Perspectives emplois
Revenus stables, métier en mutation

En termes de revenus ou de main-d’œuvre, le secteur agricole devrait poursuivre sa tendance dans les dix prochaines années. Mais à un horizon un peu plus lointain, la nature du travail agricole est appelée à se modifier avec l’arrivée de nombreux nouveaux profils de producteurs depuis l’agriculteur « cellulaire » jusqu’à l’agriculteur « retour à la terre » qui pourraient bouleverser le marché et les politiques européennes.

Revenus stables, métier en mutation
Depuis toujours, mais plus particulièrement depuis 70 ans, l'agriculture a évolué à un rythme rapide et continuera de s'adapter.

L’emploi agricole devrait continuer de diminuer entre 2020 et 2030 mais à un rythme moins important (-1 % par an) que la décennie précédente et de manière plus uniforme dans l’Union européenne que par le passé pour finir autour de 7,9 millions de travailleurs en 2030, prévoit la Commission européenne dans ses perspectives agricoles 2020.

Et en termes de revenus, une légère augmentation par unité de travail annuel (+2,1 % par an) est attendue d’ici 2030, malgré la hausse des prix de l’énergie qui affecte les dépenses d’alimentation. De manière plus structurelle, la Commission s’attend à une diversification croissante du profil des travailleurs agricoles et des chefs d’exploitation, ainsi qu’à des changements dans la nature du travail effectué par les chefs d’exploitation, sous l’effet des progrès technologiques tant au niveau des machines et des équipements que des outils d’aide à la décision.

L’« agriculteur traditionnel » remis en question

Dans une étude plus prospective préparée en parallèle de ce travail, le Centre commun de recherche de la Commission (JRC) s’est penché sur les mutations du métier d’agriculteur qui va être principalement influencé par les contraintes environnementales, les demandes des consommateurs pour des produits sains et les progrès technologiques.

Résultat : en 2040, un écosystème plus diversifié d’exploitations agricoles existera. « Le courant dominant actuel de l’agriculture devrait s’adapter et être encore là en 2040. Mais il sera rejoint par des profils qui sont actuellement considérés comme émergents et qui seront bien établis en 2040, en particulier, l’agriculture cellulaire et les agriculteurs en environnement contrôlé qui pourraient avoir un effet profond sur le futur paysage agricole perturbant éventuellement les modèles établis », prévient le JRC qui a identifié une douzaine de profils de futurs agriculteurs.

Cette nouvelle diversité des profils et des approches émergentes pourrait avoir un profond impact sur le paysage agricole de demain, et pourrait bouleverser les modèles économiques établis. De plus en plus d’acteurs vont s’impliquer dans la production alimentaire (profils répondant aux tendances sociales comme l’urbanisation, la santé et le bien-être, le retour à la terre…) ce qui pourrait remettre en question l’identité traditionnelle des producteurs du secteur en transformant le sens du terme « agriculteur ». Le JRC prévient donc que les futures politiques européennes devraient donc s’attaquer à ces multiples groupes et identités individuelles liées à l’agriculture et la nourriture.