Les brèves du 12 juin 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 12 juin 2023

Les brèves du 12 juin 2023

Stratégie climat : le gouvernement détaille son plan pour l’agriculture

À l’occasion d’un Conseil de planification écologique, tenu le 8 juin, le ministre de l’Agriculture et le secrétaire général à la Planification ont détaillé leurs hypothèses provisoires pour la nouvelle Stratégie nationale bas carbone (SNBC 3) en agriculture, et leurs orientations pour tenir ces objectifs, sans annoncer pour l’instant de nouvelles mesures concrètes. Pour la première fois dans les discussions portant sur la SNBC, notent les observateurs, il ne fut pas seulement question de production mais aussi de consommation, notamment pour l’équilibre animal/végétal. Côté engrais, la piste d’un « bonus-malus » selon l’empreinte carbone, a été de nouveau évoquée ; une baisse de 30 % des engrais de synthèse est visée à l’horizon 2030, par « l’optimisation », l’essor des « légumineuses », les « couverts » et la « méthanisation ». De nouveaux gisements sont visés pour l’azote, tels que les biodéchets (6,7 Mt/an grâce à la généralisation du tri à la source en 2024) et les effluents humains (150 à 200ktN). En cultures végétales, le gouvernement vise 4,8 millions d’hectares de légumineuses en 2030 – notamment en « encourageant » leur consommation –, mais aussi 21 % d’agriculture biologique et 30 % d’agriculture « bas intrants ». Pour ce faire, l’exécutif met notamment en avant son actuelle déclinaison de la Pac 2023-2027, au regret des ONG et de la Confédération paysanne, qui souhaiteraient une révision rapide.

 

… baisse des cheptels, additifs, 5000km de haies/an, 20 % de tracteurs ENR

Côté élevage, le gouvernement vise une « poursuite des tendances » en productions bovines (en phase de décapitalisation ces dernières années), une baisse de 8 % en porcin et une « stabilité » en volailles (les unités ne sont pas précisées). Les changements attendus sont le développement du pâturage ou des additifs anti-méthane, ainsi qu’une montée en gamme. Les mesures envisagées sont une « simplification » du label bas carbone, un soutien aux investissements (ex. couverture de fosse), au conseil et à la recherche. Le dernier des grands dossiers porte sur l’énergie : le gouvernement s’attend à des économies d’énergies dans les bâtiments/serres, et engins, notamment 20 % du parc de tracteurs en énergie renouvelable, et réfléchit notamment à développer le biodiesel. Les mesures liées à l’énergie seront précisées dans le cadre de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Enfin, le gouvernement s’attend grâce à son futur Pacte pour les haies, à planter plus de 5000 km/an de haies, mais aussi 10 000 km/an d’agroforesterie intraparcellaire. Enfin il prévoit 4,8 millions d’hectares de cultures intermédiaires d’ici 2030 - sans préciser s’il s’agit exclusivement de cultures à vocation énergétique (300 000 hectares en 2020).

 

Similis de lait : une demande d’autorisation pour des protéines in vitro déposée en Europe

L’entreprise américaine Perfect Day a déposé un dossier auprès de l’Union européenne afin d’obtenir une autorisation de mise sur le marché pour ses protéines de lait fabriquées en laboratoire par fermentation de précision, confirme la Commission européenne à Agra Presse. Selon le consultant Christophe Lafougère (entreprise Gira), une seconde entreprise aurait soumis sa candidature pour entrer sur le marché européen. La Commission n’a pas donné de précision sur cette information. Dans le cadre de la procédure « Novel food » (« nouvel aliment »), l’exécutif européen réalise une première évaluation de la demande. Le dossier est ensuite transmis à l’Efsa (Autorité européenne de la sécurité des aliments) pour une étude plus approfondie. Aucun dossier n’est pour le moment parvenu jusqu’à ce stade, indique l’Efsa. Perfect Day fabrique de la bêta-lactoglobuline, une protéine présente dans le lactosérum. Les protéines sont commercialisées aux États-Unis en tant qu’ingrédient, principalement dans des glaces. Perfect Day a récemment noué un partenariat avec Bel pour intégrer ses protéines dans les alternatives végétales au fromage du groupe français aux États-Unis, notamment la gamme Nurrish. D’après Christophe Lafougère, quatre pays autorisent la vente de protéines de lait fabriquées par fermentation de précision : les États-Unis, Singapour, Israël et l’Inde, où Perfect Day possède une usine.

