Moissonneuse-batteuse
Le plein de solutions pour faucher avant moisson

Encore balbutiant sur la dernière décennie, le marché des équipements de fauche pour la moisson décomposée s’est étoffé. Entre les automoteurs, les coupes sur tracteur ou les ensileuses modifiées, le choix ne repose pas uniquement sur une question de budget.

Le plein de solutions pour faucher avant moisson
Lancé en 2021 pour le marché européen, l’automotrice MacDon M1170 NT dispose d’une voie variable, afin d’être compatible avec la législation routière.

Face aux impasses techniques engendrées par les interdictions des défoliants de synthèse pour la production de semences, mais aussi aux fenêtres météorologiques compliquées à gérer, la moisson décomposée devient une alternative de plus en plus pertinente en France. D’autres pays en Europe utilisent déjà cette technique pour homogénéiser la maturité des cultures et tuer les adventices encore vertes qui gênent la récolte, notamment en bio. Et ces pays ne viennent pas spontanément à l’esprit.

« Depuis plus de 25 ans, le Danemark est un pays où nous vendons beaucoup d’automotrices de fauche. C’est aussi le cas de l’Angleterre », précise Romain Coudière, responsable des ventes MacDon pour la France. Les raisons de cette implantation plus au Nord depuis tant d’années résident dans un climat humide - qui complique les récoltes - et la présence importante de cultures bio chez les danois. L’impossibilité de rouler sur route a freiné l’usage de ces machines, mais l’année 2021 marque l’arrivée de la M1170 NT. « MacDon a conçu cette machine pour l’Europe. La dénomination Narrow Transport signifie que la voie peut être réduite pour prendre la route, explique Romain Coudière. Ce modèle est homologué et a obtenu son certificat de conformité. Les clients français peuvent donc demander une carte grise. La vitesse maximale autorisée est de 25 km/h ».

Les automotrices choisies pour leur débit de chantier

Ces machines dédiées à la mise en andain des cultures disposent de barres de coupe à tapis et de châssis à voie large et haute garde au sol pour ne pas frotter la culture. L’avantage du grand dégagement n’a pas été sans conséquences face à la législation routière au cours des années précédentes. Les exemplaires non homologués pour la route nécessitent un porte char. C’est le cas pour les utilisateurs qui ont fait importer des modèles Shelbourne, John Deere ou les anciens MacDon. « C’est la contrainte majeure des automoteurs d’andainage ! pointe Clément Escaich, entrepreneur de travaux agricoles en Ariège. Certains ont choisi de rétrécir la voie, mais ici nous ne pouvions pas, car les colzas sont trop gros. »

Interrogé sur le comportement de la machine venue d’Amérique du Nord face aux coteaux du piémont pyrénéen, l’utilisateur est satisfait : « La machine avec sa coupe de 7,60 m fait autour de 6 tonnes, le poids est sur les roues avant, ça monte partout ! C’est un peu plus compliqué quand on travaille en travers de la pente, les vérins de contrôle des roues folles font ce qu’ils peuvent, mais l’arrière glisse. » Rien d’étonnant quand la pente dépasse 25 %. Les essais de coupes sur relevage avant ont d’ailleurs montré leurs limites. « En plus du manque de visibilité, les dégagements réduits et la perte de l’horizontalité produisaient des tas qui compliquaient la reprise », souligne Clément Escaich. Ce défaut également observé sur la technique d’andainage des automotrices des années 90 est désormais résolu sur les nouveaux modèles. Sarrasin, luzerne porte-graine, pois chiche, chia, de nombreuses cultures sont andainées pour être battues aux normes et en réduisant les pertes.

Reconditionner les ensileuses pour éviter le porte char

Sur d’autres reliefs mais aussi dans les plaines, quelques ensileuses vidées de leur bloc hacheur et de leur soufflerie portent et animent des coupes à tapis. « Parmi les raisons qui ont plaidé pour l’ensileuse, il y a les 4 roues motrices. Je craignais que les réducteurs hydrauliques des andaineuses automotrices ne souffrent trop. Avec le pont arrière, on passe les coteaux à 40 % de pente sans souci ! », explique Thierry Barthez, entrepreneur de travaux agricoles dans le Tarn. Il est passé de la Shelbourne à une ensileuse New Holland FX d’occasion dotée d’une coupe Honey Bee de 7,60 mètres, qui dépose la culture sur un côté, pour moins de 100.000 €. « Ce n’était pas pour avoir une machine moins chère que les modèles canadiens, c’était surtout pour avoir un ensemble homologué sur route. L’ensileuse fait 3 mètres de large, le chauffeur travaille tout seul, sans escorte. Le débit journalier est amélioré ! »

