Thomas Michon à Mesvres
Une valeur environnementale reconnue pour Thomas Michon

Marc Labille
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L’exploitation de Thomas Michon est l’une des 37 certifiées HVE dans le Grand Autunois-Morvan. Fournisseur de lentilles et de pommes de terre à la cuisine centrale de la communauté de communes, l’agriculteur ne s’est pas fait prier pour s’engager dans cette démarche de groupe. 

Une valeur environnementale reconnue pour Thomas Michon
Thomas Michon apprécie d’avoir pu obtenir la certification HVE dans le cadre d’une démarche collective. « Cela impose de bien être aux normes, sinon tout le monde perd la certification, mais la démarche de groupe est moins lourde et revient moins cher ».

Thomas Michon est à la tête d’une exploitation de polyculture-élevage couvrant 130 hectares à Mesvres et à Saint-Sernin-du-Bois. Il élève un cheptel de 50 vaches charolaises, une troupe de cent brebis et s’est aussi lancé dans l’élevage de chevaux de trait avec deux juments. Thomas cultive une trentaine d’hectares de terres. Il produit un peu de blé de vente ainsi que du maïs fourrage dont une partie est vendue en bottes enrubannées. Depuis 2014, l’agriculteur cultive aussi du méteil grain. « Sur mes terres humides et froides de fond de vallée, le mélange blé-avoine-triticale-pois-vesce est plus résistant que la monoculture de blé », fait valoir Thomas qui apprécie aussi de ne pas avoir à apporter d’engrais ni à traiter cette culture fertilisée qu’avec du fumier. Sur dix ans, le rendement moyen atteint 50 quintaux par hectare. La richesse en protéine varie selon la réussite des protéagineux, mais elle oscille tout de même entre 14 et 19 points de protéine. « Ce méteil grain est très bien pour les brebis avant agnelage. J’en donne aussi aux broutards, aux vaches en préparation au vêlage durant l’hiver, aux génisses… En plus, la distribution de méteil docilise les animaux », fait valoir l’éleveur qui, grâce à son méteil, est parvenu à se passer de concentré.

Limiter les charges

La quête d’autonomie et la limitation des charges ont toujours été le but de Thomas. Installé hors cadre familial en 2012, le jeune éleveur a dû trouver une ferme, du terrain, acheter des animaux, du matériel… Ce fut beaucoup d’investissements et de difficultés à surmonter et après dix ans, Thomas constate qu’il faut du temps pour atteindre la vitesse de croisière. Ce parcours du combattant de hors cadre l’a fait se contenter d’une stabulation vieillissante de 56 places. Pour la mécanisation, il est adhérent d’une Cuma dont il est aujourd’hui le président. L’agriculteur fait aussi appel à l’entreprise pour certains travaux.

Dès le départ, Thomas a privilégié un système économe avec des vêlages de fin d’hiver, moins gourmands en alimentation et en litière. Dès 2014, il s’est mis à produire des plaquettes de bois à partir d’arbres issus de son exploitation. Il fait appel à la Cuma Compost 71 dont il est administrateur. Ces plaquettes remplacent la paille en litière. Un seul curage annuel suffit. C’est moins de frais de mécanisation et Thomas n’a pas besoin de pailleuse.

Dans sa recherche d’autonomie, l’éleveur fait en sorte d’optimiser la valorisation de l’herbe. Il privilégie la qualité des fourrages en « fauchant de bonne heure ». Avec le GIEE de l’Autunois dont il est adhérent, il s’est formé à l’engraissement des bovins à l’herbe. Ainsi développe-t-il la finition à l’herbe de ses femelles en minimisant l’usage de concentrés.

Des lentilles pour la cantine

Membre de la commission agricole de la Communauté de Communes du Grand Autunois-Morvan (CCGAM), Thomas Michon s’est lancé dans la production de lentilles pour répondre à la demande de la collectivité dans le cadre de son Plan Alimentaire Territorial (PAT). Séduit par cette démarche de relocalisation de l’approvisionnement et désireux de « se diversifier pour s’en sortir », le jeune agriculteur cultive des lentilles de consommation depuis deux ans. Les débuts sont un peu laborieux pour cette production qui manque de références techniques dans la région. La première année, Thomas n’a récolté que 140 kg de graines de lentilles sur un hectare. Le printemps avait été très humide et la maîtrise des mauvaises herbes est le principal problème de cette culture. En 2022, la récolte a été de 300 kg. Ces lentilles se sont retrouvées dans les assiettes des écoliers d’Autun de même que des pommes de terre cultivées aussi sur l’exploitation.

Certification HVE collective

Pour répondre aux exigences du PAT qui impose des aliments de filières vertueuses, Thomas Michon s’est inscrit dans la démarche de groupe HVE. Il a suivi la formation organisée par la CCGAM et la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire. Une technicienne est venue sur son exploitation pour réaliser un audit. L’obtention de la certification HVE « n’a pas été difficile », confie l’agriculteur. Lui qui s’était déjà intéressé à ce cahier des charges, avait déjà pris un certain nombre de mesures sur son exploitation. Parmi les critères décisifs, Thomas n’utilise des produits phytosanitaires qu’a minima sur le blé de vente. Il pratique le désherbage mécanique à l’aide d’une herse étrille et ne stocke aucune matière active sur sa ferme. Pour la traçabilité des produits, il utilise le logiciel « Mes Parcelles » qui lui sert également dans le cadre des Mesures Agro-environnementales MAEC.

« On travaille naturellement »

Concernant la biodiversité, son exploitation dispose de nombreuses haies et ripisylves qui lui assurent la production de plaquettes. L’agriculteur récupère des déchets verts de la déchetterie communautaire d’Étang-sur-Arroux, lesquels sont compostés et épandus comme amendement organique. Tous les fumiers de la ferme sont compostés ce qui limite les risques de pollution azotée et permet de lutter contre les graines de mauvaises herbes.

« La certification HVE a sensiblement les mêmes critères qu’un contrôle PAC », commente l’agriculteur qui préfère la démarche HVE à la Bio. « On travaille naturellement en HVE », fait valoir Thomas qui s’est inscrit pour un bilan carbone de son exploitation.

L’agriculteur apprécie le principe de la certification collective. Certes, « cela impose de bien être aux normes, sinon tout le monde perd la certification », signale-t-il. Mais la démarche de groupe est « moins lourde et revient moins cher. La CCGAM et la Chambre d’Agriculture s’occupent de tout ». Convaincu par la HVE, Thomas regrette toutefois qu’elle n’ait pas plus d’écho dans les filières et auprès des consommateurs. « Il faudrait qu’elle apparaisse en rayon boucherie ; permette de mieux valoriser nos blés ; soit reprise en grande distribution… Car c’est un label environnemental qui justifie de la valeur ajoutée », conclut Thomas Michon.