EXCLU WEB / L’agriculture mondiale doit produire plus

Christophe Soulard
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L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ont rendu public, fin juin, un rapport commun sur les perspectives agricoles 2022-2031. L’objectif est clair : produire plus pour réduire la faim dans le monde.

EXCLU WEB / L’agriculture mondiale doit produire plus

Le secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann, n’y est pas allé par quatre chemins lors de son intervention devant la presse : « il faut plus que tripler la hausse de productivité agricole enregistrée ces dix dernières années », soit une augmentation de 28 % sur la décennie 2022-2031, a-t-il indiqué. En effet, ni l’OCDE ni la FAO ne perdent l’objectif de nourrir dans la décennie qui vient près de neuf milliards d’habitants. « Cela signifie que les rendements – indicateur de la productivité des cultures – devront augmenter de 24 %, c’est-à-dire près de deux fois plus vite qu’au cours des dix dernières années (13 %). Quant à la productivité de l’élevage, elle devra gagner 31 % en moyenne, dépassant largement la croissance enregistrée au cours de la dernière décennie », note le rapport.

La demande alimentaire mondiale, qui est la principale utilisation des matières premières agricoles, devrait augmenter de 1,4 % par an au cours de la prochaine décennie selon le rapport. En comparaison, les deux organisations tablent sur une hausse de la production agricole mondiale moyenne de 1,1 % par an entre 2022 et 2031, principalement dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Un décalage entre offre et demande qui pourrait, dès 2023, mettre près de 20 millions de personnes supplémentaires en état de sous-alimentation chronique. Or la « faim zéro » est l’un des objectifs de développement durable de l’ONU pour 2030 (ODD n°2). Mais à l’heure et au rythme actuels, cet objectif semble très compliqué à atteindre.

Réduire le gaspillage

Toutefois, cette productivité devra également respecter l’ODD n°13 : la lutte contre le changement climatique. En conséquence, l’OCDE et la FAO entendent placer le secteur agricole sur une « trajectoire de croissance soutenable (…) vers des systèmes alimentaires durables ». C’est-à-dire réorienter les régimes alimentaires vers les produits végétaux plutôt qu’animaux. L’équation du produire plus et mieux pourrait, selon les deux organisations devenir possibles « si l'on mise sur des progrès continus dans la sélection végétale et sur une transition vers des systèmes plus intensifs. Ainsi, 80 % des projections de croissance (de la production végétale) devraient découler d'une amélioration des rendements, et 15 % de l'expansion des terres cultivées », indique le rapport qui milite pour réduire les pertes et le gaspillage alimentaire. Malgré les efforts en termes de recherche et d’innovation, la FAO et l’OCDE s’attendent à une augmentation des gaz à effet de serre issus de l’agriculture « si on maintient le rythme actuel », a indiqué Mathias Cormann. Les prix agricoles devraient quant à eux commencer à fléchir entre 2023 et 2025 pour se stabiliser jusqu’en 2030 grâce aux gains d’efficacité dans les cultures et l’élevage. Enfin, selon le directeur général de la FAO, Qu Dongyu et Mathias Cormann, la fin du conflit entre l’Ukraine et la Russie n’aurait que des effets positifs, à commencer par dynamiser les échanges internationaux et à réduire le risque de famine dans les pays dépendants de la Russie et de l’Ukraine pour les céréales. 

Le rapport est téléchargeable gratuitement à l’adresse suivante : www.agri-outlook.org/fr/