EXCLU WEB / Œufs : les producteurs satisfaits mais vigilants

Christophe Soulard 
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Le Comité national de promotion de l’œuf (CNPO) a organisé le 5 octobre une conférence de presse pour présenter les chiffres de la filière. Si ces derniers sont bons, les producteurs restent attentifs aux évolutions de la grippe aviaire et de la hausse des coûts de production.

EXCLU WEB / Œufs : les producteurs satisfaits mais vigilants

Les producteurs d’œufs ont de quoi se réjouir. Les chiffres présentés par le CNPO portent à l’optimisme avec une hausse des achats des ménages de +2,7 % sur les huit premiers mois de l’année 2022 comparée à la même période de l’année de référence 2019. « Ces achats ont été tirés par la hausse des achats d’œufs de poules élevées au sol (+187 %), en plein air (+19 %) et en bio (+ 4 %). Les achats d’œufs retrouvent leur rythme de croissance pré-Covid », a indiqué Yves-Marie Beaudet, président du CNPO. Répondant aux attentes des consommateurs en matière de bien-être animal et en qualité, les œufs dits alternatifs prennent toujours plus le pas sur les œufs issus de poules en cages. « Ils représentent aujourd’hui 67 % du mode de production en France contre une moyenne européenne de 58 % », a précisé Yves-Marie Beaudet. Depuis 2013, les élevages en cage disparaissent au rythme de 9 % chaque année et son remplacés par des élevages bio (+11 %), Label rouge (+4 %), plein air (+ 9 %) et au sol (+ 15 %). Présenté comme le produit anticrise par excellence, car financièrement abordable et nutritionnellement complet, il est considéré par 91 % des Français (*) comme « incontournable ».

Lourds investissements

Malgré ces bons résultats et cette bonne notoriété, les producteurs d’œufs restent sur le qui-vive avec une grippe aviaire qui reste toujours présente, notamment dans la faune sauvage. Les aviculteurs appellent d’ailleurs à « la plus grande vigilance » en mettant les animaux à l’abri, en appliquant les mesures de biosécurité et en renforçant les autotests. « Tout le monde est en alerte maximale », a rappelé Yves-Marie Beaudet. Il a aussi écrit au président de l’Association des maires de France pour qu’il demande aux maires de renforcer la vigilance des basses-cours des particuliers, elles aussi susceptibles de propager ce virus (lire encadré). Les éleveurs de volailles s’inquiètent aussi de la hausse de leurs coûts de production consécutive au renchérissement de l’alimentation animale et de la hausse des coûts de l’énergie, avec des coûts du gaz multipliés par dix et ceux de l’électricité multipliés par trois. La filière doit aussi faire face au surcoût de l’élimination des poussins mâles qui « nécessitent de lourds investissements dans les couvoirs, de l’ordre de 50 millions d’euros sur une année, soit près d’un million d’euros par semaine », a souligné Yves-Marie Beaudet. Mais comme seules la France et l’Allemagne sans doute rejointes par l’Italie en 2026 sont les seuls pays à s’engager dans cette démarche, les professionnels de l’œuf craignent une distorsion de concurrence. En effet, « le poussin coûte 0,85 euros pièce à l’achat. L’ovosexage s’élève lui à 1,10€/poussin », a précisé le président du CNPO qui demande « une harmonisation européenne ». 

(*) Selon une enquête CSA de mai 2022

 

Un marché mondial sous tension 

Inflation, guerre en Ukraine et influenza aviaire bouleversent le marché mondial de l’œuf. Ce sont plus de 100 millions de poules pondeuses qui ont été éliminées dans le monde en 2021, dont 35 millions aux États-Unis et environ 15 millions en France. Selon les projections de l’Institut technique avicole (Itavi), la production mondiale d’œufs devrait se tasser en 2022 d’environ 0,3 %. Aux États-Unis, la baisse atteindrait - 4,7 % et en Europe, - 3 %. L’an dernier, ce sont 1 500 milliard d’œufs qui ont été produits dans le monde, soit l’équivalent de 90 millions de tonnes équivalent œuf coquille. La Chine représente à elle seule 30 % du marché mondial, devant l’Inde (8 %) et l’Europe à 27 (7,5 %).