EXCLU WEB / La filière porcine veut s’engager dans une démarche de responsabilité sociétale (RSE)

Réunie en Assemblée générale, le 5 juillet à Paris, l’interprofession porcine, Inaporc souhaite s’engager dans une démarche de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) pour valoriser et renforcer ses atouts sociaux, économiques et environnementaux trop souvent ignorés.

EXCLU WEB / La filière porcine veut s’engager dans une démarche de responsabilité sociétale (RSE)

La filière porcine française représente plus de 22 000 entreprises, en allant de l’alimentation animale jusqu’à la distribution en passant par l’élevage, l’abattage/découpe, la charcuterie/salaison. Les éleveurs sont les plus nombreux : ils sont, pour la plupart, environ 10 000 à la tête d’entreprises familiales. Tous secteurs confondus, ce sont 130 000 personnes qui sont employées directement ou indirectement, rappelait Inaporc, lors de son Assemblée générale qui s’est tenue à Paris, le 5 juillet.

Avec une moyenne de 250 truies, soit près de 4 700 porcs produits par an, la taille des élevages de porcs français est l’une des plus faible d’Europe, loin derrière des exploitations danoises qui possèdent 500 truies ou néerlandaises (370 truies). Rien à voir avec les élevages d’Amérique du Nord ou l’on compte souvent plus de 10 000 truies par élevage et à fortiori les mastodontes chinois qui peuvent atteindre plusieurs centaines de milliers de têtes.

Depuis longtemps, la filière française s’est engagée dans une démarche de progrès en matière sanitaire et de bien-être animal. Les éleveurs ont ainsi réduit de 55 % l’utilisation des antibiotiques en dix ans, de 2011 à 2020. Ils se sont également mobilisés en appliquant des mesures strictes de biosécurité et ont ainsi évité l’apparition de la peste porcine africaine. Alors que de nouveaux foyers sont apparus en Allemagne et en Italie récemment. En matière de bien-être animal, la filière mène de nombreuses actions comme la formation de référents, la recherche d’alternatives à la castration ou le diagnostic de bientraitance animale dans les abattoirs…, rappelait Thierry Meyer, le président d’Inaporc. 

Contractualisation à l’étude 

Depuis 2014, Inaporc s’appuie sur le logo « Le Porc Français ». Il garantit que la viande de porc et les charcuteries sont issues de porcs nés, élevés, abattus et transformés en France. L’obtention du logo est conditionnée au respect d’un cahier des charges, d’un engagement des opérateurs et de contrôles par des organismes certificateurs indépendants. Tous ces atouts en termes d’emplois, de taille d’élevage à dimension humaine, de qualité sanitaire, d’engagements sur le bien-être animal, la filière souhaite davantage les valoriser en entamant une réflexion sur une démarche de responsabilité sociétale des entreprises (RSE).

Encore faut-il que les éleveurs puissent gagner leur vie et que de nouveaux s’engagent dans la production. La crise récente provoquée par le quasi-arrêt des importations chinoises, conjuguée au renchérissement de l’alimentation animale lui-même aggravé par le conflit entre l’Ukraine et la Russie a laissé des traces. Selon Inaporc, 10 % des éleveurs pourraient disparaître cette année. La pérennité de l’élevage en France passe par l’installation de jeunes et des prix rémunérateurs. « Ce qu’on veut, ce sont des prix pour financer les investissements » qui peuvent aller jusqu’à deux fois le chiffre d’affaires, témoigne Alexis Pugliese, un jeune éleveur à la tête d’un élevage de 300 truies dans l’Ain. C’est pourquoi l’interprofession réfléchit à un mécanisme de contractualisation dédié aux jeunes éleveurs pour les accompagner et éviter qu’ils soient à la merci d’une crise majeure. 

 

Vers une sortie de crise ? 

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les éleveurs de porcs ne gagnent pas leur vie depuis plus d’un an. Alors que le coût de production dépasse les deux euros par kilo, leur prix de vente a stagné à 1,70 euros par kilo pendant plusieurs mois. En cause : la flambée du prix des matières premières qui renchérit l’alimentation du bétail et l’effondrement des exportations de viande porcine vers la Chine qui a reconstitué son cheptel décimé par la peste porcine africaine. Face à un marché encombré, les prix sont restés durablement bas. Mais depuis quelques semaines l’espoir renaît. La production étant moins abondante, le prix du porc au Marché du porc breton a repris 15 centimes. Les éleveurs espèrent que cette embellie va se confirmer pour reconstituer leurs trésoreries exsangues et redonner des perspectives à la filière.

La revalorisation des prix, tous les maillons de la filière l’appellent de leurs vœux. En aval, les entreprises d’abattage/découpe et de charcuterie salaison, confrontées à la hausse du prix de l’énergie, des emballages, des transports et de la main d’œuvre, rencontrent de réelles difficultés. 25 % des entreprises de charcuterie envisagent des réductions d’effectifs si elles ne parviennent pas à répercuter la hausse de leurs intrants à la distribution, indique Inaporc.