Une vigne aussi complexe que passionnante pour Jean-Claude Theulot à Mercurey
Vigneron depuis plus de trois décennies à Mercurey, Jean-Claude Theulot évoque un métier aussi complexe que passionnant, rendu d’autant plus difficile avec des conditions climatiques parfois extrêmes et souvent changeantes. Ce qui nécessite une vraie capacité d’analyse et d’adaptation.

A 56 ans, Jean-Claude Theulot ne bombe pas le torse au moment de parler de son métier et de son expérience, trop conscient des difficultés grandissantes liées à un climat devenu de plus en plus brutal dans ses variations et ses extrêmes. A l’image de l’épisode de gel du 5 avril dernier. « Cela a impacté trois de nos douze hectares. Pour ce qui est du pinot, nous devrions avoir un rendement d’environ 40 hectolitres par hectare. Par contre, au niveau du chardonnay et de l’aligoté, il n’y aura que 15 à 20 % de la récolte habituelle. En 2016, cinq parcelles avaient déjà été touchées. En 2019, trois de ces parcelles ont de nouveau été concernées. Il va vraiment falloir repenser notre façon de travailler. Il va sans doute être nécessaire de décaler la taille de deux mois sur ces parcelles ». Et Jean-Claude Theulot d’avouer son intérêt pour les bougies. « Mais il faudrait que cela soit fait de manière collective afin de réduire le coût à l’hectare ».
Minimum de traitements
Derrière l’épisode de gel, « il y a une campagne qui s’est bien passée. La floraison a démarré très vite avant de traîner un peu en longueur. Nous aurons sans doute des vendanges autour du 10 septembre ». Avec toutefois un petit bémol la semaine passée avec des vignes qui subissent le manque d’eau. « Nous aurions besoin de pluie. Les vignes, notamment les plus jeunes, commencent à souffrir ». Côté traitements, ils sont réduits à la portion congrue. « Pour l’instant, c’est une année facile. Les traitements ont commencé relativement tôt mais j’en suis seulement au sixième traitement. Je devrais finir la campagne avec seulement sept ou huit traitements. Il y a quelques très rares taches de mildiou. Pendant deux semaines, la vigne a poussé à une vitesse incroyable. Il y a encore deux semaines à demeurer vigilant. Si dans deux semaines, nous retrouvons de pareilles températures qu’actuellement, il faudra se méfier des conséquences de l’exposition intensive au soleil. Habituellement, pour le pinot, nous pratiquons l’effeuillage. Ce que nous ne ferons pas cette année sur certaines parcelles ». Pour ce qui est des conditions de travail, il a bien sûr été nécessaire de les adapter. Ainsi, les salariés du domaine se sont rendu dans les vignes de 6h à 13h pour une journée quasi-continue. « Je ne le fais que l’été en cas de très forte chaleur. Notre matériel aussi souffre de la chaleur, notamment les enjambeurs ».
Accompagner la vigne
Au final, Jean-Claude Theulot, malgré sa longue expérience, constate que, désormais, il est bien difficile d’effectuer la moindre prévision. « La météo est très changeante. On doit se contenter d’accompagner la vigne. Ces changements climatiques rendent le métier à la fois compliqué et passionnant. Qu’il s’agisse de labourer ou non, de rogner ou non, d’effeuiller ou non, c’est seulement à la fin que l’on sait si l’on a pris la bonne décision ».