Agriculturez-vous
Entre attraction et conflits de voisinage, la Saône-et-Loire ressort gagnante au final !

Cédric MICHELIN
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La première émission 2022 de nos plateaux TV, Agriculturez-vous, actuellement disponible sur les réseaux sociaux (YouTube, Facebook), était consacrée à l’attractivité de la Saône-et-Loire. Avec en toile de fond, la question des relations avec l’agriculture et la viticulture. Dans un sens comme dans l’autre, y-a-t-il des effets positifs et comment désamorcer les conflits naissants ?

Entre attraction et conflits de voisinage, la Saône-et-Loire ressort gagnante au final !

Pour y répondre, quatre invités de divers horizons. Représentant la chambre d’Agriculture, Marc Sangoy, secrétaire général et vigneron à Bissy-la-Mâconnaise avec à ses côtés, Jean-François Farenc, maire de Blanot et président de l’Union des communes rurales de Saône-et-Loire (UCMR 71). En face sur la table ovale du plateau TV, Jean-Patrick Courtois, maire de Mâcon et président de la communauté d’Agglomération du Mâconnais-Val de Saône (Camval) et Carine Targe, directrice générale adjointe à l’Attractivité au Conseil Départemental de Saône-et-Loire.
Depuis les confinements avec la pandémie de Covid, beaucoup de concitoyens semblent aspirer à des changements dans leur vie professionnelle (télétravail…) et familiale (maison avec jardin…). Ce qui n’est pas sans poser de nouvelles questions à la ruralité et à tous ceux qui y travaillent, à commencer par les agriculteurs et viticulteurs. Avec ses axes de circulation (autoroutes, voies ferrées…) et sa proximité de Lyon ou Paris, la Saône-et-Loire est idéalement située, mais reste parfois une terre de passage.

Entrées par le bon goût du terroir

Pour Marc Sangoy, pas de doute, agriculture et viticulture contribuent à attirer touristes et habitants. Bocage Charollais, vignes et « étendues » de céréales façonnent de magnifiques et variés paysages. Des paysages qui de surcroît recèlent de nombreux produits de qualité, à commencer par les AOP Gourmandes : volailles de Bresse, AOP Bœuf de Charolles, Crèmes et beurre de Bresse, les fromages de chèvre Mâconnais et Charolais et bien entendu, les vins AOC de la Côte Chalonnaise, du Couchois et Maranges, du Tournugeois, du Mâconnais et du nord Beaujolais.

Tout n’est pas parfait toutefois, « on n’attire jamais assez de touristes, c’est pour cela qu’on y travaille », motivait Marc Sangoy citant la mise en avant des circuits courts, complétant parfaitement l’offre de gîtes et balades gourmandes. Clin d’œil au Maire de Mâcon, tous les amateurs de vins de Bourgogne attendent avec impatience, en 2023, l’ouverture de la Cité des vins à Mâcon qui servira de « porte d’entrée au Sud » pour les touristes voulant visiter les vignobles et domaines. L’occasion d’un parcours pédagogique sur les métiers de la vigne et du vin aussi. « Subtilités, art de vivre, architecture… » seront expliqués. Pour Jean-Patrick Courtois, cette Cité à vocation à renforcer encore le travail avec les communes rurales alentour, lui l’ancien élu rural de Dompierre-les-Ormes. Il le redit depuis des décennies, lui qui a été longtemps sénateur de la République : « la commune rurale n’a aucun avenir sans les villes mais les villes n’ont aucun avenir sans les communes rurales. Il ne faut pas opposer, ni se tromper de combat ».

Toutes les maisons vendues

Un message qui plaît à Jean-François Farenc et aux 500 communes rurales de moins de 2.000 habitants en Saône-et-Loire. Les deux tiers adhèrent à l’UCMR71 pour les services que l’association qu’il préside leur apporte. L’attractivité semble bien réelle, surtout depuis le Covid-19, « avec mes collègues, on avait des maisons à vendre, c’est tout vendu » aujourd’hui en 2022. Même si ce n’est pas facile de généraliser, il s’agit principalement « d’urbains, des métropoles, qui vont faire en partie du télétravail, vivant en Saône-et-Loire 2-3 jours par semaine », rejoignant les saône-et-loiriens des villes moyennes fondant leurs familles « à la campagne, non loin de la ville » et de leurs emplois « souvent à la ville » toutefois.

Résorption des déserts médicaux

Déjà prégnante avant, la question de la connexion numérique devient essentielle pour les télétravailleurs, tout comme la téléphonie mobile et les besoins scolaires pour les enfants. Plus récent, la problématique des déserts médicaux est devenue une préoccupation des nouveaux habitants aussi. Le Département de Saône-et-Loire l’avait bien anticipé dès 2018 et a été pionnier en France avec son organisation et construction de Maisons de Santé, redonnant un maillage territorial plus dense avec 70 médecins « généralistes et spécialistes », précisait Carine Targe. Avec cet accès aux soins en voie d’amélioration, « même s’il reste des zones blanches », note l’UCMR71, l’aménagement des territoires de Saône-et-Loire reste « prioritaire » pour le Département.

Mettre la campagne sous cloche ?

Avec ces nouvelles arrivées et pas que, il y a quelques années, des conflits nouveaux sont apparus, les « néoruraux ou rurbains connaissent mal les travaux » et avaient besoin d’explications. La profession agricole et viticole n’y a pas échappé et a organisé des réunions, avec l’aide des Maires ruraux et des services de la Préfecture parfois, sur les « conflits » autour des traitements phytosanitaires. Le résultat final est satisfaisant et le dialogue se poursuit avec l’application Agricivis. De quoi, répondre aux « sensibilités écologiques » avec toujours la Charte des bonnes pratiques agricoles et viticoles, puisque la Saône-et-Loire a été le premier département de France a s’en doter, avant même les chartes ZNT riverains. « Ces gros efforts des professionnels doivent être partagés » insistait Jean-François Farenc plaidant pour que les Maires prennent là leur rôle de « médiateur » entre les populations. « On appelle à la raison », concluait-il sobrement. « La campagne a des bruits différents de la ville et ce n’est pas vrai de dire que la campagne est calme », rajoutait Jean-Patrick Courtois, dans un souci d’égalité ville-campagne. Un message de tolérance utile pour la vie économique rurale.
Avec de tels messages positifs, la promotion de la Saône-et-Loire est bien engagée et se retrouve dans l’application du Département Route 71 qui fait la promotion des joyaux touristiques, à commencer par les produits du terroir. Une campagne de communication dans les métros Parisiens et Lyonnais va mettre en avant les paysages de Saône-et-Loire cet été avec toute « l’authenticité et le bien-être » à vivre ici dans le but d’avoir des retombées touristiques - « très bonnes déjà » - mais avec aussi « l’ambition du Conseil départemental de développer l’attractivité résidentielle » avec des habitants heureux profitant « d’une vie culturelle et associative riche » dans tous les territoires. Le Département a d’ailleurs créé un « nouveau service d’appui aux associations qui ouvrira le 1er septembre », dévoilait Carine Targe. La boucle de l’attractivité est ainsi en train de se boucler et semble bien complémentaire pour une Saône-et-Loire toujours plus attractive.