INDUSTRIE
Les amidonniers craignent de nouvelles distorsions

Si l’industrie amidonnière a conforté sa place de leader européen l’année passée, elle s’inquiète de l’augmentation de ses coûts de production, et ce alors même qu’elle perçoit de possibles distorsions de concurrence à l’avenir.

Les amidonniers craignent de nouvelles distorsions
Mariane Flamary, déléguée générale de l’Usipa. ©Usipa

Avec 30 % de la production européenne d’amidon réalisée par la France l’année dernière, l’Union des syndicats des industries des produits amylacés (Usipa) a annoncé avoir conforté « sa place de leader européen », lors d’une conférence de presse. Le secteur affiche ainsi une croissance de 4,8 %, avec un chiffre d’affaires de 3,3 milliards d’euros (Md€) pour 2022. Pour autant, des préoccupations ont commencé à émerger pour la filière amidonnière en raison des prix élevés du gaz et des matières premières agricoles en début d’année. Par ailleurs, l’Usipa s’inquiète « de distorsions de concurrence, notamment sur le marché asiatique » face à des « producteurs locaux dont les coûts de production sont plus bas » qu’en Europe, a précisé Mariane Flamary, déléguée générale de l’Usipa. La filière amidonnière s’émeut notamment des projets de libre-échange que la Commission européenne envisage de signer avec plusieurs gros producteurs d’amidon et de fécule en Amérique latine ou en Asie.

Un assouplissement des règles de la Réut

L’ouverture du marché européen « serait dommageable pour la compétitivité », a indiqué Mariane Flamary, pour qui il n’est pas possible de financer la décarbonation sans son maintien. « Il en va de même pour la sobriété d’usage de l’eau », a souligné l’Usipa. Afin de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de moitié par rapport à 2015, l’Usipa estime l’investissement entre 1,1 et 1,4 Md€ d’ici 2030. En outre, elle a appelé à « un assouplissement du cadre réglementaire » lié au recyclage des eaux usées traitées (Réut) pour les industries agroalimentaires. « Nous n’avons pas attendu la sécheresse de 2022 pour nous préoccuper de la question de l’eau », a souligné Mariane Flamary, rappelant par ailleurs que « l’eau est une composante essentielle des process de fabrication de l’amidon et des produits dérivés ». Selon le syndicat, la consommation collective des amidonniers a baissé de 13 % ces quatre dernières années. Reste que la filière a aujourd’hui atteint « un palier », et « attend avec impatience la publication du décret Réut fin octobre ». Non sans inquiétude. « La profession alerte depuis plusieurs mois sur les conséquences qu’aurait une culture maximaliste du risque alors que le sujet est, au contraire, de libérer les initiatives afin d’économiser toujours plus d’eau », a soutenu l’Usipa. À ce propos, Mariane Flamary s’est inquiètée notamment des éventuelles « lourdeurs administratives » qui pourraient remettre en question certains projets de Réut. « De récents échanges avec les différents ministères chargés de l’élaboration du décret semblent rassurants », a précisé l’Usipa. 

J.J

Le secteur de l'amidonnerie affiche une croissance de 4,8 %, avec un chiffre d’affaires de 3,3 milliards d’euros pour 2022. ©Usipa