EXCLU WEB / Energie : l’appel au secours de la filière alimentaire

Christophe Soulard 
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Dans un communiqué commun, sept organisations, la FNSEA, la Coopération agricole, les représentants des industries de l'agroalimentaire (ADEPALE, ANIA, ILEC, FEEF) avec Perifem, le conseil technique de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD) ont appelé « au secours » concernant la hausse des coûts de l’énergie. L’inquiétude monte un peu plus chaque jour à tous les maillons de la chaîne. 

EXCLU WEB / Energie : l’appel au secours de la filière alimentaire

C’est une crise à laquelle personne ne s’attendait vraiment il y a un an, alors même que s’éloignait le spectre du Covid. Les prix de l’énergie avaient certes commencé à grimper car la reprise économique nécessitait de répondre à de nombreuses demandes. La guerre en Ukraine et les sanctions contre la Russie sont venues rebattre les cartes au point qu’aujourd’hui tous les acteurs de la filière agroalimentaire estiment la hausse de l’énergie (gaz et électricité) totalement « disproportionnée ». Tous pointent de sérieux risques pour eux-mêmes et pour le consommateur final : ruptures de production, rupture d’approvisionnement, hausse du panier moyen, conséquences sur l’emploi etc. Interrogée sur BFM Business le 6 octobre, Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA, a estimé que cette crise énergétique pouvait sans doute être « plus grave que celle du Covid » et a parlé « d’urgence absolue ». En effet, à la production, les endives ont besoin d’énergie pour pousser. La conservation des fruits et légumes en atmosphère contrôlée nécessitent d’imposants frigos. « Les vaches n’arrêtent pas de produire le lait donc il faut le collecter tous les jours et le transformer. C’est pareil pour les betteraves ou les pommes de terre. Pour transformer une betterave en sucre semoule, il y a beaucoup de processus de transformation, beaucoup d’énergie et donc nous sommes pleinement impactés », a indiqué Christiane Lambert, le 7 octobre dans l’émission "Charles Matin", sur RMC.

Tarif réglementé 

« Si on doit impacter le coût réel de l’énergie de nos nouveaux contrats, qui sont multipliés par cinq, par huit ou par dix, nous ne pourrons pas. On ne va pas vendre la baguette 10 euros ou le kilo de pommes 20 euros, le consommateur ne s’y retrouvera pas », a-t-elle ajouté. Une manière de dire que chacun tout au long de la filière doit prendre sa part, que les agriculteurs y sont prêts et que d’autres (sous-entendu les distributeurs) seraient bien inspirés de jouer le jeu. L’énergie représente environ un tiers des coûts de production des agriculteurs et ces derniers augmentent « entre 5 % et 30 % selon les produits ou services concernés ». En bout de chaîne, « les consommateurs doivent s’attendre à payer leur panier moyen de courses quotidiennes 15 % de plus », indique le communiqué commun.

Les organisations signataires demandent donc au gouvernement la mise en place d'« un tarif réglementé d'urgence accessible à toutes les entreprises », quelle que soit leur taille, « pour la durée de la crise ». Ce niveau de tarif doit « être égal à la moyenne pondérée des coûts de production de l’électricité en France », ajoutent-elles. De même, ces organisations entendent bénéficier d’un prix plafond sur le gaz. Par l’intermédiaire de son porte-parole, Olivier Véran, le gouvernement a tenté d’être rassurant : « Nous allons plafonner les prix. D’ici à la fin octobre, nous aurons des mécanismes en place qui permettront de retrouver des eaux plus calmes pour les prix du gaz et de l’électricité », a-t-il affirmé le 7 octobre sur BFMTV.

L’enjeu énergétique renvoie à celui de la souveraineté alimentaire. « Ce que nous ne produirons pas chez nous, nous serons contraints de l’importer », a déclaré Christiane Lambert, le 7 octobre, sur Europe 1. 

Energie : Des capacités de production réduite 

Début octobre, sur les 56 réacteurs nucléaires en service que compte la France, 31 sont arrêtés : 16 pour maintenance ou maintenance courante, 14 pour des contrôles relatifs au problème de corrosion sous contrainte et deux pour économie de combustible, « afin d'optimiser leur disponibilité cet hiver ». Le parc nucléaire fournit 70 % de l'électricité en France.