Cultures
Que sait-on au juste des dégâts d’oiseaux ?

Françoise Thomas
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Voici une problématique récurrente, abordée par Terres Inovia, fin septembre, lors d’un webinaire : les dégâts d’oiseaux sur les cultures. L’idée de ce point réalisé par visioconférence était d’évoquer l’ampleur des préjudices, les solutions actuelles et les pistes étudiées.

Que sait-on au juste des dégâts d’oiseaux ?

Si de plus en plus de plaintes sont constatées, surtout ces quinze dernières années, notamment à la phase levée, il est également avéré qu’il y a peu de fonds scientifiques sur la question.
Les principales cultures visées sont le tournesol et le maïs et les principaux accusés sont les pigeons ramiers, les corneilles et les corbeaux freux. Les principales inquiétudes sont les pertes économiques engendrées et l’obstacle que cette prédation implique dans la diversification des cultures.
Cependant, ce que les intervenants ont tenu à souligner c’est que ces dégâts ne sont globalement, à l’échelle d’une exploitation, pas si fréquents. En revanche quand ils surviennent, ils sont imprévisibles et surtout potentiellement très importants.

Les moyens actuels

Parmi les solutions de prévention qui existent actuellement, l’effaroucheur ou le répulsif, des solutions aux effets possibles, mais malheureusement sans efficacité garantie.
Autre technique évoquée, celle du semis sous couvert d’orge et de féverole, en sortie d’hiver. Si l’intervenant souligne que c’est une façon plutôt efficace de perturber les oiseaux, il reconnait cependant que c’est plus compliqué à mettre en place et n’est pas généralisable.
Ainsi les dégâts sur les cultures, tout comme l’efficacité des moyens répulsifs, « sont à réfléchir à l’échelle du territoire et non pas seulement de la parcelle », de même qu’ils « se compensent et varient dans le temps », relate Christophe Sausse, l’intervenant, chargé d’études chez Terres Inovia.
Ce qui fait défaut actuellement, c’est le manque évident de données précises sur l’ampleur des dégâts, sur les cultures, les périodes, les "prédateurs" concernés. Et de façon plus globale, « on part de loin sur la physiologie, les comportements, les goûts de ces oiseaux » …
En effet, ces données seraient précieuses pour travailler efficacement sur les solutions de demain.
Plusieurs pistes sont envisagées mais elles seraient d’autant plus pertinentes si leur efficacité n’était pas testée de façon empirique.

Les solutions de demain

Parmi ces solutions à l’étude : des effaroucheurs "2.0", c’est-à-dire combinant les actions d’un drone, d’un effaroucheur et d’un boitier à détection optique, mais « il n’y a encore rien de concret, ce sont des innovations qui viendront un jour ».
Il est préconisé aussi de jouer « avec des bandes attractives », permettant de détourner l’attention et l’appétit des oiseaux sur d’autres graines que celles de la culture principale.
On peut tester ce que donnent également différentes profondeurs ou dates de semis, utiliser des engrais starter, jouer sur les couleurs des graines « en éduquant les oiseaux à se méfier de telle couleur ou telle odeur » (et même « épandre des plumes » !).
La variété de ces solutions prouve à quel point, ce type de recherche n’en est encore finalement qu’à ses débuts. « Il n’y a en tout cas aucune solution miracle et il convient plutôt de combiner différents leviers ».

Un colloque permettant d’approfondir cette problématique est organisé à Paris fin novembre. Il entend réunir toutes les parties prenantes concernées et mutualiser les connaissances, les moyens et les pistes de recherche, pour économiser du temps et de l’argent et s’orienter le plus possible sur des pistes théoriquement pertinentes...