Épandeurs à fumier
Les deux composantes indissociables de la précision

Marc Labille
-

Par nature le fumier est un produit hautement hétérogène d’où une précision d’épandage difficile à maîtriser. Deux étapes indissociables permettent de corriger cette irrégularité de travail. La première consiste en un « suivi volumique » et la seconde assure un « débit massique constant ».

Les deux composantes indissociables de la précision
Sans organe de régulation spécifique, un épandeur se vidange irrégulièrement comme le montre la courbe verte. Le premier niveau de régulation consiste à corriger la variabilité instantanée pour atteindre la courbe orange. La seconde étape consiste à corriger le débit volumique moyen ce qui revient à atteindre la courbe bleue.

Du fait des caractéristiques hétérogènes du fumier, le travail des épandeurs est par nature assez irrégulier. « Sans organe de régulation spécifique, un épandeur se vidange irrégulièrement », confirme Emmanuel Piron de l’Inrae. Cette irrégularité au cours de l’épandage est matérialisée par la courbe verte du schéma ci-dessous. Le début de la vidange se caractérise par « une zone d’amorçage plus ou moins longue » (la courbe monte progressivement). Succède un « plateau variable », en dents de scie. Puis la vidange entame « une lente décroissance ». Ce profil correspond d’ailleurs peu ou prou à celui du tas de fumier tel qu’il se présente dans l’épandeur et tel qu’il aborde les hérissons.

Pour améliorer la précision d’épandage, il faut agir simultanément sur deux paramètres : la maîtrise de la dose moyenne épandue par hectare et la régularité de répartition de cette dose maîtrisée sur l’ensemble de la parcelle ; « il s’agit autrement dit de réellement maîtriser le débit », explique Emmanuel Piron.

Corriger la variabilité instantanée…

Il faut d’abord réduire la variabilité instantanée ; c’est à dire corriger l’aspect chahuté de la courbe verte pour l’amener vers la forme plus lisse et rectangulaire de la courbe orange.

Pour corriger la variabilité instantanée, les constructeurs font appel à différentes technologies qui ont prouvé leur efficacité. Le tablier accompagnateur consiste en un fond de caisse qui accompagne le fumier en mouvement jusqu’aux hérissons, ce qui évite l’éboulement du produit dans la caisse et donc cette phase de décroissance à la fin de la vidange. Le suivi de contour est quant à lui une technologie « valorisant la porte arrière comme organe de régulation du flux de fumier, en venant araser le produit juste avant qu’il ne soit pris en charge par les éparpilleurs. La gestion automatisée de la hauteur de cette porte permet une maîtrise très fiable de la section de produit qui arrive aux hérissons, et donc du débit volumique », indique Emmanuel Piron.

Puis corriger le débit moyen

La seconde étape de la régulation consiste à corriger le débit volumique moyen de l’épandeur ainsi obtenu pour l’amener à la valeur adaptée (ou cible), ce qui revient à atteindre la courbe bleue du schéma. C’est là que la pesée embarquée entre en scène car il faut pouvoir estimer correctement la masse volumique du produit épandu.

Les deux aspects de la régulation (correction de la variabilité instantanée et maîtrise du débit) sont indissociables et hautement complémentaires, estiment les experts. L’un ne va donc pas sans l’autre. Aussi, pour Emmanuel Piron, bien que certains constructeurs le revendiquent, une pesée dynamique utilisée seule ne permet pas d’atteindre les objectifs de précision. Cela n’a en tout cas jamais été validé sur le banc d’essai de l’Inrae.

« Certains constructeurs parviennent à atteindre ce double objectif de précision grâce à la combinaison d’organes de suivi volumiques (tablier accompagnateur, suivi de contour) et de débit massique (pesée embarquée). Cela ne nécessite pas forcément un dispositif très coûteux comme la pesée dynamique », conclut Emmanuel Piron.