 

Influenza : dédensification estivale pour les canards gras en Pays de la Loire

Afin de réduire le risque de flambée d’influenza aviaire, les mises en place de canards mulards (élevés pour le foie gras) cesseront temporairement à partir de la semaine 32 (du 7 août) dans les 45 communes les plus denses des Pays de la Loire, a indiqué Marie-Perre Pé, directrice du Cifog (interprofession du foie gras), le 9 juin à Agra Presse. Cette dédensification sera précédée par une baisse progressive de la production, et elle durera jusqu’à la mise en place de la vaccination, prévue pour octobre. Selon Marie-Pierre Pé, le Cifog et le Cicar (interprofession du canard à rôtir) se sont entendus sur « un objectif commun de ne pas mettre en place d’animaux non vaccinés à partir du 1er novembre ». De son côté, la filière du canard à rôtir a décidé, en mai, une dédensification similaire à partir de la semaine 27 (du 3 juillet). Concernant les canards mulards, la décision a été « prise au niveau des organisations de producteurs les plus représentatives » et « présentée au ministère de l’Agriculture », rapporte Mme Pé, car la filière demande une indemnisation pour cette mesure de « prudence ». D’après elle, la zone concernée compte « quatre fois plus de canards à rôtir que de canards gras », soit environ 1,75 million de canards gras par an (en temps normal).

 

Foncier : les chambres d’agriculture appellent à rectifier la proposition de loi sur le Zan

Examinée à partir du 13 juin par les députés de la commission du développement durable, la proposition de loi (PPL) visant à faciliter la mise en œuvre des objectifs de « zéro artificialisation nette » (Zan) représente « une menace pour la sauvegarde des terres agricoles », selon Chambres d’agriculture France. L’organisme est contre l’enveloppe minimale d’artificialisation de 1 ha pour chaque commune, qui « pourrait favoriser le mitage et freiner la densification », souligne un communiqué le 9 juin. Et de proposer que seules en bénéficient les « petites communes rurales porteuses de projets de territoires, dans un cadre intercommunautaire ». Les chambres veulent rétablir le classement « artificialisé » des surfaces à usage résidentiel, de loisirs, ou d’infrastructure de transport couvertes par de l’herbe. Concernant les bâtiments agricoles, elles proposent de ne pas les comptabiliser dans le compteur d’artificialisation au niveau communal mais national. Les chambres s’opposent à l’instauration, pour les collectivités, d’un droit de préemption sur les espaces propices à la renaturation ou au recyclage foncier, qui « complexifierait les procédures et remettrait en cause les droits du fermier et de la Safer ».

 

Inflation : les fruits et légumes transformés demandent à être exclus des renégociations

L’interprofession des fruits et légumes transformés (Anifelt) plaide, dans un communiqué du 5 juin, pour que la filière soit exclue, au même titre que le lait, des renégociations commerciales appelées de leurs vœux par le gouvernement et la grande distribution. Une « dizaine d’entreprises exerçant toute ou une partie de leur activité dans le secteur » est concernée par les engagements pris par l’Ania et l’Ilec, mi-mai. Ces organisations ont assuré que les 75 plus gros fournisseurs de la grande distribution rouvriraient leurs contrats, sous certaines conditions. Au-delà des grands industriels, « la distribution fait également pression sur un grand nombre de PME et ETI du secteur pour rouvrir les négociations, sans compter les contrats avec les fabricants de MDD que les enseignes cherchent également à baisser », déplore l’Anifelt auprès Agra Presse. Or, « les coûts de production des entreprises de la filière n’ont pas baissé à date », argue l’interprofession. Réunis à Bercy le 8 juin, les plus grands industriels se sont de nouveau engagés à renégocier leurs tarifs à la baisse, a indiqué le ministre de l’Économie Bruno Le Maire sur BFM TV, le 9 juin. « Je dis aux Français que dès le mois de juillet, sur un certain nombre de références et de produits, les prix baisseront. Et nous le vérifierons, et nous sanctionnerons ceux qui ne jouent pas le jeu », assure-t-il.

 

Erratum sur le rachat du fabricant d’alternatives végétales au fromage Jay & Joy

Contrairement à ce qui a été indiqué dans l’Agrafil du 9 juin, l’offre de reprise Jay & Joy est portée uniquement par l’ancien collaborateur de McKinsey César Augier qui prend la direction de la start-up spécialisée dans les alternatives végétales au fromage, a rectifié l’AFP après un communiqué de l’entreprise. Cette dernière précise que les fondateurs du fabricant de substituts végétaux à la viande Happyvore, Guillaume Dubois et Cédric Meston, font partie des investisseurs ayant participé à la levée de fonds de 2 M€, annoncée la veille.