Dégustateurs du Concours des grands vins de France
Formés pour mieux juger

Référence hexagonale s'il en est, le Concours des grands vins de France n’entend pas s’endormir sur ses lauriers. Un degré d’exigence qui passe par une excellence de ses dégustateurs, lesquels sont désormais invités à se former.
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L'édition 2017 du Concours des grands vins de France de Mâcon, ce sera au total rien moins que 9.572 échantillons présentés le 22 avril à la sagacité de quelque cinq cents jurys, soit plus de deux mille personnes appelées à évaluer le travail des vignerons en lice. Quand on connaît l’impact et le poids économique que peut avoir une récompense pour un vin et, par conséquent, un producteur, si le droit à l’erreur existe, il doit être minimisé au maximum. Alors que les deux tiers des jurys sont composés de professionnels issus de la filière viticole entre courtiers, cavistes, sommeliers, œnologues, techniciens et autres producteurs, le dernier tiers réunit des œnophiles et des amateurs avertis aux profils très divers, dont une forte proportion –pour environ deux cent cinquante– postule de manière spontanée.

Haut degré d’exigence


Comme le souligne Bernard Delaye, le président du comité d'organisation du Concours, les jurés sont triés sur le volet. La sélection se fait selon les critères suivants : motivation, formation en œnologie, participation à d’autres concours référents ainsi que leurs motivations précisées sur la fiche de candidature. Les jurés-dégustateurs sont répartis au sein de jury de quatre personnes. Cet équilibre de dégustateurs amateurs avertis et professionnels permet d’établir une sélection de vins de qualité, qui répond aux attentes qualitatives des consommateurs. Néanmoins, au fil des années, quelques faiblesses ont été constatées en analysant les fiches de dégustation, notamment au niveau du vocabulaire utilisé, aussi le comité du Concours des grands vins de France a-t-il décidé, en 2016, de mettre en place des formations gratuites à destination de ses dégustateurs. Ces formations de trois heures ont pour but de rappeler aux dégustateurs l’importance de leur rôle dans la crédibilité du concours et d’aider les jurés via un renforcement de leurs compétences à la dégustation.

Passage à la vitesse supérieure


Lors de ses sessions, les formateurs abordent bien entendu l’analyse sensorielle, mais aussi et surtout la manière dont les participants peuvent retranscrire leurs perceptions, à partir de la grille de notation du concours et cela pour que ces dernières soient utiles aux producteurs. La première année, seules trois villes étaient concernées : Paris, Grenoble et Mâcon pour un total de 75 dégustateurs formés, dont 50 dans la seule capitale. En 2017, on est passé à la vitesse supérieure avec dix villes, vingt-deux sessions et 320 participants. Mâcon, Chalon-sur-Saône, Bourg-en-Bresse, Dijon, Fleurie, Arbois, Lyon, Chambéry, Villeneuve-lès-Avignon et à nouveau Paris ont donc accueilli ces rendez-vous. Mais cela n’est cependant qu’un début puisque le comité envisage, pour 2018, de former quelques 500 dégustateurs ! Et ainsi d’étendre son champ d’action à des départements tels que le Vaucluse, le Gard, l’Hérault ou encore l’Aude.

Nicolas Chaffurin
« La dégustation doit être rigoureuse et objective »


Depuis l’an passé, ils sont plusieurs à sillonner l’Hexagone pour dispenser leur savoir lors des formations. A l’image de Nicolas Chaffurin, enseignant au lycée de Mâcon-Davayé. « Une formation dure environ trois heures. Dans un premier temps, je présente le concours et j’effectue une lecture de la grille de dégustation. La dégustation doit être rigoureuse et objective ». Il est également impératif de s’entendre sur le sens précis des mots utilisés pour juger et évaluer un vin. Ensuite, Nicolas Chaffurin propose deux à trois vins blancs et trois à quatre vins rouges à la dégustation. Avec, pour le premier d’entre eux, une dégustation réalisée en commun au niveau des commentaires. Quant aux cinq autres vins, chacun est invité à remplir seul sa grille de dégustation. Avec, ensuite, une mise en commun. Proposant systématiquement un large éventail de vins issus de différentes régions, Nicolas Chaffurin a préalablement pris soin d’indiquer aux dégustateurs l’art et la manière de noter un vin en suivant différentes étapes très précises entre observations pour définir notamment la couleur et dégustation pour évaluer, par exemple, des éléments tels que la concentration. Le tout avec une vraie rigueur car « pour celles et eux qui produisent du vin, il leur faut un retour juste ». Un travail de fond qui porte déjà ses fruits car, lors du dernier Concours des grands vins de France en 2016, a été observée une réelle différence qualitative au niveau des commentaires des jurés. « Mais tous ces efforts ne seraient rien sans le travail de l’ombre réalisé par l’équipe du concours ».