À l’approche des Glorieuses et du commencement des volailles fines, le risque de cambriolages sur exploitations croît considérablement. Pour mieux aider les éleveurs à se protéger, la Chambre d’agriculture de l’Ain organisait les 17 et 19 novembre deux rencontres avec le groupement de gendarmerie de l’Ain.

Prévenir les vols sur exploitations
Une dizaine d’éleveurs de volailles de Bresse du département ont participé à la rencontre à Foissiat vendredi 10 novembre. Crédit photo : CA01

Afin de lutter contre les vols sur exploitations, fréquents à cette période, la Chambre d’agriculture 01 organisait deux rencontres mercredi 17 et vendredi 19 novembre, respectivement sur les secteurs de Saint-Laurent-sur-Saône et de Montrevel-en-Bresse, afin de « faire le point sur les mesures de sécurité et de réflexes d’alerte sur les exploitations Volailles de Bresse », explique Bénédicte Monceret, conseillère avicole spécialisée à la Chambre d’agriculture. Pour Étienne Roux, adjudant/référent sûreté rattaché au groupement de gendarmerie de l’Ain*, venu animer ces rencontres, « le risque est surtout très élevé au moment des Glorieuses en décembre. Tous les produits finis sont exposés en chambre froide et c’est plus simple de voler des produits finis que des produits non travaillés, ils ont plus de valeur ». Ces volailles de Bresse, souvent roulées, sont-elles ensuite revendues ? Impossible de répondre selon l’adjudant qui se base sur l’expérience des années précédentes : « On n’arrive pas à trouver la filière de recel qu’il y a derrière. La Volaille de Bresse est marquée, c’est ce qui fait sa valeur ; si on enlève leur bague et leur sceau, on ne sait plus que c’est de la Volaille de Bresse ». 

Des voleurs professionnels ?

Quant au profil de voleurs, difficile à dire, aucun n’a jamais été interpellé mais selon les retours de certains éleveurs, « ce sont des voleurs qui connaissent très bien le fonctionnement de la filière, donc (possiblement, ndlr) du milieu agricole ou avicole. Pour chaque produit à forte valeur ajoutée, produit de luxe, ce sont forcément des gens qui connaissent. Il n’y a pas des cambriolages tous les ans, ils restent assez exceptionnels, il y en a eu trois ou quatre d’importance, avec plus d’une cinquantaine de volailles volées, depuis 2014 » dans l’Ain, poursuit Étienne Roux. Le référent sûreté conseille aux agriculteurs de protéger physiquement et électroniquement leurs bâtiments avec des systèmes bloquant l’accès aux chambres froides, des animaux de protection comme les chiens ou encore des dispositifs de vidéosurveillance afin de faciliter la recherche des gendarmes. Étienne Roux insiste également sur la dissuasion avec la pose de panneaux à l’entrée de l’exploitation précisant que celle-ci est protégée. 
Pour Jean-Michel Sibelle, vice-président du CIVB (Comité interprofessionnel de la Volaille de Bresse), ces réunions sont indispensables étant donnée la récurrence de la problématique. Sur le département, le CIVB dénombre quelque 70 éleveurs de Volailles de Bresse, mais une trentaine seulement serait en volailles fines, celle qui attire davantage les cambrioleurs : « Ce qui intéresse, c’est la volaille prête à mettre au four, et pour cause, quand on voit le travail qu’il y a derrière. Il n’y a pas de prévention type, chaque exploitation est différente », conclut finalement l’éleveur. 

Margaux Legras-Maillet

*Adjudant/référent sûreté de la cellule prévention technique de la malveillance, rattachée au groupement de gendarmerie de l’Ain. 

L’association L214 condamnée pour voie de fait

Comme on dit dans le jargon militaire, « elle a été rattrapée par la patrouille ». En effet, l’association L214, très connue pour s’introduire, souvent de manière illicite et à tout le moins clandestine, dans des exploitations et des abattoirs pour "dénoncer" les conditions de vie et/ou de mise à mort des animaux de ferme, a été condamnée le 30 novembre par la Cour d’appel de Rennes. La présidente de cette Cour, Aline Delière, et ses deux assesseurs, ont reconnu l’association animaliste coupable de voie de fait dans un élevage de lapins dans le Morbihan, la SCEA Realap, à la fin du mois d’août 2020. C’est cette voie de fait qui, selon les magistrats, a permis la captation d’images puis leur diffusion sous le titre “Nouvelle enquête dans un élevage de lapins en cage du Morbihan”. Dans son jugement, la Cour d’appel dit clairement que ce qui est en cause, ce n’est pas le contenu des vidéos mais bien les conditions dans lesquelles ces vidéos ont été tournées. L214 légitime toujours ses actions au nom de la liberté d’expression pour s’introduire dans les exploitations ou abattoirs. Or la Cour rejette cet argument en indiquant « que la vidéo litigieuse n’a pu être obtenue que par la commission d’une voie de fait de sorte que sa détention et sa divulgation constituent en elles-mêmes un trouble manifestement illicite ». Dans son arrêt du 30 novembre, la Cour d’appel ordonne le retrait de la vidéo des sites Internet (L214, YouTube et Vimeo) avant le 14 décembre, « sous peine d’une astreinte de 150 euros par jour de retard ». La Cour d’appel interdit également « l’utilisation et la rediffusion de la vidéo litigieuse, en tout ou en partie, par quelque moyen que ce soit, ainsi que de tous clichés photographiques ou films vidéo capturés au mois d’août 2020 par l’Association L214 dans les locaux de la SCEA Realap » sous peine d’une astreinte de 10.000 euros par infraction constatée. Elle condamne l’association L214 à publier « arrêt en haut de la première page de son site internet ainsi que dans trois quotidiens nationaux laissés au choix de la SCEA Realap » avant le 30 décembre. L214 entend se pourvoir en cassation.