Certification Éco-épandage
Un saut qualitatif en matière de précision

Marc Labille
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La certification éco-épandage a été conçue pour les épandeurs à fumier et les tonnes à lisier. Les matériels qui peuvent se prévaloir de ce label offrent un véritable saut qualitatif en matière de précision d’épandage. Explication.

Un saut qualitatif en matière de précision
Le banc d’essai de l’Inrae dans l’Allier où les épandeurs sont testés dans le cadre de la certification « éco-épandage ».

La certification éco-épandage a été mise en place en 2010, encouragée par le syndicat français des industriels de l’agro-équipements (Axema). À l’époque, soucieux d’une meilleure maîtrise des doses dans une optique d’agro-écologie, deux constructeurs de matériel d’épandage planchaient sur un référentiel plus exigeant que les normes en vigueur. Autour de ces concepteurs d’épandeurs et de tonnes à lisier, est né un projet collaboratif impliquant, outre Axema, l’Irstea (institut de recherche sur les agro-équipements aujourd’hui intégré à l’Inrae), VetagroSup, la chambre d’agriculture de Bretagne et un organisme certificateur indépendant Certipaq. Ensemble, ils ont mis au point une procédure de certification des machines qui est une démarche volontaire destinée aux constructeurs. Pour être certifiées « éco-épandage », les machines candidates doivent satisfaire à des critères et exigences deux fois plus sévères que les normes habituelles.

Passage au banc d’essai

Pour faire certifier un épandeur ou une tonne à lisier, les constructeurs ont à déposer un dossier auprès de l’organisme certificateur. Les machines sont testées sur le banc d’essai de l’Inrae dans l’Allier. « Les matériels sont testés avec deux produits différents, de masse volumique différente. Ils subissent deux essais ; à faible et à fort débit ainsi qu’en mode DPA (débit proportionnel à l’avancement). Ils subissent plusieurs séries de mesures. Pour que les matériels puissent être certifiés, il faut que tous les résultats soient meilleurs que les seuils minimums à atteindre », explique Emmanuel Piron de l’Inrae.

Les tests de la certification évaluent pour la première fois, de manière objective et scientifique, la précision de travail d’un épandeur ou d’une tonne à lisier. « On vérifie que la machine est capable de maîtriser la dose moyenne épandue par hectare et on vérifie aussi la qualité de la dispersion du produit ; autrement dit que le fumier ou le lisier soit épandu avec la plus grande régularité possible sur la parcelle. Ce test est réalisé à vitesse constante et à vitesse variable lorsque le DPA est activé », explique Emmanuel Piron.

Audit du constructeur

Le protocole évalue aussi l’impact de la machine sur le sol (tassement) : respect d’une pression exercée par les pneumatiques au sol inférieure à 1,5 bar et charge maximale à l’essieu inférieure à 13 tonnes.

Le processus de certification implique un audit de l’usine du constructeur. « Cela permet notamment de s’assurer que tous les épandeurs d’une série ont bien des caractéristiques identiques », commente Emmanuel Piron. L’audit porte aussi sur le suivi des pièces détachées, l’électronique, l’informatique de pilotage, la notice d’utilisation, la formation que le constructeur doit dispenser à l’utilisateur à la livraison de l’outil.

La certification éco-épandage est attribuée de manière objective et indépendante par Certipaq. Ce dernier accompagne les constructeurs très en amont de la certification. Trois constructeurs français ont, à ce jour, acquis la certification pour des machines d’épandage. Cette marque leur permet de faire valoir le haut niveau de performance de leurs matériels grâce à un protocole de certification objectif et impartial. Pour l’utilisateur ou l’acquéreur potentiel, le label éco-épandage offre toutes les garanties de maîtrise des doses épandues et de respect du sol grâce à des tests sur un banc d’essai. Et il engage le constructeur dans une exigence de qualité tout au long de la vie de la machine.

Environnement, maîtrise des charges

« Encore trop peu reconnue, cette certification présente pourtant la garantie d’un véritable saut qualitatif en ce qui concerne les performances d’épandage des produits organiques », assurent les partenaires de cette démarche collective.

Un progrès dans l’air du temps alors que la pression environnementale monte et que la maîtrise des charges est le défi de toutes les exploitations d’élevage. De fait, les engrais organiques que sont « les fumiers et les lisiers représentent de la valeur fertilisante gratuite qu’il faut optimiser », argumente Emmanuel Piron. Et « plus cette matière organique est régulièrement répartie dans la parcelle, moins il y aura besoin d’apporter un engrais compensatoire », fait valoir l’expert. Sur le plan environnemental, la certification éco-épandage peut être une condition pour l’attribution de certaines aides, complète Emmanuel Piron.