent pas à aller eux-mêmes mettre en service leurs machines, même d’occasion, et ce jusqu’en Bretagne. D’autant que pour l’entreprise qui assure aussi le service après-vente d’une partie de ses produits, « une bonne mise en route évite les problèmes derrière ».

Le dosage ne varie plus

Si elle s’impose beaucoup de contraintes techniques dans sa démarche vertueuse, l’entreprise Buchet peut se prévaloir de la qualité et du haut niveau de performance de ses machines. Les résultats des tests Inrae montrent que le dosage ne varie pas en cours d’épandage. En répartition longitudinale, la valeur de l’étendue de dose (la régularité d’épandage) atteint plus de 91 % pour un épandeur Buchet alors qu’elle n’est que de 29 % pour un épandeur traditionnel à tapis continu. Cette valeur est bien supérieure aux seuils imposés par le label éco-épandage qui sont de 70 % sans DPA et 50 % avec DPA. Pour Philippe Buchet, l’éco-épandage est un bon en avant en matière d’épandage. Une quête de précision qui s’inscrit dans un regain d’intérêt pour la valorisation des engrais de ferme, le tout dans une optique d’agro-écologie.

Buchet : la Saône-et-Loire abrite un spécialiste de l’épandage !
Philippe Buchet en compagnie de son fils Quentin désormais à ses côtés dans l’entreprise où travaille également Nathalie, son épouse.

Buchet : la Saône-et-Loire abrite un spécialiste de l’épandage !

La Saône-et-Loire recèle sur son territoire l’un des constructeurs les plus en pointe dans le domaine des épandeurs à fumier. Basée dans le petit village de Tancon à la pointe sud du département, l’entreprise Buchet existe depuis 1885 quand elle n’était encore que la forge d’un charron. Ses deux petits-fils ont repris l’affaire en 1960 et ils ont sorti leur tout premier épandeur en 1961. Un appareil « multifonction », comme on les concevait à l’époque (à la fois remorque à ridelles et épandeur démontable). Un appareil aux dimensions modestes de l’agriculture des années soixante, mais qui était déjà équipé d’un « tablier accompagnateur », innovation reprise cinquante ans plus tard par le fils de l’un des deux frères, Philippe Buchet. Ce dernier leur a succédé en 1995, année où les premiers épandeurs à hérissons verticaux ont remplacé les fameux épandeurs multifonctions de la marque. Mécanicien de formation, le jeune entrepreneur a aussi lancé la fabrication d’abris déplaçables pour bovins. Un concept qui visait au départ les producteurs de broutards du Charolais et qui rencontre aujourd’hui un franc succès auprès des éleveurs de chevaux de la France entière.

Une entreprise familiale de 8 salariés

Buchet Constructeur est une petite entreprise familiale qui emploie huit salariés. Mais c’est aujourd’hui le constructeur qui commercialise le plus d’épandeurs bénéficiant de l’attestation éco-épandage ; le « must » en matière de précision d’épandage. Ce label mérité est l’aboutissement de tout un travail de recherche et d’innovation, couplé à une qualité de fabrication exigeante et reconnue. Outre l’attestation éco-épandage, tous les épandeurs Buchet sont réceptionnés Dreal (aux Mines), et aux normes CE. « Mais nous restons à mi-chemin entre l’artisanat et l’industriel », aime rappeler Philippe Buchet. L’exigence technologique que s’est imposé le constructeur explique que sa gamme soit aujourd’hui recentrée par rapport à il y a vingt ans. Le fabricant saône-et-loirien est devenu un spécialiste de l’épandage de précision et il s’est donné les moyens d’atteindre le haut de gamme.

Qualité « made in France »

Dans son atelier situé au bourg de Tancon, c’est un outillage high-tech qui façonne les futurs épandeurs. Philippe Buchet conçoit et dessine l’intégralité de ses modèles. Seuls les composants spécifiques (roulements, essieux, hydraulique…) proviennent de fournisseurs français ou européens. Les structures en acier (châssis, caisse, hérissons) sont assemblées et soudées sur place avec des pièces dont la découpe laser est confiée à un prestataire.

L’entreprise possède une cabine de peinture et depuis 2008, elle est même équipée d’une cabine de grenaillage ! Avant d’être peintes, les machines y subissent un traitement à la grenaille. « Ce procédé met à blanc tous les aciers, plus rapidement qu’un sablage. Ce traitement supplémentaire favorise l’accroche de la peinture donc sa qualité », explique Philippe Buchet.