Portrait Jean-Paul Treboz
Glorieuses de Bresse : Portrait de Jean-Paul Treboz

Ariane Tilve
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Depuis près de 25 ans, il préside la Société d’agriculture de Louhans, en charge notamment de l’organisation de la Glorieuse. Rencontre avec celui qui a multiplié les mandats, les initiatives et ne semble pas prêt à s’arrêter d’avoir des idées…

Jean-Paul Treboz, président de la Société d'agriculture de Louhans, en charge de l'organisation des Glorieuses.
Jean-Paul Treboz, président de la Société d'agriculture de Louhans, en charge de l'organisation des Glorieuses.

C’est dans sa maison de Varennes-Saint-Sauveur que Jean-Paul Treboz nous reçoit. Jovial, accueillant, son œil pétillant de malice vous fait très vite oublier qu’il est né le 30 septembre 1949, à Bourg-en-Bresse. « Mon père s’est installé ici en 1951. J’avais 2 ans ». S’il a toujours aimé le métier d’agriculteur, il avoue ne pas avoir été immédiatement convaincu d’y trouver sa voie. « Ayant commencé très tôt dans l’exploitation familiale, j’ai travaillé avec les chevaux, des méthodes d’un autre temps. À l’époque, il fallait vraiment en avoir envie ». Puis l’exploitation se modernise, avant même qu’il prenne la relève. Après des études agricoles, il s’installe en 1972 avec son épouse. « J’avais d’excellentes relations avec mes voisins. Lorsqu’ils ont compris que je m’installai, chacun est venu me demander de reprendre ses terres ». Parti de 30 hectares, tout au plus, l’exploitation s’étend aujourd’hui sur 120 hectares. L’agriculteur débute avec une production laitière puis se lance dans l’élevage de volaille de Bresse et les céréales. Il mène de front les différentes productions, jusqu’en 2002, l’année de sa retraite. L’élevage de volaille a été repris par Thierry, son fils. Jean-Paul s’est par la suite consacré à la production de viande bovine.

Mais au-delà de l’agriculteur, c’est l’homme engagé qui se révèle très tôt. « Lors de mon installation existait un groupement de vulgarisation agricole sur la région. J’y suis entré tout de suite. Il s’agissait en réalité plus d’une sorte de petite Cuma que d’un groupement de vulgarisation. Nous avions un technicien qui nous expliquait comment semer de l’herbe, faire des cultures ou améliorer ses rendements, à une époque où il fallait avant tout produire, sans se poser de question. C’est en entrant dans ce groupe que je me suis rendu compte qu’il était plus facile d’avancer à plusieurs, dans un certain nombre de domaines ». Jean-Paul Treboz rejoint ensuite le Centre cantonal des jeunes agriculteurs (CCJA), dont il fut président, avant de s’engager dans le syndicalisme, en tant qu’administrateur, puis de devenir président de l’Union syndicale cantonale à la FDSEA. Dans le milieu des années soixante-dix, il crée une Cuma et le premier groupement d’employeurs de Saône-et-Loire, département qui en compte aujourd’hui 200. « Je suis allé porter ce projet au niveau, à la FNSEA, ce qui ne m’a pas empêché d’être décrié. On m’a reproché de vouloir créer une société d’intérim. Mais ce n’était pas mon objectif ». Également administrateur départemental puis régional de Groupama avant de devenir président de caisse locale, il est également président des lycées d’enseignement agricole privé de Bourgogne. « À l’époque des 30 glorieuses, la mouvance agricole a mis en place de nombreux services pour répondre aux besoins des agriculteurs. La FDSEA m’a notamment permis de rencontrer pas mal de gens, d’entrer dans des conseils d’administration lorsque j’étais président du groupe de développement ». Que ce soit au niveau local, en Bourgogne Franche-Comté ou au national avec des groupes d’étude et de développement pour travailler avec d’autres départements, comme le Jura, au sein de cercles d’échanges, Jean-Paul Treboz est un véritable touche-à-tout lorsqu’il se fait « happer par une élection à la chambre d’agriculture ».

