Coopérative Téol
2021 année importante !

Marc Labille
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En 2021, un nouveau directeur prend ses fonctions à Téol tandis que le départ en retraite de Philippe Saudin sera une page qui se tourne dans la vie de la coopérative. Autre évènement majeur : un nouveau plan stratégique entre en vigueur pour les années à venir.

2021 année importante !
Depuis le 1er janvier, Hugues Dauzet (à gauche) est le nouveau directeur de Téol, succédant à Philippe Saudin (à droite). Au centre, le président Gilles Mazille.

2021 est une année importante pour Téol. Parmi ses faits marquants figure le départ en retraite du directeur Philippe Saudin. Après 37 ans de carrière dans la structure, c’est en effet une page de l’histoire de la coopérative qui se tourne. C’est au sein de ce qui était encore la coopérative de Luzy dans la Nièvre que Philippe Saudin est entré dans la vie de Téol dès 1984. Nommé directeur de la petite coopérative luzycoise en 1994, il a supervisé la construction de l’usine d’aliment de Luzy. En 2000, alors que le directeur d’AC2B – fruit de la fusion de quatre coops du Charolais – venait de tomber gravement malade, les présidents des deux coopératives voisines décidaient de se rapprocher. Téol est née en 2008 et Philippe Saudin a été l’artisan de cette fusion tout en devant palier la disparition du directeur d’AC2B emporté par la maladie. 

Partageant beaucoup de points communs, à commencer par un vivier d’éleveurs sur un territoire charolais homogène, les deux entités ont fait jouer leurs complémentarités : production des mashs à Charolles ; production des granulés à Luzy, remémore Philippe Saudin. Le directeur a supervisé les grandes évolutions de la coopérative charolaise : création du nouveau site de Blanzy, structuration de la plateforme logistique de Charolles, fusion avec la coopérative du Donjon dans l’Allier… 

Positionnement haut de gamme

« Nous avons fait évoluer nos outils industriels en adoptant des référentiels de qualité. Notre outil de Luzy est, par exemple, agréé pour la production d’aliment cheval pour le compte de marques nationales », rappelle-t-il. Pour maintenir ses outils et développer ses activités, la coopérative s’est volontairement positionnée sur des créneaux qualitatifs : aliment poules pondeuses, aliments agréés label rouge, tourteaux exclusivement non OGM… « Une personne a été embauchée pour gérer tout l’aspect qualité. Cela concerne l’aliment, les produits phytosanitaires et même la collecte de céréales », informe Philippe Saudin pour qui l’objectif est que « nos adhérents puissent vendre leurs produits sur toutes les filières ». Un positionnement haut de gamme assumé, qui suppose de se soumettre à un certain nombre de contraintes, pour offrir le maximum d’opportunités de marché aux éleveurs adhérents. Un véritable parti-pris qui va bien à ce territoire d’excellence qu’est le Charolais, fait valoir le président Gilles Mazille. « Nous avons voulu nous positionner par rapport à l’avenir. Demain, l’incorporation de soja importé risque d’être compliquée dans des démarches vertueuses », justifie le directeur. « Et notre aliment bénéficie d’une bonne image en conciliant la performance et un meilleur bilan carbone, cela grâce aussi à un suivi rigoureux sur la régularité », complète le président.

Taille humaine préservée

Avec sa taille humaine et son attachement à cette « Terre d’Élevage et d’Origine… », la coopérative Téol fait un peu office de résistante dans un secteur très concurrentiel en perpétuelle restructuration. Pour palier sa petite taille, elle a su adhérer à des structures collectives ; se lier avec un certain nombre de partenaires, qui lui permettent, par exemple, de disposer de la célèbre enseigne grand public « Gamm Vert ».

Très proche de ses adhérents, la coopérative charolaise doit affronter avec eux les aléas climatiques. Ces années difficiles sur le plan fourrager incitent à « un conseil adapté sur l’alimentation. Cela passe par une équipe de conseillers compétents et formés, capables d’une approche globale de l’exploitation et connaissant parfaitement les attentes des éleveurs », décrit Gilles Mazille qui évoque aussi la nécessité de sécuriser les systèmes fourragers en misant sur la génétique végétale, les récoltes de printemps, les dérobées…

Chères matières premières

La forte hausse du prix des matières premières est aujourd’hui un facteur très préoccupant pour le secteur de l’alimentation animale. « La Chine pèse très lourd dans ce marché qui est aussi très impacté par le dérèglement climatique », décrit Philippe Saudin. Céréales et protéines voient leurs prix s’envoler tandis que les fabricants d’aliments sont confrontés à une pénurie de pulpe de betteraves du fait de la sécheresse et des problèmes sanitaires sur cette culture. L’interdiction de certaines matières actives pour lutter contre les maladies fait chuter la productivité végétale, à l’instar du colza dont les surfaces s’amenuisent même à l’échelle de la zone de Téol, observe Philippe Saudin. Et ce dernier de constater que tout cela rend les approvisionnements de plus en plus difficiles, d’autant plus que les usines se sont beaucoup concentrées.

