La profession agricole met la pression

Après l’annonce faite, le 5 septembre, par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen sur la dangerosité du loup pour l’homme et le bétail, la FNSEA, JA et de nombreuses associations d’éleveurs*, ont pris acte de ses déclarations : Elle est « en phase avec la profession agricole française », indiquent ces organisations dans un communiqué du 6 septembre. Surtout, les agriculteurs français attendent des « actes » de la part de la Commission. « Ce ne sont plus les loups qui sont en voie de disparition, mais l’élevage pastoral et toute l’économie qui l’accompagne. Le temps est désormais venu de passer concrètement à l’action pour obtenir une gestion plus flexible de la population lupine en faisant évoluer le statut du loup dans la convention internationale de Berne et la directive Habitats », demandent les organisations agricoles. Elles demandent aussi au gouvernement qui prépare le futur Plan national d’action loup (PNA) 2024-2029 « à faire preuve de courage et de bon sens ». Concrètement, elles attendent de lui qu’il fusionne les tirs de défense et relève le seuil de prélèvement des loups actuellement de 19 %. Réponse à l’issue du groupe national loup qui se réunira le 18 septembre. 

(*) FNSEA : Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles - JA : Jeunes Agriculteurs - FNO : Fédération nationale ovine - FNB : Fédération nationale bovine - FNPL : Fédération nationale des producteurs de lait - FNC : Fédération nationale du cheval - FNEC : Fédération nationale des éleveurs de chèvres

Loups : 1.100 individus, soit (déjà) 200 de plus qu’annoncé

Après avoir communiqué le 3 juillet un chiffre provisoire de 906 loups, l’Office français de la biodiversité (OFB) a finalement réévalué la population lupine à 1.104 individus en sortie d’hiver 2023, d’après un message du préfet référent sur le loup Jean-Paul Celet le 5 septembre. M. Celet y indique avoir décidé, « en accord avec les ministères concernés », de « réévaluer le plafond de tirs dérogatoires », fixé à 19 % des effectifs. Ce nouveau chiffrage était attendu et fait partie de la procédure habituelle. Dans le détail, après « prise en compte des analyses génétiques », l’OFB a évalué le chiffrage définitif de la population de loups pour 2022 à 1.096 individus (contre 921 précédemment). Ce chiffre pour 2022 est pris en compte dans l’évaluation de la population de 2023, obtenue à partir des « indices de présence récoltés au cours de l’hiver », ainsi que d’une « relation statistique avec la valeur consolidée des années antérieures ». Dans son message, le préfet Celet indique que le futur Plan loup, attendu dans les prochaines semaines, visera « la sortie d’un seul chiffre stabilisé par an ». Un chantier qui ne remet pas en cause la méthode de comptage, qui « reste à ce jour l’une des plus élaborées et parmi les plus abouties en Europe », selon le représentant de l’État. La profession agricole estime que ce chiffre est encore sous-estimé et compte plus de 2.000 loups de son côté. 

Les départements alpins veulent revoir la méthode de comptage

D'ailleurs, début août, les présidents de six conseils départementaux des Alpes* ont appelé la Première ministre à « mettre en place des indicateurs de mesure de la population lupine qui permettent une juste et incontestable évaluation de sa répartition sur le territoire », d’après une tribune envoyée à la presse le 1er août. Ces élus LR plaident pour une évaluation « coordonnée par un collège d’experts représentant les structures concernées, tant environnementales que d’élevage ». Le 3 juillet, l’OFB avait en effet osé annoncer une estimation de la population de loups en légère baisse sur un an (906 loups en 2022, contre 921 en 2022). Un « décalage saisissant par rapport à la réalité », estimaient à juste titre donc les élus locaux, soulignant le « malaise » des éleveurs, qu’ils qualifient de « compréhensible au regard des attaques qui ont connu une forte recrudescence durant l’année 2022 (+19 %) ». Les présidents vont jusqu’à évoquer une population lupine qui « varie entre 1.000 et 2.000 individus ». Les départements alpins – qui « concentrent plus de 80 % des attaques » – s’inquiètent des dégâts provoqués par le loup, qui « mettent en péril le pastoralisme ». Tout en appuyant les demandes du syndicalisme majoritaire dans le cadre du Plan loup 2024-2029 : simplification des tirs de défense, élargissement des indemnisations et changement du statut juridique du loup.
* Alpes-de-Haute-Provence, Hautes-Alpes, Alpes-Maritimes, Drôme, Isère, Savoie