FDSEA de Saône-et-Loire
De nouvelles règles du jeu

Cédric MICHELIN
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Le 5 février dernier, le conseil d’administration de la FDSEA s’est réuni à la Maison Millebuis à Buxy. Une grosse partie de la réunion a été dédiée aux négociations Pac et au plan de Relance en Bourgogne Franche-Comté (lire en page 3). De nombreux autres dossiers locaux ont été abordés : loup, directive nitrates, curage de fossés, HVE, dégâts de corbeaux (lire page 7)…

De nouvelles règles du jeu

La future Pac 2023-2030 se joue actuellement même si les Plans stratégiques (PSN) de chaque pays doivent avant être présentés aux 26 autres pays Européens. Tout le monde s’accorde à dire que cette Pac sera plus « verte », avec le Green Deal et autres (Farm to fork, Biodiversité…). Reste que son budget sera stable tout au mieux. « Alors qu’on parle de souveraineté alimentaire, les objectifs climatiques font qu’on sent que ce sera au détriment de la production. À voir maintenant où va être placé le curseur. C’est seulement après qu’on commencera à voir ce qui pourrait arriver dans les cours de ferme », expliquait Christian Bajard, président de la FDSEA avant de laisser la parole à Luc Jeannin. Il est l’un des deux administrateurs à la FNSEA pour la Bourgogne Franche-Comté et n’hésite pas à dire s’être opposé à donner mandat à la FNSEA pour faire des propositions en l’état sur le PSN au Ministre de l’Agriculture. « En Bourgogne Franche-Comté, nous avons fait un gros travail de propositions avec toutes les productions pour arriver à un consensus. Rien n’est jamais parfait certes mais la FNSEA n’a pas voulu simuler nos propositions. On va le faire nous même. Pour l’heure, on sent plutôt une position FNSEA voulant prendre sur les aides couplées à l’élevage pour les mettre sur les filières. Sauf qu’on a aucune précision ni certitude sur le retour de plus-value aux paysans », résumait-il. Une réflexion qui rejoint aussi celle sur les zones intermédiaires qui restent à définir. Notre région pourrait en faire partie avec ses sols à faible potentiel et zones « à la peine économiquement ». « Là encore, l’idée n’est pas de faire du partage entre pauvres mais plutôt d’imaginer un genre de MAE dans le second pilier Pac ». Autant dire que les débats s’annoncent rudes au national avant même les négociations entre pays Européens. La FDSEA de Saône-et-Loire organise des visio-conférences (salles communales fermées en raison du Covid) – thématiques ou locales (CSEA…) – pour permettre aux agriculteurs de poser leurs questions, faire remonter leurs réflexions et surtout commencer à réfléchir aux implications de ces décisions sur leurs exploitations demain.

Pollutions bretonnes à distance

Autre dossier réglementaire et autre incidence, la directive Nitrates. Le vice-président de la FDSEA, Benoit Regnault ne comprend toujours pas le nouveau zonage du prochain programme (le 7e). « En Saône-et-Loire, quelle ne fut pas notre surprise de voir 254 nouvelles communes qui pourraient être classées. 955 même pour la Bourgogne Franche-Comté. Les services des chambres d’Agriculture ont simulé les conséquences. Nous avons donné ce dossier à la Dreal BFC en leur expliquant que ce n’est pas normal de classer toutes ces communes surtout dans nos zones d’élevage extensives qui réduisent les chargements en ce moment pour faire face aux sécheresses », expliquait-il au préalable. Son analyse est simple : le département dépend de deux agences de l’eau : Rhône-Méditerranée-Corse et Loire-Bretagne. Cette dernière a pris « des décisions politiques, sans faire vraiment d’analyses en nombre pour classer vite fait » les communes de la « tête à la queue de bassin ». La profession regarde donc analyse par analyse pour montrer ici où là, qu’il s’agit d’un phénomène de concentration lié à la sécheresse, ou bien un relargage lié à la minéralisation/lessivage de feuilles mortes de forêt… ou encore à une station d’épuration vétuste. La DDT apporte sa contribution. De nouvelles analyses ont même été refaites démontrant des eaux souterraines en dessous des nouveaux seuils. Ce qui ne permettrait néanmoins de ne sortir que « dix-vingt communes » tout au plus. « On ne refuse pas le programme de directive Nitrates mais on veut arriver à prouver qu’il n’y a pas de levier agricole sur ces zones » pour améliorer les concentrations en nitrates dans les eaux superficielles ou souterraines. Et donc que ce classement et ses contraintes agricoles sont inutiles…

McDo ou HVE, même combat

D’autant plus que ce sont les zones d’élevage allaitant qui seraient les plus durement touchées. Après trois sécheresses et des cours des broutards en chute libre cet hiver, ça ne passe pas. Administrateur FNB, Guillaume Gauthier, le président de la section bovine, indiquait qu’à Paris pourtant, les acteurs économiques veulent « aller vite. McDonald’s a une stratégie 2030 basée sur le bien-être animal et l’environnement. "À vous de vous adapter", disent-ils sauf que personne ne nous garantit que le prix suivra », dénonce-t-il. Vigneron à la cave de Buxy et céréalier à Bourgogne du Sud, Pascal Cottenceau confirmait dans un même registre : les « GMS et acheteurs nous obligent à passer la certification HVE de niveau 3, avec des contraintes et des frais supplémentaires », juste pour continuer d’avoir une chance d’être référencé pour pouvoir vendre. « Regarder ce qui s’est passé pour la filière œufs en cage, la violence », ajoutait Christian Bajard qui préfère anticiper ces grands choix commerciaux et sociétaux. Guillaume Gauthier reprenait sur les réflexions autour de la voie mâle, broutards et JB, ou encore la contractualisation. « Si vos animaux sont passés en label, sachez que vous pouvez faire appel auprès d’Interbev BFC s’il n’y a pas eu intégration des coûts de production avec votre contrat. C’est la GMS qui sera attaqué et non votre coop ou votre négociant ».
La manifestation devant les grilles de la préfecture à Mâcon a participé à faire bouger des lignes sur ce sujet et d’autres. Le préfet a déjà réuni la commission pour avancer sur les recours administratifs – trainant maires et agriculteurs jusque devant les tribunaux – suite à des imprécisions de l’administration. En attendant la réunion sur les zones humides le 5 mars, le préfet Julien Charles se veut pragmatique sur ces dossiers. Des tensions sur le terrain, au sujet de curages de fossés ou de réserves d’eau, continuent d’être recensées dans tout le département. La profession veut donc avancer avec le Préfet sur ces cas pour trouver des solutions concrètes.