L’entrepreneur a souhaité faire travailler un concessionnaire local pour être dépanné rapidement. Un aspect que ne craint pas Clément Escaich en Ariège. Son distributeur Locamoisson lui fournit les pièces MacDon rapidement en cas d’avarie, mais aussi les pièces d’usure. La maintenance facilitée est un point qui tient à cœur à un autre acteur de la moisson décomposée basé dans le Lot-et-Garonne. « Nous distribuons la faucheuse-andaineuse John Greaves, une entreprise ukrainienne forte de 130 ans d’histoire, sur laquelle tous les composants sont disponibles chez n’importe quel fournisseur », souligne Vital Zwang, responsable des ventes de la PME Zworld. Disponibles en 6,40 et 9,10 mètres, ces coupes à tapis sont animées par la prise de force du tracteur sans centrale hydraulique. L’entreprise peut modifier la largeur, selon le souhait du client, mais aussi la dimension de la sortie de la matière. « Depuis cette année, on transforme les ensileuses. Une machine avec 4.000 heures s’affiche entre 20.000 et 25.000 € après une rénovation complète (électricité, éclairage), auxquels il faut ajouter 25.000 € pour une coupe de 6,40 mètres. »

Les coupes sur tracteurs

La majorité des modèles de coupes andaineuses à tapis peuvent être adaptées aux tracteurs. L’avantage de cette solution réside dans l’utilisation d’un chariot de coupe pour le transport routier. Les tracteurs équipés d’un poste inversé ou d’une cabine rotative (comme certains Claas Xerion) ont un avantage incontestable en termes de visibilité sur le travail réalisé. Pour certaines cultures, l’évacuation sur le côté peut créer des andains moins faciles à faire sécher rapidement. L’andainage latéral est rendu obligatoire par la faible garde au sol des tracteurs. Il est néanmoins possible de rapprocher deux andains sur un aller-retour. Au moment de la reprise, la batteuse pourra être mieux alimentée et produire un débit de chantier significatif. À noter que le fabricant de pulvérisateurs Artec propose un automoteur nommé RW doté d’un attelage frontal devant la cabine.
Les fournisseurs de coupes à tapis pour ce type d’attelage ne manquent pas. Elles sont le plus souvent pourvues d’une centrale hydraulique pour animer les différents organes. L’espagnol Tort propose quatre modèles de 4,50 à 7,50 mètres. La gamme SW Idass comprend cinq modèles de 4,50 à 7,50 mètres. Equip’Agri propose un modèle de 5,75 m, qui dépose de part et d’autre du tracteur, avec des tapis à l’angle bien plus prononcé que les autres barres de coupe.

Gabriel Sicard

L’offre en pick-up s’élargie
Si deux andains ont été rapprochés, grâce à une coupe à tapis qui le permet, la batteuse peut les relever à condition que la largeur du pick-up soit compatible. Crédit : Case IH

L’offre en pick-up s’élargie

La moissonneuse-batteuse doit être équipée d’un pick-up pour la reprise des andains. Chez Idass, le catalogue comprenait déjà plusieurs modèles TM (de 3 à 5 m de largeur utile) composés de plusieurs tapis de 50 cm de large. Des nouveautés ont été présentées en 2021 : la gamme TMD repose sur un mono-tapis et reprend les largeurs des TM. La gamme DK complète l’offre avec quatre modèles de 5,80 à 7,60 mètres de large. Chez les Italiens, Nardi propose trois modèles en 3,5 ; 4 et 5 mètres. Zaffrani propose des pick-ups de 3, 4 et 5 mètres. L’entreprise Micheletti distribue des pick-ups Shelbourne à entraînement mécanique ou hydraulique de 3,30 à 4,50 mètres. John Deere propose le BP15 de 4,55 mètres de large. New Holland commercialise deux largeurs : 3,65 et 4,57 mètres. Le catalogue Case IH contient également deux modèles : 4,45 et 5,36 mètres. Le constructeur allemand Ziegler propose quatre modèles de 3 à 6 mètres. MacDon distribue son PW8 de 4,50 mètres, qui est aussi fabriqué pour Claas. Les clients AGCO (Massey-Ferguson et Fendt) peuvent choisir leur pick-up aux couleurs de leur batteuse ou aux couleurs MacDon.