SANTÉ
La robotique pour prévenir les risques professionnels

Particulièrement sollicités sur le plan physique, de nombreux agriculteurs développent au fil de leur carrière des troubles musculo-squelettiques qui peuvent se révéler très handicapants. Le développement de la robotique en agriculture et l'arrivée, notamment, des exosquelettes pourrait bien révolutionner leur quotidien.

La robotique pour prévenir les risques professionnels
L'Exoback développé par la société bourguignonne RB3D permet de réduire 70 % des efforts sur le rachis lombaire. (Crédit : RB3D)

Depuis plusieurs années, l’agriculture française peine à enrayer la baisse constante du nombre d’agriculteurs. En cause : des métiers jugés trop peu rémunérateurs au regard de la charge physique qui pèse au quotidien sur les agriculteurs. « Les métiers de l’agriculture peuvent être la source de nombreux troubles musculo-squelettiques qui engendrent douleurs et mal-êtres. Souffrir parce que l’on travaille n’est pas humain et il faut que nous nous donnions les moyens de faire beaucoup mieux », alerte Henry Jouve, président de l’Association régionale des caisses de MSA d’Auvergne-Rhône-Alpes. Dans ce contexte, la robotique apparaît comme l’un des meilleurs outils au service de la stratégie sécurité-santé au travail prônée par la caisse mutualiste. « L’essor de la robotique est synonyme d’une vraie révolution dans l’accomplissement de l’activité agricole », se réjouit Henry Jouve.

De nombreuses filières concernées

Préférant parler de « nouvelles technologies » au sens large que de « robotique » à proprement parler, Laurent Lampin, conseiller prévention des risques professionnels à la MSA Auvergne-Rhône-Alpes, accompagne tout au long de l’année la transition des filières vers des outils plus modernes. « Avec le développement des robots de traite, les filières d’élevage sont celles qui ont pris le plus d’avance en matière de nouvelles technologies. L’achat d’un robot de traite est souvent envisagé au moment de remplacer le départ d’un associé sur l’exploitation », explique-t-il. Des jeunes générations aux agriculteurs en fin de carrière désireux de préserver leur santé malmenée par des années de travail, le conseiller de la MSA croise tous les profils. Ces dernières années, ce sont surtout les filières végétales comme la viticulture ou le maraîchage qui ont bénéficié de cette révolution technologique caractérisée notamment par l’essor des robots et tracteurs autonomes. « Il s’agit d’accompagner l’ensemble des filières tout en restant vigilants car ces nouvelles technologies ne sont pas forcément adaptables à toutes les populations agricoles », rappelle Laurent Lampin.

Des exosquelettes pour soulager les douleurs

Dans la longue liste des nouvelles technologies développées au service de la santé des agriculteurs, les exosquelettes apparaissent comme une solution particulièrement prometteuse. Un exosquelette est un dispositif d'aide des fonctions motrices, actif, léger et adaptable, qui permet de soulager les articulations et les muscles de l'opérateur qui l'utilise dans son activité. Si la majorité d’entre eux fonctionnent grâce à un système de ressorts, la société française RB3D basée à Monéteau (Yonne) développe une technologie novatrice entièrement motorisée. « L’Exoback est composé d’un boîtier arrière qui se porte comme un sac à dos et est soutenu au niveau des cuisses. Il comporte un système de motorisation qui permet de réduire 70 % des efforts sur le rachis lombaire », détaille Vincent Mauvisceau de la société RB3D. Pesant 8,4 kg, cet outil présente une autonomie de 8 à 12 h. Prix de vente : entre 12 et 15 000 euros. « D’après les premiers retours de nos utilisateurs, les exosquelettes nous semblent totalement pertinents pour répondre aux besoins des professionnels », témoigne Guillaume Paire de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire qui a piloté le 17 novembre dernier un test sur le domaine expérimental de Rully.

Pierre Garcia