Plan national dépérissement du vignoble
La Bourgogne comme élément moteur

Régis Gaillard
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Les chiffres sont implacables. En dix ans, 19 % de la surface des vignes mères de greffon a disparu. Et le dépérissement est responsable d’une perte de rendement annuel de 4,6 hectolitres par hectare. Face à cette situation qui ne fait que s’aggraver, il était urgent d’agir. C’est pour cela qu’a été mis en place un Plan national dépérissement du vignoble. Avec, parmi les régions moteur, la Bourgogne.

La Bourgogne comme élément moteur
Le dépérissement génère une importante perte de rendements. Et donc de rentabilité pour les entreprises.

Le Plan national dépérissement du vignoble (PNDV) est piloté dans le cadre du Cniv par un conseil de surveillance assisté d’un directoire technique. Ces deux organes s’appuient sur un conseil scientifique dont les membres sont nommés par le ministère de l’Agriculture ainsi que sur un comité mixte de suivi qui associe tous les partenaires, notamment l’IFV (Institut français de la vigne et du vin), l’Inrae (Institut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), la FFPV (Fédération française de la pépinière viticole), les chambres d’agriculture ainsi que les acteurs du conseil, du développement, de la formation... Le PNDV est conduit par une équipe de quatre directeurs techniques d’interprofessions, en charge des quatre ambitions. Il est piloté par Christophe Riou, délégué mission dépérissement, assisté d’Anastasia Rocque, chargée de mission. L’équipe ainsi constituée propose et met en œuvre les décisions du conseil de surveillance. Un PNDV lancé en 2017 et qui arrive à terme en cette fin d’année 2021, avec la Bourgogne parmi les régions leader sur le plan national, une région largement concernée par la problématique du dépérissement.

Quatre grandes ambitions

Le PNDV s’est structuré autour de quatre grandes ambitions. L’ambition numéro un résidait en la mise en place d’un réseau d’acteurs pour promouvoir la formation et le transfert des bonnes pratiques. « Pour mobiliser les acteurs au niveau collectif et individuel, il faut permettre la prise de conscience autour des enjeux et des risques liés aux dépérissements. La sensibilisation et l’appropriation du Plan passe par le relai d’informations par tous les vecteurs utilisables : formations, réunions professionnelles, réseaux sociaux, presse spécialisée, etc. ». Avec, à la clé, un site Internet, véritable plateforme collaborative, devenu au fil des mois absolument central dans la démarche. « Il permet aussi le partage de connaissances et encourage la technicité des opérateurs ». La deuxième ambition du PNDV concernait la production des plants en partenariat avec la pépinière viticole. « Les dépérissements exacerbent les enjeux d’approvisionnement en matériel végétal. Quantitativement, la demande en plants est augmentée du fait des besoins d’arrachage et de complantation. Qualitativement, il faudra disposer demain de cépages adaptés aux enjeux épidémiologiques et du changement climatique. Trois chantiers sont prioritaires pour desserrer les contraintes pesant sur la filière. Il faut favoriser l’augmentation des surfaces de vignes-mères dans un modèle de production sécurisé et novateur. Cela devra se faire en construisant une relation de partenariat « gagnant-gagnant » avec la pépinière viticole. Enfin, il faut encourager l’évolution du cadre réglementaire en faveur de l’expérimentation ». Pour ce qui est de la troisième ambition, il s’agissait de mettre en musique une coordination de réseaux d’observation du vignoble pour anticiper les crises et identifier des actions correctrices « Mettre en réseau les différents dispositifs de suivi de l’activité viticole en régions et s’en servir collectivement va permettre de renforcer la capacité de la filière à anticiper. Qu’elles concernent les causes directes du dépérissement, le constat de dysfonctionnement d’un pied de vigne ou le suivi précis de critères nécessaires à une étude scientifique (température, stress hydrique, etc.), la valeur de ces données s’accroit lorsqu’elles sont partagées dans une logique de réseau de réseaux ». Quatrième et dernière ambition, le développement d’une recherche répondant aux attentes de la filière, dans un partenariat renouvelé avec le monde scientifique. « En se dotant d’un plan de Recherche-Innovation-Développement ambitieux, la filière a affirmé sa volonté d’être un interlocuteur à part entière de la communauté scientifique. Cinq axes de recherche structurent ce plan, dans une démarche de co-construction entre la communauté scientifique et les intérêts professionnels : la relation entre rendement et longévité en lien avec les processus physiologiques, l’écosystème racinaire et les composantes du sol, la prévention et la maîtrise des risques biologiques, la maîtrise du matériel végétal et les leviers socioéconomiques ».

Vers un nouveau PNDV

Alors que le premier PNDV arrive bientôt à son terme, il est désormais temps de construire le second. Avec, notamment, des réunions – a priori au mois de juin en Bourgogne – rassemblant les professionnels pour la future période 2021-2024 (2025 ?). L’idéal pour chacun de s’exprimer et d’identifier les priorités d’actions ainsi que les recherches à privilégier. Par la suite, il devrait y avoir un « PNDV Tour » dans différentes régions hexagonales. L’occasion de faire le bilan, en présentiel, des résultats du PNDV 2017-2021 tout en se projetant sur l’avenir et en travaillant le deuxième volet du PNDV version 2021-2024.