Flavescence dorée
Beaucoup plus de questions que de réponses

Régis Gaillard
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Même si le temps qui passe permet d’en apprendre chaque jour un peu plus, les questions demeurent encore nombreuses concernant la flavescence dorée. Comme ont pu le constater les participants au webinaire du 29 avril dernier consacré à cette problématique.

Beaucoup plus de questions que de réponses
Il reste encore beaucoup à apprendre concernant la flavescence dorée.

Animée par Héloïse Mahé du BIVB, ce webinaire a permis de faire le point sur les questions essentielles relatives à cette maladie de la vigne en compagnie de Sylvie Malembic, de l’Inrae Bordeaux, et d’Audrey Petit, de l’IFV Sud-Ouest.

Distinction flavescence dorée – bois noir

Cela a été l’occasion, dans un premier temps, de faire un distinguo entre flavescence dorée et bois noir. On notera qu’il y a les mêmes symptômes. À savoir un jaunissement de la vigne. Cela se traduit par une décoloration (rouge ou jaune), un enroulement du feuillage, un flétrissement des grappes et une absence de lignification des bois. Ces deux maladies sont causées par des phytoplasmes, c’est-à-dire de petites bactéries sans paroi qui se multiplient dans la sève élaborée de la vigne. Mais le phytoplasme de la flavescence dorée est différent de celui du bois noir. Pour diagnostiquer la maladie, il faut prélever et analyser. Ces deux maladies n’ont pas les mêmes modes de propagation. Alors que la flavescence dorée se caractérise par des foyers épidémiques générés par la cicadelle scaphoideus titanus (d’origine nord-américaine) avec une transmission de vigne à vigne, le bois noir résulte de l’action du cixxide hyalesthes obsoletus qui ne vit pas sur la vigne. Il est polyplasme. Il n’y a pas, dans ce cas, de transmission de vigne à vigne, donc pas de foyer épidémique, et les pieds contaminés sont dispersés.

Dès lors, impossible de gérer de la même manière les deux problématiques du fait d’un type de contamination différent. Alors qu’il y a une lutte obligatoire contre la flavescence dorée, ce n’est pas le cas pour le bois noir. À noter que les insecticides sont efficaces contre la flavescence dorée et inutiles contre le bois noir. La lutte contre la flavescence dorée prend la forme de prospection, d’arrachage et de plants certifiés. Pour le bois noir, il y a prospection, arrachage, plants certifiés et élimination des plantes réservoirs. On remarquera aussi que le bois noir peut masquer la présence de flavescence dorée. Un bois noir qui peut entraîner des pertes de production, qualitatives et quantitatives.

Dispersion active et passive

Pour ce qui est du parcours de la cicadelle, des études, notamment italiennes, ont été menées pour mieux appréhender sa dispersion active. Il y a une dispersion active sur de courtes distances. Une grande majorité des insectes sont ainsi retrouvés dans les parcelles à 30 m de la source originelle. La dispersion peut toutefois atteindre, dans quelques cas, jusqu’à 300 m. Quant à la dispersion passive, elle a pu prendre, en Europe, la forme d’œufs installés sur les bois de vigne (avant que les traitements insecticides ne deviennent obligatoires dans les pépinières). Mais la cicadelle peut aussi être propagée par les vents et le matériel. Quant au traitement à l’eau chaude, il permet d’éliminer les phytoplasmes des bois de vignes en dormance. Pour ce qui est de la reprise dans les champs, le traitement à l’eau chaude entraîne un retard de débourrement. Mais cela n’a aucun impact à 50 jours.

Alors que les produits conventionnels sont efficaces à près de 100 %, les pyrèthres naturels offrent de moindres résultats. En terme de lutte alternative, des essais ont été et sont menés au niveau des larvicides, de la chaux, des huiles parafiniques, de la lutte biologique par augmentation ou encore du retrait mécanique du rythidome. Avec, pour l’instant, peu de résultats concluants. À noter que pour les insecticides conventionnels, il y a un vrai risque d’apparition de résistance. Par ailleurs, il y a un réel intérêt à prospecter dans des zones indemnes de contamination. En effet, il y a de vrais risques de transferts avec, par exemple, des plantes réservoirs. Comme on a pu le constater lors d’une étude menée à Saint-Aubin avec les clématites.

Afin de lutter contre la flavescence dorée, les professionnels disposent de plusieurs outils. Qu’il s’agisse de l’application smartphone de signalement et de la gestion par QRcode lors de la prospection (utilisée sur dix communes en 2020). Sans oublier l’évaluation et le perfectionnement de l’imagerie pour la détection automatisée des ceps symptomatiques.