AG de la section ovine FDSEA 71
Le dossier prédation au cœur des débats

Loïc Belin
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L’AG de la section ovine de la FDSEA de Saône-et-Loire a permis de faire le bilan d’une nouvelle année très marquée par le dossier prédation, depuis l’arrivée du loup. Cela a aussi été l’occasion de faire un bilan de conjoncture sur l’élevage ovin, réalisé par Laurent Solas, conseiller ovin de la chambre d’agriculture.

Le dossier prédation au cœur des débats
La commission prédation se mobilise pour la révision du plan loup.

Une commission prédation a été créée en septembre 2021. Elle est composée de la chambre d’agriculture, de la FDSEA et des JA, et a pour objectif d’améliorer la protection des troupeaux, d’informer et accompagner les éleveurs et de maintenir un dialogue constructif avec l’administration.
La commission prédation travaille sur plusieurs axes à long et moyen termes. À court terme, elle accompagne les éleveurs prédatés en leur apportant un soutien moral (visite des éleveurs attaqués, travail avec la MSA et le service de remplacement) et matériel (pose de pièges photos, filets, demande de Tir de défense simple (TDS), réponse à l’appel à projet protection des troupeaux etc.).
À long et moyen termes, la commission travaille sur deux notions différentes :
- la reconnaissance de non-protégeabilité partielle des troupeaux (RNPP), qui est une reconnaissance sur une partie de l’exploitation seulement ;
- la zone difficilement protégeable (ZDP), à l’échelle d’un territoire.

La RNPP permettra d’obtenir le TDS sur l’ensemble des lots de l’exploitation, à condition que les moyens de protection nécessaires soient mis en place sur les lots/parcelles protégeables. C’est une demande individuelle, à renouveler chaque année auprès de la DDT.
Pour cela, la chambre d’agriculture a été missionnée pour réaliser des études de vulnérabilité afin d’établir des critères qui serviront par la suite à reconnaître la non-protégeabilité partielle des troupeaux. Trois études ont été réalisées en 2021, quatre autres sont en cours pour 2022.
La notion de Zone difficilement protégeable (ZDP) permet aux éleveurs de la zone définie (par exemple le département), d’obtenir un TDS sans mettre en place les moyens de protection comme défini dans le Plan national d’action (PNA) loup, ni même sans être attaqué au préalable. Pour cela, la profession va se servir des études de vulnérabilité de la chambre pour démontrer que tout le territoire n’est pas protégeable.

Un cheptel stabilisé et des cours en hausse

Depuis quelques années, le cheptel ovin en Saône-et-Loire se stabilise aux alentours de 42.000 brebis réparties dans 326 élevages de plus de 50 brebis. Plus de 60 % des demandeurs de l’aide ovine détiennent moins de 100 brebis. En effet, ceci est une caractéristique de l’élevage ovin en Saône-et-Loire où l’atelier ovin vient souvent en complément d’un autre atelier. Seuls 28 éleveurs demandant l’aide ovine ont plus de 300 brebis. Cette tendance se confirme aussi chez les nouveaux installés. Sur les 24 nouveaux producteurs d’ovins, plus de la moitié a moins de 100 brebis.
En parallèle, on note une augmentation constante des cours ces deux dernières années, avec des agneaux (toutes qualités confondues) qui atteignent 7,34 €/kgc de moyenne sur l’année 2021, du jamais vu auparavant. De plus, les écarts de prix dans l’année sont de plus en plus réduits, notamment entre Pâques et le mois de juin/juillet.
Cette année, face à des achats peu dynamiques, les abattages au niveau national sont restés inférieurs à ceux de 2021 jusqu’à la mi-mars. Les exportations de viande ovine auraient permis d’alléger le marché. Avant le Ramadan et à la veille de Pâques, la cotation a débuté sa traditionnelle ascension. Son niveau reste toujours élevé, mais son écart avec celle de 2021 s’amenuise au fil des semaines, signe d’un marché plutôt calme. De plus, face à ces cours élevés, la flambée des prix des intrants s’accentue et continue d’impacter les coûts de production.
Comme l’explique Laurent Solas, conseiller ovin à la chambre d’agriculture, cela nécessite de travailler sur des marges de progrès, avec notamment la chasse aux brebis improductives et à la maîtrise des charges (meilleure gestion de l’herbe, diminution des quantités de concentrés distribuées et gestion du parasitisme).