Les agriculteurs doivent s’impliquer plus

En 1995, il commence à siéger à la chambre d’agriculture où il fait trois mandats, dont deux en tant que président du service développement, et s’investit dans la commission formation, l’agrobiologie, le conseil aux agriculteurs de terrain ou le conseil en bâtiment. « Ce service comptait, à l’époque, 50 salariés en équivalent temps plein (ETP). Nous avions des réunions sur le terrain, en région, etc. C’était un engagement extrêmement prenant. Nous n’avions pas les moyens de communication que nous avons aujourd’hui. Je recevais des rouleaux entiers de trois mètres de fax ».

C’est également lui qui est à l’origine du contrat de filière dans la volaille de Bresse, avec l’aval des deux présidents des chambres de l’Ain et de la Saône-et-Loire de l’époque. « Nous avions un groupement à Montrevel-en-Bresse, un autre à Saint-Trivier-de-Courtes et le CIVB (Comité interprofessionnel des volailles de Bresse) mais personne ne se parlait. Il a été très difficile de les convaincre, mais au bout d’une quinzaine de réunions, nous avons fini par trouver les bases de ce qui pouvait servir d’échanges. De là, nous nous sommes tournés vers les présidents de département, René Baumont et Jean Pépin, pour amener 1,5 million d’euros sur cinq ans pour la filière. Une somme qui nous a permis d’améliorer la production et la communication ». L’homme avoue avoir toujours eu de nombreuses idées, mais aussi et surtout l’envie de les concrétiser. « Quand on y prend goût, c’est un engrenage. Ce n’est pas vraiment une question d’ambition, mais quand on me propose de faire quelque chose, je ne peux pas refuser ». Il a parfois reproché à ses collègues agriculteurs de ne pas se mobiliser suffisamment, notamment lorsqu’il était vice-président de la commission Saône à l’Agence de l’eau RMC (Rhône-Méditerranée-Corse). « Je n’avais en face de moi que des personnes hostiles à l’agriculture, qu’ils accusaient de tous les maux en termes de pollution. J’étais seul pour leur répondre, un contre tous. J’aurais eu besoin, à l’époque, d’être appuyé par d’autres voix qui allaient dans le même sens que moi ».

Glorieuses de Bresse

Jean-Paul Treboz commence à s’intéresser aux Glorieuses alors qu’il est responsable de secteur à la chambre d’agriculture. Le concours a alors lieu le mercredi et il est géré par une équipe de techniciens. En 1997, le président de l’époque lui demande de prendre le relais. Une responsabilité qui lui tient à cœur. « D’abord parce que je veux transmettre et continuer à évoluer. Nous avons basculé le concours le samedi et disposons aujourd’hui d’une équipe de 25 bénévoles qui s’investissent énormément, de la préparation à la mise en place en passant par le jour du concours ». À Louhans, c’est une structure agricole qui a la charge de la Glorieuse. À Bourg-en-Bresse, le concours est géré par le comité des Foires, à Pont-de-Vaux par la commune et à Montrevel-en-Bresse par la Communauté de communes. « Je salue, bien évidemment, le travail de mes collègues de Saône-et-Loire, mais je suis attaché à ce que nous faisons ici à Louhans, qui part de la profession », insiste Jean-Paul Treboz qui estime que l’idéal est de donner les rênes des Glorieuses à un éleveur proche de la retraite qui croît au produit et à la communication.

Un engagement d’autant plus nécessaire que la filière est en peine puisqu’elle est passée de 400 éleveurs et plus de 1,3 million de volailles en 2001, à 150 producteurs et 800.000 volailles aujourd’hui. D’où l’importance de ces Glorieuses et même de la confrérie qui a fêté cette année ses 60 ans, et dont Jean-Paul Treboz fait partie depuis plus de 15 ans. Une institution qui permet de promouvoir la filière auprès des différentes instances, de Rungis aux salons gastronomiques. Le concours, lui, met en avant la filière, les producteurs, la région. « À Louhans, l’évènement nous a permis de faire de belles rencontres. La première qui est venue c’est Carole Bouquet. On a rencontré des ministres, l’ambassadeur de Finlande l’année dernière, des vedettes comme Claude Lelouch, Claude Chabrol, Gérard Depardieu ou Julien Clerc sont venus aux Glorieuses. Le jour J les gens sont tournés vers l’invité, mais l’invité ne serait pas là sans les volailles », conclut le président.