Jeunes agriculteurs
Un rapport d’orientation pour maîtriser l’avenir

La 57e édition du congrès de Jeunes agriculteurs s’est tenue à Poitiers (Vienne) du 4 au 6 juin. Après une journée entièrement à huis clos dévolue aux différents rapports, la journée du 5 juin a été consacrée à un long débat sur le rapport d’orientation.

Un rapport d’orientation pour maîtriser l’avenir
Congrès annuel de Jeunes agriculteurs du 4 au 6 juin qui s'est tenu à Poitiers dans la Vienne. ©Actuagri_CS

« Construire notre souveraineté, impulser les transitions ». Tel est le titre du rapport d’orientation long de presque 80 pages que les 600 congressistes de Jeunes agriculteurs (JA) ont débattu page par page, article par article, ligne par ligne. Son objectif est de donner une vision de l’agriculture à l’horizon 2050 pour assurer à la France sa souveraineté agricole et alimentaire. Le synndicat Jeunes agriculteurs entend bien « conforter et préserver l’excellence productive française ». Conscient de l’évolution des modes de vie, il souhaite anticiper les inévitables changements climatiques que connaîtront les 25 prochaines années et répondre à la multiporalisation d’un monde lui-même en proie à d’importants bouleversements démographiques : Il faudra notamment nourrir deux milliards de personnes de plus d’ici 25 ans (10 milliards en tout) alors même que les statisticiens tablent sur un recul des exploitations. Les biotechnologies et l’intelligence artificielle ne résoudront pas tout.

Planification agricole stratégique

Dans cette perspective, JA réaffirme et assume un « productivisme rénové », dans un cadre français mais aussi européen. L’élargissement de l’Union européenne à d’autres pays peut, selon lui, être réalisée sous quelques conditions notamment « harmoniser les règles » de production et imposer les standards européens sur les marchés internationaux. JA qui estime qu’une Charte de l’agriculture et de l’alimentation soit intégrée au bloc de constitutionnalité, juge nécessaire d’assurer un meilleur revenu pour maintenir les agriculteurs sur l’ensemble du territoire et assurer le renouvellement des générations. Favorable à une planification agricole stratégique et au contrat d’avenir agricole, il veut rester maître de son destin. C’est en partie ce qui explique les longs débats sur la définition de l’actif agricole et notamment sur le critère d’entrée dans le métier. Pour JA, il n’est pas question de reconnaître le statut d’agriculteur aux investisseurs mais il est tout aussi primordial d’attirer à soi de nouveaux talents, « sans réaliser d’installations au rabais ». C’est pourquoi, il demande que les autorisations d’exploiter et l’accès aux aides qui correspondent soient réservés à des diplômés agricoles de niveau 5 (BTSA par exemple) ou des diplômés de niveau 4 (Bac) plus deux ans d’expérience agricole. Une dérogation pourra être accordée en cas de force majeure.

Loi sur le foncier agricole

Ce rapport sur lequel pas moins de 101 amendements ont été présentés, argumentés, contrecarrés et votés en séance publique souhaite aussi la généralisation de comités d’entreprise pour les salariés agricoles. La conservation des moyens de production, en particulier l’accès à l’eau et la politique des structures ont été âprement discutées. « Il faut être ambitieux sur le foncier », a ainsi estimé Julien Rouger, membre du bureau de JA qui souhaiterait bien « renverser la table ». Le rapport de JA avait appelé à supprimer les Commissions départementales d’orientation de l’agriculture (CDOA. Mais devant la large opposition des délégations régionales, un amendement de synthèse a revu cette ambition à la baisse, en « appelant à engager une réforme de la gestion du foncier agricole en France ». JA souhaite mettre fin à la distinction historique entre gestion de la propriété foncière et gestion des autorisations d’exploiter.  « Les CDOA fonctionnent de moins en moins bien » et la loi Sempastou qui a pour objectif de garantir la transparence et la régulation du marché sociétaire « n’est qu’un bouche-trou temporaire. On ne veut pas de demi-mesure sur le foncier », a martelé Pierre Meyer, co-rédacteur du rapport d’orientation. JA souhaite surtout une loi foncière, devenue le serpent de mer du quinquennat d’Emmanuel Macron sur le dossier agricole. Jeunes agriculteurs verrait aussi d’un bon œil que les chambres d’agriculture distinguent bien au sein de leur organisation, d’un point de vue budgétaire et ressources humaines, ce qui relève de la mission de service public et ce qui relève des prestations purement contractuelles et concurrentielles. Le rapport d’orientation a été adopté à une très large majorité.

C.Soulard

 

 

 

 

 

La FNSEA félicite Pierrick Horel
Pierrick Horel a été élu nouveau président de Jeunes agriculteurs. ©JA
RÉACTION

La FNSEA félicite Pierrick Horel

Dans un communiqué du 6 juin, la FNSEA a adressé ses félicitations à Pierrick Horel, nouveau président de Jeunes agriculteurs et « salué l’ensemble des nouveaux administrateurs élus » lors de leur 57e Congrès. Le syndicat majoritaire qui fera liste commune avec Jeunes agriculteurs pour les prochaines élections chambre en janvier 2025, a également salué et remercié « chaleureusement Arnaud Gaillot qui a su représenter le réseau Jeunes agriculteurs avec fierté et détermination. » Pierrick Horel, 33 ans, est agriculteur bio dans les Alpes-de-Haute-Provence et aussi en Saône-et-Loire, à la tête d’un élevage de 150 animaux et de 420 ha de prairies et de grandes cultures. Fan de voile et de surf, il essaie de concilier vie professionnelle et personnelle en se ménageant plusieurs semaines de vacances en famille.