Sur un bassin très spécialisé dans l’élevage allaitant, la coopérative est aussi très au fait des difficultés de la filière, confrontée à des exploitations devant faire « face à une forte morosité ». Un fait trahit d’ailleurs assez bien les difficultés croissantes de l’élevage : alors qu’en 2003, la sécheresse conduisait les éleveurs à acheter des quantités importantes d’aliments, durant les trois dernières années sèches, les achats ont été en chute libre. « Cela traduit à la fois des difficultés de trésorerie, de la décapitalisation, des animaux moins soignés, des performances sacrifiées », analyse Gilles Mazille. Face à ce constat, le rôle de la coopérative est d’aider les éleveurs à faire jouer leur capacité d’adaptation, estiment les responsables de Téol.

Téol compte 1.800 adhérents, 75 salariés, dix sites, pour un chiffre d’affaires consolidé d’environ 27 millions d’euros et une collecte de céréales de 15.000 tonnes.

Hugues Dauzet : du Cantal à Charolles en passant par le Texas !

Hugues Dauzet est le nouveau directeur de la coopérative Téol. Âgé de 49 ans et originaire du Cantal, il est issu d’une famille d’éleveurs en race Salers. Un milieu qu’il juge « assez proche » dans l’esprit de ce qu’il vient de découvrir dans le berceau charolais. Dominés par des systèmes herbagers, les deux territoires partagent en effet « un même attachement au terroir, à la race, au foncier », observe l’intéressé. Pas dépaysé du tout, ce fils de sélectionneur, ingénieur de formation, a pourtant débuté sa carrière au Texas où il est resté un an et demi ! Là-bas, le jeune ingénieur spécialisé dans la génétique s’occupait de reproduction sur des troupeaux allaitants. De retour en France, le jeune cadre a intégré l’union de coopératives Ucear. Au bout de cinq ans passés dans la région lyonnaise, Hugues Dauzet retournait dans son Cantal natal pour prendre la direction du Herd-Book et de l’Upra Salers. Puis le président de la coopérative d’insémination Eliacoop (Drôme, Isère, Ardèche, Lozère, Dombes, Rhône) l’a convaincu de devenir son directeur et en 2010, suivant son président, Hugues Dauzet prenait la double direction de l’Ucear et de la coopérative d’insémination couvrant la Haute-Loire et le sud Puy-de-Dôme. En 2016, il accomplissait la fusion de trois coopératives d’insémination et d’élevage en une entité (XR Repro) diversifiée dans les semences, l’insémination, la reproduction et la vente d’agro-fournitures, détaille-t-il. Entrepreneur dans l’âme, Hugues Dauzet a failli un temps créer sa propre affaire. Mais il est finalement resté dans le monde agricole coopératif. Et ce qui l’a fait venir au cœur du Charolais, c’est « une coopérative (Téol) très ancrée dans son territoire » ainsi que « la personnalité de son président (Gilles Mazille) ». Séduit par l’éleveur, Hugues Dauzet a immédiatement entrevu la qualité du binôme qu’il pourrait former avec lui à la direction de Téol.  

Un projet stratégique

Devant se tenir initialement en automne dernier, les assemblées de section de la coopérative Téol se dérouleront en visio-conférence du 23 février au 10 mars. Elles seront suivies des assemblées générales ordinaire et extraordinaire le 26 mars prochain toujours par visio-conférence. Outre la prise de fonction au poste de directeur d’Hugues Dauzet succédant à Philippe Saudin, 2021 sera une année importante pour la coopérative avec la mise en place d’un « projet stratégique », confie le président Gilles Mazille. Cette nouvelle « feuille de route pour les prochaines années à venir » est le fruit d’une réflexion conduite notamment lors d’un séminaire organisé il y a 18 mois.